Présumé coupable
		Guso, Isabelle Edition : Griffe d'Encre, Collection : Novella 2010, 104 pages ISBN : 978-2-917718-21-6 9 €

Un homme se trouve dans un train d'une province reculée du Japon, dans les montagnes pour rencontrer un grand sage, Kagen, qui pourrait peut-être l'aider dans ce qui le ronge au fond de lui, au point que lui-même ne se considère pas comme un être humain. Malheureusement, le grand maître n'a que peu de réponses à lui apporter. C'est son destin. Comment le dépasser, lui qui a toujours peur d'enfreindre ses propres limites ? Son carnet ne lui sera pas plus utile que de façon ponctuelle. Et puis il y a la pression des autres... de sa future belle famille entre Franck qui protège ses enfants et sa sœurs, en faisant en sorte de faire accélérer le divorce, et les connaissances des forums qui ont du mal à surmonter les difficultés comme Fallen_Angel. La solution viendra-t-elle de ce jeune garçon qui s'est fait poursuivre par celui qui représentait la plus proche autorité pour lui, ou plutôt par cette étrange femme qui l'a abordé à sa sortie du temple ?

Bon... Honnêtement, cette chronique va être compliquée à réaliser, tant mes sentiments sont partagés sur ce texte. Non qu'il soit mauvais, loin de là. Mais que le sujet abordé est tout bonnement épineux. Le récit se passant au Japon, je ne peux que faire le rapprochement avec un manga que je viens de lire, où une vampire n'ayant pas "besoin" de boire du sang, se trouvait quand même dans la tentation d'en boire, et que plus le temps passe, et plus elle a du mal à se défaire de ce désir inassouvi. Ici, l'homme en question n'est pas un vampire, mais bien pire parce que réel. Réel a tel point que même les plus grands criminels trouvent cela abject.

Et là on va se demander, mais pourquoi se mettre dans la peau d'un tel personnage ? Et c'est le cas de le dire, car le récit est écrit à la première personne ! Les postfaces, celle de l'auteur puis celle de maître Mô, avocat au barreau de Lille, sont là pour nous aiguiller sur la piste. Il y a un autre point aussi que j'ai cru relever. Pour ne pas vraiment s'attacher au narrateur, Isabelle Guso s'est arrangée pour qu'on ne dévoile jamais son identité. Ni nom, ni prénom, ni localisation à la base. Le tout pour nous faire lire les faits, dans l'esprit du "monstre", à mi-chemin entre compréhension et réaction. Le plus important étant, que ferions-nous ? Franck a-t-il tort de réagir ainsi ?

Ce fait de société nous renvoie à nos propres existences, et comportements face au crime. Faut-il rétablir la peine de mort ? Faut-il juger préalablement de comportements possibles ? C'est tout le principe de ce Présumé coupable. Le pire, c'est qu'Isabelle Guso était sans doute l'une des seules personnes qui pouvait prendre parti, comme elle nous l'explique dans sa postface. Vraiment, difficile d'adhérer (ou pas) au message de ce texte. Mais je comprends aisément qu'il fallait lancer le sujet, pour faire réfléchir notre société de bien pensants. Fallait-il le faire par le biais d'un récit imaginaire ? Personnellement, ça ne me dérange pas, même si le passage des Tengus n'apporte pas grand chose. J'ai toujours eu tendance à croire que la fantasy était avant tout des réflexions sur nos propres comportements, masqués pour ne pas décourager les lecteurs.

Dont acte. Je réfléchirai donc à ce sujet, et je remercie l'auteur et les éditrices en cela.