Soleil Noir
		Halvick, Philippe Edition : Quid Novi ? 2010, 289 pages ISBN : 978-2-95225868-5 19 €

Eric, un tranquille informaticien, espère bien profiter des derniers beaux jours d'été pour passer des vacances agréables. Au programme : camping en forêt avec ses amis Dominique et Virginie, professeurs de sport. Mais voilà qu'en quelques heures, les événements les plus insolites s'enchaînent : un avion tombe dans le lac, tout ce qui est électrique ne fonctionne plus et même le magnétisme perd le nord, les matières synthétiques se dégradent en un clin d'œil, la lumière du soleil s'atténue...

Il y a plus dangereux encore : la forêt semble soudain hantée de créatures fantastiques (trolls et autres bestioles du même acabit), qui mettraient volontiers nos amis au menu. Guidés par le garde forestier Albert, il leur semble urgent de revenir à la civilisation. Il n'y a qu'un problème : la civilisation a elle aussi été victime des désagréables manifestations de l'avènement du cycle du Soleil Noir. La barbarie est devenue de mise dans ce nouveau monde moyenâgeux surprenant.

Pourtant, certains semblent curieusement bien préparés face à la calamité : les hommes de la Rytuld Corporation sont équipés de vêtements naturels, d'armures et d'armes blanches. Leurs locaux cachent de redoutables donjons de pierre, à partir desquels ils peuvent facilement prendre l'ascendant sur toute la population désorientée. Notre bande de joyeux lurons est bien décidée à comprendre le pourquoi du comment !

L'électricité qui disparaît brutalement, laissant l'humanité dans le chaos, voilà qui rappelle furieusement Ravage de Barjavel. Heureusement, la ressemblance est passagère : Philippe Halvick nous entraîne rapidement dans une histoire sans aucun rapport, bien plus loufoque et déjantée. Au fil des pages et de ses idées, on croisera donc nombre de créatures des bestiaires fantastiques, ou inventées de toutes pièces (à moins que je n'aie pas réussi à les identifier ?). C'est un peu facile, mais ça marche. La devise du nouveau monde pourrait être : "À chaque jour, ses monstres", tant nos apprentis héros y sont souvent confrontés.

Nos héros, parlons-en justement : des gens ordinaires, comme vous et moi, auxquels on s'identifie facilement, soudain confrontés à des choses qu'ils n'auraient jamais osé imaginé. De quoi leur en faire voir de toutes les couleurs : incrédulité et peur seront au rendez-vous, mais aussi camaraderie et bonne humeur, ouf ! Au fil des épreuves, leurs qualités vont se révéler peu à peu.

Côté écriture, quelques maladresses auraient pu être évitées : des répétitions (Dominique est un gros ours, un barbare un peu macho qui rote et rêve de jouer de la hache, d'accord, pas besoin de nous le dire vingt fois) ; une emphase systématique (prenez une page au hasard, vous êtes sûrs d'y trouver au moins un ou deux points d'exclamation) ; et un problème de virgules baladeuses (absentes à des endroits où elles seraient nécessaires, on retrouve ces petites fugueuses là où elles n'ont rien à faire...).

Ces petits défauts se laissent cependant vite oublier et on se laisse emporter par les péripéties de nos attachants héros. Sans être le roman du siècle, c'est un agréable divertissement qui fait passer un bon moment. À quand une suite ?