Crimes d'amour et de haine
		Kellerman, Jonathan & Kellerman, Faye Edition : Points, Collection : Policier 2010, 457 pages ISBN : 978-2-7578-1953-1 7,80 €

Deux histoires. Deux meurtres. Deux cadavres : une femme et un homme. Deux armes : un fusil de chasse et un couteau. Deux lieux : Berkeley en Californie et Nashville dans le Tennesse. La première victime est une femme connue dans la politique pour ses engagements en faveur de la manipulation génétique et de la culture des cellules-souches. Elle occupait le poste de député quand elle a été assassinée. Le deuxième était une ancienne rockstar sur son coming-out. Il avait été, dans les années quatre-vingt, le créateur du groupe "Les trois" entraînant les fans dans le folk-rock. Alors quel est le point commun entre ses deux affaires ? Quand les sentiments des personnes les poussent-elles à franchir la limite et à tuer ?

Quand le mobile d'un crime est envisagé, il y a toujours trois pistes principales à suivre : l'argent, la vengeance ou l'amour. Ici, l'auteur explique très clairement que le seul lien entre ses deux affaires concerne le mobile. Et encore il faut bien le trouver. Effectivement, ce sont les sentiments qui poussent, dans les deux cas, l'assassin à passer à l'acte. L'une parce qu'elle est lesbienne, l'autre parce qu'il a engendré des enfants dans plusieurs états et qu'il ne s'en est jamais inquiété. Le maintien du suspens m'oblige à en rester là sur cette analyse, en vous proposant cette version des faits.

Crimes d'amour et de haine a le mérite de présenter deux duo d'enquêteurs. Lors de la première affaire, un homme et une femme travaillent ensemble. Ils utilisent la même énergie pour comprendre un crime et retrouver le coupable. Cependant, c'est un binôme assez hétérogène et qui se frictionne sans arrêt. On a l'impression que Will Barnes reproche à sa partenaire de vivre avec un époux riche. Tandis qu'Amanda Isis lui fait remarquer ses manières bourrines et son côté cavalier seul. Il manque malheureusement de complicité entre eux pour apprécier les échanges dans ce binôme. Au cours de la deuxième affaire, deux hommes travaillent ensemble depuis de longues dates et on ressent tout de suite cette complicité qui manquait à Will et Amanda. Le développement des deux personnages, par rapport à leurs vies privées, les rend plus accessibles et c'est plus aisé de s'y identifier. On ressent aussi que, pour un duo qui a roulé sa bosse depuis plusieurs années, il y a davantage de compréhension de l'être humain et beaucoup plus d'humanité.

Les deux enquêtes présentées sont bien différentes. C'est un avantage car ça ne lasse pas le lecteur et donne à l'oeuvre du dynamisme. Mais on reste surpris par la brièveté du récit. Ne pouvait-on pas intercaler les deux enquêtes depuis le début, afin de garder ce rythme ? N'est-il pas possible de trouver d'autres liens entre ces deux affaires pour éviter de donner l'impression d'une histoire bâclée ?

Ce roman a été distrayant. Mais il n'en résulte rien de très marquant. On peut même se demander ce qui est arrivé à la créativité et au génie de ces deux auteurs pour pondre un roman aussi peu consistant. Deux affaires qui n'ont aucun lien entre eux : manquaient-ils d'inspiration ou voulaient-ils copier les séries américaines moins longues pour fidéliser un plus grand public ?