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Plaguers |
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Debats, Jeanne-A. Edition : L'Atalante
2010, 336 pages
ISBN : 978-2-84172-520-5
18 € |
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Depuis quelques décennies, certains jeunes (enfants, adolescents, exceptionnellement nouveau-nés) sont affligés de ce que l'on appelé des "Plaies", faute pour les scientifiques de comprendre comment leur génome a été atteint, et pourquoi il est impossible de le rectifier, et de trouver un meilleur terme. Certains de ses "Plaguers" font ainsi jaillir des fleurs ou sourdre des sources sous leurs pieds, tandis que d'autres sont environnés de loups ou de serpents, jonglent avec hormones ou bactéries, voire avec typhons ou tremblements de terre. Sur la planète appauvrie, polluée, où la vie est difficile et tous les animaux disparus, ces "malades" intolérables sont relégués hors de la vue des "normaux" dans des Réserves. L'histoire commence le jour où Quentin et Illya rejoignent celle située en région parisienne. Dans ce superbe roman, l'auteure retourne habilement le thème de la prison pour Surdoués : on vit bien mieux dans la Réserve que dehors, comme le réalise Quentin, qui avait mené jusqu'à sa relégation une vie douillette de favorisé. Elle renouvelle avec autant de talent celui du lien entre la planète et ses habitants, tarte à la crème de trop nombreuses histoires New Age. Le thème de l'identité liée à l'identité sexuelle, fil rouge du roman et support majeur de l'intrigue, n'est abordé que tangentiellement, mais de façon touchante, et novatrice si l'on considère les Uns et Multiples. Enfin, si les personnages sont majoritairement des adolescents, on ne saurait penser pour autant qu'on est en présence d'un livre pour la jeunesse. L'histoire est originale, très maîtrisée dans sa construction, et écrite en une langue à la syntaxe parfaite et au vocabulaire ample et précis. Les révélations finales sont à la fois surprenantes et logiques, et le final a exactement le lyrisme nécessaire et suffisant, sans débordements qui pourraient le rendre incompréhensible. Tous les personnages sont fascinants et cohérents, et leur diversité rend attrayante leur évolution. C'est une histoire cruelle et tendre, par laquelle il faut consentir à se laisser emporter, et éblouir. Rares sont les romans de cette qualité, surtout si l'on considère qu'il s'agit du premier essai d'un auteur dans la forme longue, après une novella largement plébiscitée (La vieille anglaise et le continent) et un recueil de nouvelles. En l'occurrence, c'est, à mon avis, un chef-d'oeuvre dont je vous recommande instamment la lecture. Je ne saurais terminer cette chronique sans saluer le beau travail de Frédéric Perrin, qui a réussi une couverture à la fois belle et "collant" impeccablement au contenu.
Ecrite par , le 04 Novembre 2010 à 10:11 dans la rubrique .
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