Léa ne se souvient pas comment fonctionne l'aspirateur
		Gwangjo & Corbeyran Edition : Dargaud 2010, 128 pages ISBN : 978-2-505-00861-3 19 €

Louis Levasseur est un écrivain un peu paumé. Il a des traites en retard, un appartement miteux à payer, et pas l'ombre d'une idée pour un futur roman... Bref, pas vraiment de quoi assurer l'ordinaire... Pourtant, les choses sont sur le point de changer, et de façon pour le moins inattendue : en fait, un soir, Louis empêche un chien de mettre en charpie un sac poubelle, en bas de chez lui. Là, il tombe sur un cahier intime appartenant à une certaine Léa : un femme habitant son appartement, qu'il ne connaît pas, mariée depuis six mois à un homme possédant un poste important, et pour lequel elle devait assurer toutes les tâches ménagères. Sauf qu'un problème de taille empêchait Léa d'accomplir sa tâche quotidienne : elle est dans l'incapacité de faire fonctionner quelque appareil ménager que ce soit...

Alors Léa a tout écrit dans un petit carnet, voilà quelques temps, avant de divorcer : parce que cette situation l'a conduite jusque là. Louis Levasseur a ainsi l'idée d'écrire la vie de Léa sous forme romancée : il est désormais certain que cette idée plaira au plus grand nombre, notamment à toutes ces femmes au foyer, ou à ces ménagères qui devraient se retrouver dans ce rôle. Le moins que l'on puisse dire quelques mois plus tard, c'est que le succès est franchement au rendez-vous pour Louis, et de façon durable. Pour autant, l'écrivain est déçu de ne jamais voir apparaître Léa en chair et en os, dans les longues files d'attente des nombreuses séances de dédicace qu'il accepte de faire.

Alors, cela va devenir une véritable obsession pour Louis, qui connaît la gloire, mais qui sait qu'il doit tout à ce petit bout de femme en détresse qui ne lit pas : tout son être va être tendu vers cette rencontre qui doit absolument avoir lieu, et qui bien sûr, aura lieu, afin de voir absolument la réaction de Léa devant un tel succès sur sa propre vie.

Un scénario intimiste signé Corbeyran, avec un asiatique au dessin, cela a de quoi rappeler Première neige, paru chez Kana au format manga. C'est pourtant bien chez Dargaud qu'est édité ce one-shot au titre pour le moins étrange. Il est à noter que les auteurs en viennent même à se moquer gentiment du titre dans l'histoire en elle-même : petite idée originale et sympathique au coeur de la grande idée.

Car force est de constater qu'on est vite pris dans ce récit, une nouvelle fois, d'une histoire banale, comme cela avait déjà été le cas dans Première neige, ou dans Lie-de-vin par exemple, pour prendre des séries du même scénariste. Côté graphique, les crayonnés noir et blanc de Gwangjo sont du plus bel effet, et conviennent parfaitement à ce type de récit intimiste.

Une excellente surprise donc pour ce titre, avec lequel il faudra compter en cette fin de vacances !