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Petit déjeuner au crépuscule |
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Dick, Philip K. Edition : Folio, Collection : 2€
2010, 108 pages
ISBN : 978-2-07-043804-4
2 € |
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Tremblement de temps qui propulse une famille dans le futur, univers de substitution qui prend vie, choix politique impossible pour qui ne veut choisir : trois savoureuses nouvelles du grand Philip K. Dick pour nous régaler ! Dans Petit déjeuner au crépuscule, la maison des McLean est brutalement aspirée sept ans dans le futur : la famille effarée découvre un futur apocalyptique, dans laquelle la Troisième Guerre Mondiale fait rage. Tout ce qui est en surface ou presque a été détruit. Les hommes combattent, les femmes besognent dans des usines-camps de travail souterrains, les enfants sont séparés de leurs parents... Face à cette situation, les McLean doivent choisir : rester et essayer de s'adapter à cet environnement qui leur fait horreur ; ou jouer à pile ou face en restant en zone de tirs de missiles, dans l'espoir d'une répétition inversée du phénomène de tremblement de temps... L'ambiance de ce monde futur est très bien rendue : noire et effrayante à souhait. Malgré cela, le ton vif et les nombreux dialogues en font une lecture agréable et intéressante. Haskel Verne, le héros de Une petite ville, est un homme fatigué et aigri : par son travail, par sa femme qui le trompe, par la petite ville banlieusarde de Woodland où il vit et dans laquelle il ne s'est jamais vraiment intégré. La seule chose qui lui redonne le sourire, c'est le modèle réduit extrêmement détaillé et réaliste de Woodland sur lequel il a travaillé toute sa vie. Mais voilà qu'alors que la maquette est presque achevée, il décide de lui apporter des modifications/améliorations de dernière minute : il remplace des magasins qui lui déplaisent par d'autres, ajoute des espaces verts, inscrit son propre nom sur la porte du bureau du maire... Cette nouvelle est plus teintée de fantastique que de science-fiction : c'est la croyance des personnages en l'existence du monde de substitution imaginé par Haskel qui donne corps à celui-ci. Un texte qui, avec un bel humour (noir), voit la victoire de celui qui partait pourtant perdant ! Là où il y a de l'hygiène se situe dans l'avenir. Matraqués par les industriels qui vendaient des produits destinés à rendre cheveux et dents toujours plus propres, les jeunes des villes sont progressivement devenus Puristes. Face à eux, les Naturalistes sont au contraire fiers de rester tels que Dieu les a fait, avec leurs odeurs corporelles. Petit à petit, le débat s'est envenimé entre les deux Partis, chacun étant prêt à se battre pour ses convictions. Bientôt, si l'amendement proposé par les Puristes est voté, le code puriste aura force de loi. Don Walsh, lui, se fiche des Puristes et des Naturalistes, il veut être libre de ne pas choisir. Mais la neutralité est-elle encore possible ? Cette nouvelle est la plus noire des trois présentées ici et aussi celle qui prête le plus à réfléchir. La situation n'est pas si invraisemblable et on a froid dans le dos en voyant ce que des hommes convaincus sont capables de faire à d'autres qui prêchent d'autres opinions. On adopte naturellement le point de vue de Walsh, ce qui donne toute sa force à la conclusion fort pessimiste du texte. Ces trois nouvelles, initialement publiées entre 1954 et 1955, sont tout à fait significatives de l'oeuvre de Philip K. Dick : tout au long de sa carrière, cet auteur majeur de la science-fiction a exploré des sujets difficiles et originaux. Cela reste d'une grande actualité tant les thématiques sont atemporelles. Aucune de ces nouvelles n'est inédite en France, mais c'est l'occasion de se replonger dans une oeuvre qui est devenue classique mais reste indémodable. En refermant ce recueil, on ne peut que regretter qu'il ne propose pas plus de nouvelles, mais pour ce prix ce serait difficile !
Ecrite par , le 17 Septembre 2010 à 15:09 dans la rubrique .
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