La mariée mise à nu
		Gemmel, Nikki Edition : Le Livre de Poche 2008, 378 pages ISBN : 978-2-25312288-3 6,95 €

Une jeune femme, mariée, découvre incidemment que son mari a - peut-être - une liaison avec sa meilleure amie. Son couple ronronnait, plus rien d'excitant ne se passait. Une fois le choc de la découverte passé, elle entreprend de reconquérir son mari d'une façon assez originale. Le titre et le résumé pourraient faire croire à un énième roman sentimental pour filles. Il n'en est rien.

Cette jeune femme, dont on ne connait pas le prénom, raconte son histoire dans son journal intime, journal que sa mère confie à un éditeur après la disparition de sa fille. Dans son journal, elle parle au lecteur en utilisant une formule de narration assez inusitée : le "vous". "Vous êtes mariée depuis... vous partez en vacances avec votre mari à Marrakech..." Cela peut surprendre au début, mais l'écriture est fluide, le style soigné, et l'on s'y habitue assez vite.

Une fois les premières pages passées, dans lesquelles elle décrit sa vie quotidienne, banale, dans un style qui pourrait laisser croire que ce roman n'est qu'une bluette romantique de plus, le ton change insidieusement, progressivement, et le lecteur passe de la comédie romantique au drame personnel intérieur. Cela devient sombre, cru, intense. Pour se venger de l'infidélité supposée de son mari, elle va employer une méthode à la fois très banale (le tromper à son tour) et plutôt originale en même temps. On découvre alors ses tourments intérieurs, son mal d'aimer, ses relations ambigües avec les hommes, avec sa mère.

Le roman s'assombrit au fil des pages et l'atmosphère devient lourde, pesante. Les mots crus, à la limite de la vulgarité sans jamais l'atteindre, ne font que renforcer cette impression de malaise. Mais cela n'empêche en rien la lecture de ce roman beaucoup plus profond qu'il n'y parait, bien au contraire.

Toutefois, j'ai regretté certaines maladresses : un personnage important qui disparait de l'histoire de façon un peu trop rapide pour être réaliste, des chapitres ne faisant qu'effleurer le thème que l'auteur voulait aborder (le conflit mère-fille). Bref, cela manque un peu de corps. Et la fin laisse vraiment... sur la faim ! Aucune explication n'est donnée sur la disparition de l'héroïne, et le roman se termine en queue de poisson.

Un avis mitigé donc : une écriture forte, soignée, un langage cru, violent, une histoire troublante, inachevée.