Starfish
		Watts, Peter Edition : Fleuve Noir 2010, 384 pages ISBN : 978-2-265-08948-8 22 €

Lennie Clarke déteste la station Beebe et les craquements qu'elle émet sous la pression des kilomètres d'océan qui la surplombent. Elle préfère de beaucoup être dehors. Après tout, son propre organisme a été adapté pour fonctionner adéquatement dans les grands fonds, afin de surveiller le fonctionnement de Beebe, qui exploite l'énergie géothermique sur la dorsale Juan de Fuca, au fond du Pacifique. Et l'environnement, pour être pauvre en couleur, n'en est pas moins fascinant et, pour elle, finalement rassurant.

Certains ne s'y font pas : sa coéquipière Jeanette Ballard, par exemple, n'y peut tenir. Il est vrai qu'elle semblait très "normale". Les coéquipiers suivants de Lennie seront, comme elle, déviants d'une façon ou d'une autre : pédophiles, meurtriers...

Ce roman a ceci de fascinant qu'à le lire on oublierait presque jusqu'à l'existence de la terre ferme, peuplée de "sécheux", et de sa vive lumière. C'est dire combien son atmosphère est prenante, grâce notamment à des personnages remarquables. L'auteur réussit à nous présenter cette demi-douzaine de personnes particulières de telle sorte (le plus souvent par les yeux de Lennie Clarke, le très renfermé personnage central) que l'on s'y attache sans jamais oublier leurs failles, qui expliquent au lecteur la sympathie qu'ils peuvent éprouver pour cet environnement justement identifié comme sombre, dangereux et peuplé de monstres.

Par ailleurs, en ce qui concerne les éléments techniques sur lesquels repose l'intrigue, l'auteur s'est appuyé sur des recherches en biologie marine, en géologie, et dans la technologie des gels intelligents, notamment, qu'il répertorie en fin de volume, afin de permettre au lecteur curieux de chercher à en savoir plus. L'intrigue elle-même, la façon dont une corporation (mal)traite ses employés et dont, nouveau Frankenstein, elle donne naissance à une créature plus puissante qu'elle, n'a rien d'original, mais est fort bien traitée, et tient en haleine l'attention du lecteur.

En somme il s'agit là d'un roman particulièrement réussi, où sont remarquablement équilibrés les éléments techniques et humains de l'histoire, ce qui n'est pas la règle en Hard Science.