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Comme deux gouttes d'eau |
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French, Tana Edition : Points, Collection : Thriller
2010, 569 pages
ISBN : 978-2-7578-1933-3
8 € |
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Le corps d'une jeune femme est retrouvée dans une masure abandonnée au milieu de nulle part. Poignardée, elle s'est vidée de son sang alors qu'elle cherchait peut-être à se cacher de son assassin. Enquêter sur un meurtre en pleine campagne de Dublin, là où d'habitude il ne se passe rien, n'est pas le plus troublant. Il s'avère que cette jeune femme ressemble comme deux gouttes d'eau à l'inspectrice Cassie Maddox. Face à sa propre mort, celle-ci décide de reprendre l'identité de la victime afin de démasquer le coupable. Querelle amoureuse, histoire d'argent, rivalité entre étudiants ? C'est au chat et à la souris que Cassie s'apprête à jouer. Dans le cadre du roman, l'auteur a décidé de faire vivre sa victime, jeune étudiante rédigeant sa thèse, au sein d'un groupe de quatre autres étudiants. Dans cette communauté, les règles sont établies : chacun a un rôle dans la vie quotidienne de la maison, tous donnent du temps pour restaurer le domaine familial, il n'y a pas de télévision, ni d'ordinateur et les soirs sont occupés à la lecture ou aux jeux de cartes où chacun retrouve son fauteuil. Une règle d'or sert aussi de concept : on ne parle pas du passé. Est-ce que ces règles succinctes mais bien établies sont la clé d'une entente parfaite entre les habitants de la maison ? Est-ce, grâce à elle, que la colocation peut fonctionner ? Un autre auteur, Nicci French dans Jusqu'au dernier, s'est essayé à ce mode de vie. Mais contrairement à Tana French, il a laissé ses personnages dans la liberté la plus totale : chacun menant sa vie indépendamment des autres, tout en proposant spontanément de-ci de-là des rencontres et des temps communs. Quel est le meilleur modèle, personne ne le sait. Or dans des situations extrêmes, c'est le réflexe de survie qui prend le relais, l'individualité prend le dessus et la cohabitation échoue. Dans les deux cas, les individus sont amenés à se séparer. Dans Comme deux gouttes d'eau, le lecteur se retrouve devant un meurtre peu ordinaire : le victime est la copie conforme de l'inspectrice Madox. Quant à l'identité, c'est le personnage que Cassie s'était formée, il y a quelques temps, pour mener à bien une mission d'infiltration, au sein d'un trafic de drogue à l'université. Ces deux points amènent logiquement l'inspectrice à endosser, à nouveau, l'identité de Lexie Madison. Il est alors intéressant de voir comment Cassie se fond dans le personnage de Lexie : ses habitudes, ses réactions, ses attitudes. De nombreuses heures sont passées à étudier l'ancienne Madison et son environnement, afin que le rôle soit crédible. On y découvre aussi une Cassie torturée face à son imposture : impliquée entièrement dans sa mission, elle s'aperçoit qu'elle adhère à la vie de la victime et a de plus en plus de mal à dissocier les deux femmes. Dans Lien fatal de Tess Gerritsen, le lecteur se retrouve dans la même situation : une victime retrouvée assassinée, cette femme étant le sosie du médecin légiste. Or dans ce dernier cas, l'auteur ne réagit pas de la même façon. Certes, l'héroïne va chercher à mieux connaître ce double mais sans endosser son identité. Les pistes, ainsi suivi par les deux auteurs, sont aussi efficaces : elles vont mener à la véritable identité de la victime et dénoncer l'assassin. D'un côté comme de l'autre, les émotions sont très fortes et les doubles autant bouleversés. Il est vrai que Comme deux gouttes d'eau est un roman bien écrit où se mélangent beaucoup d'émotions. On y trouve aussi de l'action et des revirements de situation : les suspects sont nombreux et les secrets sont lourds de sens. Il est aussi amusant de découvrir, en même temps que les habitants, l'histoire d'une maison familiale. Cependant, le lecteur rencontre certains temps morts, un peu pesant, où l'auteur se complait à rester sur une scène, pas forcément utile dans la suite du récit. J'ai aimé ce roman mais plus pour la réflexion après lecture que pour le vécu en lui-même. Je ressens davantage d'émotion au souvenir que lors des cinq cent et quelques pages. C'est donc un roman qui marque les esprits et une oeuvre comparable à d'autres auteurs talentueux.
Ecrite par , le 18 Octobre 2010 à 12:10 dans la rubrique .
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