Incarceron (Tome 1)
		Fisher, Catherine Edition : Pocket Jeunesse 2010, 498 pages ISBN : 978-2-266177931 14,50 €

Incarceron est une prison expérimentale immensément vaste. Les prisonniers sont supposés y vivre de manière paradisiaque, guidés par les Sapients qui se sont laissés enfermer avec les condamnés, dirigés par la Prison elle-même qui a tout pouvoir sur ce qui se passe en ses murs. Mais depuis 150 ans que la Prison a été scellée, l'expérience a mal tournée : Incarceron est ingérable et sa cruauté en fait un enfer pour ses habitants. Dans ses diverses Unités, la vie est un combat de tous les instants.

Finn fait partie de la Racaille, une bande de pilleurs sans scrupule. Mais il est obsédé par une idée fixe : ne se rappelant pas son passé, obsédé par des bribes de rêves intangibles, il pense venir de l'Extérieur et veut s'évader. Mais l'Extérieur existe t-il vraiment ?

Oui, l'Extérieur existe, mais lui aussi ressemble étrangement à une prison : par décret royal, le peuple y est enfermé… dans le Temps. Tout doit être conforme à l'Époque (le Moyen-âge), malgré les impressionnantes avancées technologiques effectuées depuis. Et si les servantes cachent parfois un lave-linge, dans l'ensemble le Protocole est bien respecté. Aucun progrès n'est toléré, la société est figée inexorablement. C’est là que vit Claudia : fiancée à un prince détestable et sans envergure, la jeune fille est prête à tout pour échapper à son destin. Y compris à percer les secrets d'Incarceron, quitte à déclencher les foudres de son père, qui en est le Directeur.

Ayant mis la main sur les deux seules Clés d'Incarceron, Finn et Claudia sont désormais en mesure de communiquer. Aidés de leurs compagnons respectifs, pourront-t-ils se sauver l'un l'autre ?

La narration alternativement centrée sur Finn et Claudia permet de découvrir tant l'Intérieur que l'Extérieur d'Incarceron. Du côté du jeune homme, on découvre un monde complexe et varié, soumis aux caprices d'une entité qui y est toute-puissante : les Yeux rouges d'Incarceron voient tout, et gare aux représailles quand on attire son attention ! Mais même sans cela, c'est un endroit dur, aux ressources rares, où la lutte pour la survie est acharnée. Au fil des aventures de Finn, Catherine Fisher nous réserve des découvertes intéressantes : forêt de métal, Bête nourrie de sacrifices humains, bateau volant… Pas le temps de s'embêter !

Du côté de la jeune fille, le contexte est plus frustrant : on aimerait en savoir plus sur cette société où se côtoient futurisme (les différents gadgets des Sapients, le décalage spatio-temporel du bureau du Directeur) et passéisme (les carrosses tirés par des chevaux, les tenues surannées). On devine dans le passé une guerre dévastatrice, une rébellion, mais guère plus.

Les idées sont très intéressantes mais donnent souvent l'impression de ne pas avoir été suffisamment explorées. De nombreux rebondissements s'avèrent sans surprise. Dommage également que les personnages tant principaux que secondaires dégagent aussi peu d'émotion, on les apprécierait plus fouillés.

La lecture est plaisante et fluide. Même s'il manque la petite étincelle qui en ferait une œuvre vraiment passionnante, il n'y a pas vraiment de quoi rechigner. La situation à la fin du volume n'étant pas entièrement résolue, je lirai avec plaisir le tome suivant Le Cygne noir qui devrait paraître cet automne.