Les épées de la nuit et du jour (Cycle de Drenaï)
		Gemmell, David Edition : Bragelonne 2010, 474 pages ISBN : 978-2-35294409-6 20 €

Un millénaire après l'époque des légendaires héros drenaï Druss et Skilgannon, tout a changé, rien n'a changé. Les pays ne portent plus les mêmes noms, les frontières se sont déplacées, les événements anciens ont été quasi oubliés. Mais le mal est toujours présent, les guerres font toujours rage et les armées humaines et semi-humaines de l'Éternelle, le tyran qui détient le pouvoir, écrasent inéluctablement ses ennemis.

Cinq cent ans après la mort de la reine-sorcière Jianna, l'érudit Landis Khan l'a faite revenir à la vie. La ressuscitée a eu tôt fait de s'emparer d'un trône, instaurant un nouveau règne impitoyable et surtout perpétuel. Cinq cent ans ont encore été nécessaires avant que Landis, las et désillusionné, ne décide de lui résister en s'appuyant sur une ancienne prophétie : pour cela, il redonne vie à un contemporain de la reine maléfique, Skilgannon le Damné.

Après un millier d'années à errer et combattre dans le Vide, Skilgannon n'est pas très chaud pour reprendre la lutte. Les circonstances aidant, il va cependant oeuvrer pour mettre fin au règne de celle qu'il aime encore par-dessus tout, dans un combat qui semble bien inégal...

Ce dernier tome du cycle de Drenaï fait suite à Loup Blanc, où nous avions fait la connaissance de Skilgannon le Damné et qui a fait l'objet d'une précédente chronique ici . On y retrouve avec plaisir nos héros favoris, confrontés une fois de plus à leur destin. Chacun d'eux est introduit ici avec une certaine dualité. Skilgannon, l'imbattable épéiste porteur des deux Épées maudites de la Nuit et du Jour, va trouver face à lui le ressuscité (sans mémoire) d'un de ses descendants, Decado, également épéiste incomparable et porteur des deux Épées du Sang et du Feu. Harad le bucheron est lui aussi un ressuscité sans mémoire ; malgré ses qualités de coeur, il n'est qu'un bien pâle reflet de son alter égo, le légendaire Druss, qui erre toujours dans le Vide mais dont la présence sera nécessaire aux côtés de Skilgannon. Enfin, la belle forestière Askari n'est que la dernière en date des nombreuses ressuscitées (sans mémoire !) d'elle-même que la reine Jianna sacrifie pour conserver son éternelle jeunesse. Chacun fait face à ce qu'il aurait pu être dans d'autres circonstances...

Bien sûr, comme toujours avec David Gemmell, il y a également à côté de nos héros une belle brochette de personnages secondaires fort intéressants, qui bien sûr ne demandent qu'à se ranger du côté du Bien. C'est parfois même agaçant de voir comme tous ces "gentils" n'hésitent guère à engager leur vie dans une cause qui semble perdue d'avance, juste pour s'opposer au Mal ! Le Bien d'un côté, le Mal de l'autre, et à peine une poignée de personnages qui hésitent entre les deux côtés de la ligne, c'est reposant après tout.

Vous trouverez également dans ce roman tous les ingrédients qui font habituellement la force des écrits de l'auteur : de l'action en continu, des situations qui semblent désespérées, de l'émotion, des beaux principes et des réflexions sur le destin, le tout conté dans un style fluide et dynamique qui entraîne le lecteur.

Question originalité, on a ici affaire au futur de Drenaï : il est donc dommage que ce futur ressemble autant aux périodes que l'on connaissait déjà ! Comme nouveauté, on a cependant une petite touche de science-fiction, avec quelques explications sur l'origine de la magie, qui il faut l'avouer m'ont à la fois troublée (la pointe de SF ne colle pas avec le cadre fantasy/moyenâgeux) et laissée sur ma faim (trop flou).

Un roman qui s'inscrit bien dans la lignée des autres ouvrages de David Gemmell et qui comblera les fans, mais aussi les autres !