Fais péter les basses, Bruno !
		Baru Edition : Futuropolis 2010, 126 pages ISBN : 978-2-7548-0409-7 20 €

Nous sommes en Afrique noire. Le jeune Slimane se débrouille comme il peut, comme tous les jeunes de son âge, pour joindre les deux bouts, et la vie n'est pas simple. Heureusement, pour se détendre, il y a le football... Slimane est sacrément bon, et finit par être remarqué par Ousmane Traoré, un joueur professionnel évoluant en France. Ousmane convainc Slimane à venir jouer en France. Mais le jeune Slimane n'a pas de papiers, et c'est dans la soute d'un avion qu'il arrive sur le sol français, où il parvient à échapper assez miraculeusement à la police et aux douanes...

De son côté, Zinedine sort de prison. On ne peut pas vraiment dire que son dernier séjour à l'ombre l'ait particulièrement calmé, occupé qu'il est à retrouver un vieil italien ex-cambrioleur. Le compagnon de cellule de Zinedine était lui-même un ex-cambrioleur, et il est au courant d'un superbe coup, histoire de se renflouer tranquillement... Durant les fêtes de Noël, il est possible de s'attaquer tranquillement à un transporteur de fonds, mal gardé à cause des congés. La tentation est trop grande pour Fabio, qui cherche immédiatement à reformer sa vieille équipe, en la personne de Paul et Gaby. Ce dernier est un as des explosifs, mais il a aujourd'hui 70 ans...

Pour autant, ils vont le faire, les bougres ! Les vieux cambrioleurs seront vite confrontés aux jeunes voyous actuels, qui possèdent un style tout différent... Et quelle excellente idée qu'a eue Baru de confronter les deux générations de voyous... Il faut bien reconnaître que la vieille génération a tout de même franchement plus de classe, et un sens de la répartie tout différent. Et c'est bien de là que vient toute la force de ce Fais péter les basses, Bruno ! Les dialogues sont incisifs, voire corrosifs : ce n'est pas pour rien que le livre rend un hommage à, entre autres, Georges Lautner et Michel Audiard, dialoguiste de talent comme on n'en fait plus dans le cinéma actuel...

C'est bien simple, la scène de réunion des anciens de l'Algérie est à hurler, surtout au moment où des banlieusards (que les vieux, bourrés jusqu'à l'os, ont vite fait de prendre pour des fellaghas) font irruption dans la pièce l'arme à la main... Nous sommes proches, vous l'aurez compris, d'un vieux polar dont les anciens scénaristes avaient le secret. Graphiquement, le style de Baru reste inchangé et c'est tant mieux : le dessin est épuré, rendant le livre parfaitement lisible. Les planches sont agrémentées de belles couleurs, et de jeux de lumières parfaitement rendus.

En bref, encore un livre incontournable aux éditions Futuropolis, qui profite en plus d'une forme irréprochable : de quoi satisfaire les amateurs de polars anciens et intelligents.