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Le destin de Taro (Blood Ninja - Tome 1) |
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Lake, Nick Edition : Gallimard Jeunesse, Collection : Hors Série Littérature
2011, 430 pages
ISBN : 978-2-07063270-1
16,50 € |
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Taro et son ami Hiro ont toujours rêvé de devenir des samouraïs, de fiers guerriers servant loyalement leur daimyo - leur seigneur de guerre - selon les règles strictes de l'honneur. Cependant, malgré leur talent respectif pour l'arc et pour la lutte, ils ne se bercent d'aucune illusion : des fils de pêcheurs élevés dans l'humble village de Shirahama ne sauraient s'élever au dessus de leur modeste condition. Mais alors pourquoi, lors d'une nuit fatidique, la famille de Taro devient-elle la cible d'une escouade d'assassins ninjas ? Ces mercenaires de l'ombre envoyés par le puissant Nobunaga Oda semblent résolus à tuer l'adolescent et n'échouent dans leur entreprise que grâce à l'intervention providentielle de Shusaku, un ninja au service d'un seigneur rival, Tokugawa Ieyasu. Ce sauvetage n'est cependant pas une totale réussite, puisque Shusaku, pour empêcher la mort de Taro, se voit contraint de transformer celui-ci à son image : un kyuketsuki, démon de la nuit plus communément appelé vampire... Être vampire a ses avantages - guérison accélérée, perceptions amplifiées - mais également ses inconvénients : dès lors, Taro vivra la nuit et se nourrira de sang. Une seule solution s'offre désormais à lui : suivre les traces de son nouveau mentor et devenir un ninja, comme la majorité des vampires. Il pourra ainsi espérer venger son père assassiné et retrouver sa mère disparue. La route va cependant être longue et semée d'embûches et le destin de Taro est loin d'être joué ! Ce premier tome de la trilogie Blood Ninja nous plonge directement dans un Japon féodal (XVIe siècle) teinté de fantastique, qui évoque indubitablement le Clan des Otori de Lian Hearn. L'association des vampires et des ninjas, qui peut étonner de prime abord, s'intègre tout naturellement dans l'histoire : les uns et les autres sont de viles créatures de la nuit, que l'on craint autant que l'on méprise, tout à l'opposé des nobles samouraïs... C'est ce qu'il semble, tout du moins. Les aventures de Taro appartiennent en effet à la famille des récits initiatiques et nous donneront l'occasion de découvrir qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences : les plus belles qualités de coeur ne sont pas toujours du côté que l'on croit, le fameux honneur des samouraïs n'étant finalement pas toujours très reluisant quand on y regarde de plus près. Pour pimenter le récit, Nick Lake l'agrémente d'autres ingrédients traditionnels : le secret qui entoure les origines du jeune homme (on ne vous avait jamais fait le coup de l'héritier caché ?!) ou la prophétie qui détermine son destin, le mentor dévoué et mystérieux, l'amitié indéfectible entre Taro et son presque-frère Hiro, les petites chamailleries et autres jalousies entre les deux jeunes gens et les autres apprentis-ninjas, sans oublier l'amour naissant entre les enfants de clans ennemis... Pas toujours très original, mais la sauce prend plutôt bien et emporte le lecteur à la suite de Taro et de ses amis. Le récit n'est cependant pas exempt de défauts. L'auteur s'autorise quelques facilités : on peut s'étonner par exemple de la rapidité de la transformation en vampire (un homme affligé de blessures mortelles absorbe une goutte de sang vampire, et hop le voilà gambadant à nouveau), ou trouver un peu léger la manière dont l'auteur a contourné le problème de l'intolérance des vampires au soleil pour pouvoir faire évoluer son héros en plein jour... J'ai également déploré la facilité avec laquelle les personnages semblent changer de camp, s'alliant avec leurs anciens ennemis ou se retournant contre leurs anciens amis. Je ne saurais cependant affirmer qu'il ne s'agit pas d'un problème culturel de ma part, ces incessants retournements de situation reflétant peut-être la mentalité nippone de l'époque. De plus, le lecteur un peu familier de l'histoire du Japon pourra rester confus devant certaines adaptations apportées. Plus que les libertés apportées aux relations entre les deux daimyos Nobunaga Oda et Tokugawa Ieyasu, deux personnages centraux de cette période mouvementée de l'histoire du Japon, j'ai tiqué sur les nombreuses références au fameux escrimeur Musashi : il est notoire que celui-ci n'était encore qu'un adolescent lors de la fameuse bataille de Sekigahara, quelques décennies après les événements relatés ici... Ces petits défauts sont cependant vite oubliés face aux qualités de l'ouvrage : de jeunes gens attachants plongés dans des aventures excitantes, relatées dans un style fluide et agréable qui nous entraîne sans difficulté dans une évocation du Japon féodal particulièrement détaillée et réussie. J'attends donc avec intérêt la suite des aventures de Taro dans le tome 2, la vengeance de Sire Oda.
Ecrite par , le 22 Février 2011 à 14:02 dans la rubrique .
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