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Vérité

 
  James, Peter
Edition : Milady 2010, 700 pages ISBN : 978-2-8112-0413-6 9
 

John et Susan Carter sont un couple marié, heureux, amoureux. La vie leur sourit : ils viennent de trouver dans le centre de Londres la maison de leur rêve, une demeure splendide mais coûteuse. Le rêve va vite tourner au cauchemar : les cartons à peine posés dans leur nouvelle demeure, John est convoqué à la banque. Son conseiller et ami vient de prendre sa retraite, et il semble bien que son successeur ait pris le parti d'être plus intransigeant vis à vis des finances du couple. Car l'affaire de John a beau être florissante, le couple est extrêmement dépensier, et tous leurs comptes sont dans le rouge. Le banquier pose un ultimatum : John a un mois pour redresser la barre. Au-delà de ce délai, ils seront sur la paille...

Hors, les Carter ne supportent pas l'idée de devoir changer de train de vie. Il leur est tout à fait insupportable d'envisager de renoncer à cette nouvelle maison si parfaite. Il leur faut trouver une solution, et vite. C'est alors qu'un certain Emil Sarotzini se présente dans leur vie. Il a de l'argent à ne savoir qu'en faire et semble tout décidé à le mettre à la disposition du couple. Mais il y a une condition : Sarotzini veut un enfant de Susan, et rien ne le fera changer d'idées...

Un bien gros pavé (sept cent pages, tout de même) pour un sujet ni franchement original, ni véritablement bien traité. On ne peut s'empêcher de penser à Un bébé pour Rosemary de Ira Levin, le talent et l'angoisse en moins. Certes, la tension va crescendo, mais on est perpétuellement déçu : les grandes scènes de frisson que l'on s'attend à trouver au chapitre suivant n'arrivent finalement jamais. D'un bout à l'autre du roman, le suspens monte pour redescendre immédiatement sans qu'il ne se passe rien. Le rythme est faiblard : les deux cent premières pages ne font que diluer ce que révèle la quatrième de couverture. Les cinq cents suivantes ne font qu'étaler des scènes trop prévisibles pour être honnêtes, pour finir en apothéose sur un épilogue un peu grotesque qui n'apporte pas d'éclairage complémentaire sur l'histoire. Voilà une autre source de frustration : un certain nombre de mystères soulevés au fil de la lecture ne seront jamais élucidés, et on n'a même pas la sensation que Peter James laisse volontairement leur résolution aux bons soins du lecture - on dirait plutôt qu'ils les a complètement oubliés.

Pour ne rien arranger, les personnages ne relèvent pas franchement le niveau. Il est déroutant de suivre pendant des centaines de pages les péripéties de personnes qui n'inspirent ni terreur ni sympathie. Par exemple, le couple formé par Susan et John manque vraiment de charisme. Leurs réactions multiplient les clichés : la femme est faible et déroutée par la situation, le mari est jaloux, violent, et ne voit souvent pas plus loin que le bout de son nez... Le manichéisme est trop marqué, les caractères manquent de finesse et de réalisme, ce qui n'arrange rien.

Vérité est vraiment loin d'être le meilleur Peter James. Si l'auteur fait montre d'un talent incontestable pour faire d'une histoire banale à pleurer un page-turner efficace, il n'en reste pas moins que Vérité demeure un assez mauvais roman, qui laisse le lecteur sur sa faim. Peter James nous avait habitué à bien mieux.

Ecrite par Naolou, le 04 Octobre 2010 à 14:10 dans la rubrique Roman Polar .
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