La dernière odyssée
		Clavel, Fabien Edition : Mango, Collection : Royaumes perdus 2008, 217 pages ISBN : 978-2-7404-2332-5 9 €

Ça y est, cette fois la guerre de Troie est bien finie. Enfin, presque. Déjà parce que Troie brûle, les vainqueurs Achéens ne servant généreusement après dix ans de conflit. Ensuite parce que leur reine vient pleurer et venger son fils en devenant une sorte de canidé, qu'Ulysse et les siens lapident. Enfin surtout parce que les héros doivent retourner chez eux. Niréus, prince de Symé, est amer. Il a tout perdu dans cette guerre, beauté et richesse. Quant à ses hommes, ils lui désobéissent en pillant avec les autres. Amer, Niréus refuse de participer à l'offrande envers Poséidon le dieu de la mer avant de prendre le départ. Susceptible comme il est, il ne tarde pas à déclencher une tempête qui fait chavirer le dernier navire syméen.

Ainsi qu'il l'explique lui-même dans son introduction, Fabien Clavel s'attaque ici à un mythe de la guerre de Troie que l'on connait majoritairement par les écrits d'Homère à travers l'Iliade, puis l'Odysée. Dans le premier texte existe une référence, courte, au prince Niréus de Symé. C'est cette ligne qui permet à Fabien Clavel de rentrer dans l'imaginaire, faisant de Niréus un personnage plus important. Il lui donne la beauté d'Achille - mais elle est gâtée par une balafre au combat, l'amitié d'Ulysse - mais sa perte de foi dans les hommes et l'ignorance dans lequel il maintient les dieux sont autant d'opposition de caractères par rapport à Ulysse aux mille tours. Bref c'est loin d'être le personnage habituel d'une épopée qui nous est ainsi présenté.

Et pourtant, ce dernier devra suivre son destin malmené par les divinités et leur ego s'opposant, voire de subir les conséquences d'actes qui ne sont pas les siens. Poursuivi par un mystérieux chasseur noir, il ne pourra compter que sur quelques compagnons pour espérer revoir sa patrie et monter sur son trône. Encore faut-il pouvoir leur faire confiance, chacun semblant avoir quelque chose à cacher.

Tout lecteur, dit la quatrième de couverture du roman. Peut-être pas, le premier chapitre est rude, mais nécessaire, pour expliquer l'horreur qu'a été la guerre de Troie. Ensuite, le récit est plus habituel, plus attendu sur un roman se déroulant dans la mythologie grecque. On pourra y retrouver les dieux les plus connus tels Zeus, Poséidon, Arès, Hermès, Athéna ou Iris, mais aussi quelques créatures plus discrètes telle Hébé, fautive d'avoir tué un Hécatonchire du Tantale.

Et derrière ceci, le récit n'est pas si simple. Il est au contraire remplis de noirceur autant sur le destin, les dieux ou l'humanité. J'avoue largement avoir apprécié cet élan de réalisme dans un récit mythologique, épique sans que le héros lui-même soit sans reproches. Bref une excellente surprise que ne saurait démentir la fin, surprenante.

A découvrir pour tous les adolescents ou plus amateurs de légendes grecques sans vouloir se mettre des oeillères.