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Les royaumes crépusculaires - Intégrale |
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Gaborit, Mathieu Edition : Mnémos
2010, 492 pages
ISBN : 978-2-35408-086-0
24 € |
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Agone de Rochronde revient sur les terres qui l'ont vu naitre pour entendre le testament de son père, le Baron. Les deux hommes étaient en froid depuis quelques temps, mais Agone ne peut échapper à cette obligation. Et c'est aussi l'occasion pour lui de revoir sa soeur Ewelf. Au lieu de prendre le titre de Baron, Agone a voulu intégré le collège de Préceptorale. Son enseignement vise à mettre l'éducation à la portée de tous et les membres de ce collège parcourent les villages afin d'enseigner la lecture et l'écriture à ceux qui le souhaitent. Mais le Baron ne l'entendait pas de cette manière. Aussi, même s'il affirme que son fils pourra faire ce qu'il souhaite ensuite, il lui demande une dernière chose : passer six jours au collège du Souffre-Jour. Après quoi, il sera libre de prendre en main son destin, s'il le désire toujours. Agone va se plier aux dernières volontés de son père, sans pour autant renier son envie de s'éclipser au plus tôt pour retrouver son précepteur, maître Guillaume. Cependant, en entrant au Souffre-Jour, il va lever le voile sur une partie du monde qu'il ne soupçonnait même pas. Et découvrir par la même occasion les différentes magies qui parcourent le monde. Parce que le monde est beaucoup plus riche que ce qu'Agone pouvait imaginer. Beaucoup plus subtil. Et c'est en passant les portes du Souffre-Jour qu'Agone va mettre en marche les rouages de son destin. Un destin voué à changer la face du monde. De son monde. En se lançant dans l'écriture des aventures d'Agone de Rochronde, Mathieu Gaborit ne pensait certainement pas qu'il allait à ce point changer la face de la fantasy française. Son style riche et poétique a su se mettre au diapason du monde qu'il nous proposait. Un monde très fouillé, original, sombrement sensuel, dangereusement onirique. Un monde qui ne nous est que partiellement dévoilé dans les romans, puisque tout se passe en Urguemand. Malheureusement, les romans dans ce monde n'iront pas ailleurs. Les curieux devront se mettre à jouer au jeu de rôle Agone, auquel Gaborit a largement participé. Mais passons sur cette déception pour se concentrer sur l'essentiel : la qualité de cette oeuvre. La force du monde, et des personnages, est que tout manichéisme en est banni. Personne n'est blanc ou noir. Chacun doit faire des choix, plus ou moins douloureux, pour survivre. Ainsi Agone, même s'il est le héros de cette histoire, doit parfois faire des choix plus que douteux, en regard de ce à quoi les héros nous ont habitués. De la même manière, les Obscurantistes peuvent être perçus comme des personnes mauvaises alors qu'ils ont simplement une manière violente et brutale d'appréhender leur magie, sans pour autant servir des desseins inavouables. Et les Jornistes, que l'on pourrait penser comme les gentils de la magie des Danseurs, tournent facilement le dos au monde pour se sauver. Mais cette intégrale des Royaumes Crépusculaire ne contient pas seulement les aventures d'Agone. Nous allons aussi retrouver le prince-voleur Maspalio dans la cité singulière d'Abyme. Ce prince-voleur farfadet à la retraite qui est devenu un conjurateur plutôt bon mais qui, par étourderie, va se retrouver au coeur d'une affaire qui le dépasse complètement. Seulement, c'est mal le connaitre que de croire qu'il va se laisser entourlouper, même pour sa propre survie. Parce que Maspalio, tout voleur qu'il était, a un sens de l'honneur très prononcé. Je ne vais pas plus résumer l'histoire qui va se dérouler en Abyme, mais sachez que cette nouvelle facette du monde est tout aussi originale que celles décrites dans le cycle d'Agone. En effet, à la magie que nous connaissons maintenant, celle des Danseurs, mais aussi l'Accord, le pourvoir d'accouchement des fées noires, la magie des lutins ou encore celle de l'Equerre, s'ajoute maintenant la Conjuration. À partir d'ombres, les conjurateurs sont capables d'invoquer des démons pour qu'ils les servent, en signant un contrat nommé une connivence. Dans ce nouveau cycle, on découvre ainsi tout un nouveau pan de l'imagination fertile de Mathieu Gaborit qui, même s'il ajoute toujours de nouvelles couches à son monde déjà bien fourni, n'en perd pourtant jamais la trame principale et ne se contredit pas. On se demande même ce que cela aurait donné s'il avait poussé le vice en nous décrivant les us et coutumes des autres pays qui, je le pense, recelaient encore de nombreux secrets captivants. Le cycle d'Abyme, même s'il est certainement un rien moins poétique que le cycle d'Agone, est tout aussi captivant. Maspalio est un personnage que l'on cerne plus facilement et qui nous démontre clairement que la taille ne forge pas la grandeur. Pour terminer, je ne saurai dire quel plaisir j'ai eu à relire cette oeuvre magistrale. Je me rappelais bien qu'elle m'avait profondément touchée ; je ne me souvenais pas à quel point. Pas étonnant que j'ai voulu jouer à l'époque au jeu de rôle, très bien fait au demeurant. Je ne peux donc que vous conseiller très vivement de lire ou relire ces cycles pour refaire vivre la poésie sous la plume de cet auteur d'exception.
Ecrite par , le 04 Novembre 2010 à 15:11 dans la rubrique .
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