Voix (Chronique des Rivages de l'Ouest - Tome 2)
		Le Guin, Ursula Edition : L'Atalante 2010, 288 pages ISBN : 978-2-84172-516-8 16 €

Dix sept ans plus tôt, les Alds, farouches guerriers qui vivent dans le désert d'Asudar, qui vénèrent Atth et craignent les démons qui nichent dans les livres, se sont abattus sur Ansul la Sage et Belle, et l'ont dévastée, tuant les hommes, violant les femmes. Et ils l'occupent depuis, sans avoir vraiment déposé les armes, pas plus que n'a faibli la haine farouche des habitants à leur encontre.

Nemar, "enfant du siège" dont la mère était issue de la noble famille Galva, a toujours trouvé refuge parmi les livres, dans la pièce secrète où ils ont été dissimulés. C'est là que le passemestre Sulter Galva lui apprend à lire. Et un jour où elle va au marché, elle fait la connaissance de Gry Barre, l'épouse du grand poète et conteur Orrec Caspro, qui viennent tous deux d'arriver à Ansul, sur l'invitation des Alds.

L'histoire racontée dans cet opus se déroule une vingtaine d'années après les évènements décrits dans le tome précédent. Si on y retrouve Orrec et Gry, l'histoire ne tourne plus autour d'eux, ils n'interviennent qu'à titre de témoins et d'acteurs importants, mais secondaires. Tout ici est centré sur Galvamand, la grande maison des Galva, véritable personnage central. Le thème principal de Voix est la libération d'un peuple, d'un culte, d'un savoir, et d'une source, et les voies, et les voix qu'elle peut emprunter. On y retrouve aussi l'interrogation sur les dons, et ce qu'ils exigent de leurs détenteurs.

Ursula Le Guin semble y renouer avec plaisir avec ces grandes scènes de foule révolutionnaire évoquées, de loin, dans Les dépossédés, et surtout dans A la veille de la révolution (nouvelle parue dans son Livre d'Or). De même le thème des mots interdits évoque Le dit d'Aka, mais il est abordé d'une manière différente, plus tranchée peut-être et plus optimiste, peut-être parce qu'il s'inscrit dans une oeuvre plutôt destinée à la jeunesse. Que les adultes ne se détournent pas pour autant de ce roman intelligent, tendre, pétri de tolérance, qui leur plaira autant qu'aux adolescents auxquels il est destiné.