Les étranges talents de Flavia de Luce
		Bradley, Alan Edition : Le Masque 2010, 369 pages ISBN : 978-2-7024-3503-8 17 €

Flavia de Luce est une petite fille comme les autres enfin presque. Elle ne veut surtout pas qu'on la prenne pour une petite fille et elle se passionne pour la chimie. Quand des événements étranges se passent à l'intérieur de son domaine comme la découverte d'un oiseau mort, le bec garni d'un timbre et la mort d'un inconnu, elle met un point d'honneur à aider la police en retrouvant le meurtrier de l'inconnu et en résolvant le mystère entourant cet assassinat. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Il ne faut pas que Flavia se mette en danger par entêtement.

Ce roman possède tous les éléments pour faire un carton. Il y a un crime, d'étranges menaces, une histoire ressortie du passé, du mystère. Un oiseau mort est laissé sur le seuil de la porte, ce n'est pas l'oeuvre de la nature ni du hasard mais un message compréhensible que par un seul homme : le propriétaire du lieu. Puis, un corps est découvert : qui est-ce, comment est-il mort, pourquoi ici ? Enfin les indices mènent à une vieille histoire : un suicide. Pourquoi faire ressurgir ces lointains souvenirs après tant d'années ? Les personnages sont aussi haut en couleur : le père est inexistant, mystique, le jardinier est psychotique mais si doux qu'on si attache, les deux soeurs sont agaçantes et finalement inintéressantes, l'héroïne est complexe mais si prévisible.

Cependant, l'héroïne devient de plus en plus antipathique. Elle connait des choses mais en tartine son récit sans retenue, au point d'en lasser le lecteur. Chaque réflexion personnelle est le prétexte de citer un personnage "célèbre", une "gros" mot chimique ou une citation sans finesse. On aimerait lui donner des claques et lui enseigner l'humilité. Elle est aussi en conflit permanent avec ses soeurs, chose normale dans une fratrie. Mais le contexte en est malsain : c'est de la méchanceté pure qui ne fait pas sourire mais grincer des dents.

C'est difficile de définir si ce roman est adressé à la jeunesse ou à un public adulte. L'âge de l'héroïne faciliterait une identification par de jeunes lecteurs mais ses connaissances me rappellent, côté chimie, mes années de fac et, côté littéraire, ma première de lycée. L'auteur évoque bien des préoccupations d'adolescents : les disputes entre frères et soeurs, le rôle et place des parents, le besoin de se trouver, d'être reconnu, les premiers amours, les premières passions. Mais ces sujets sont traités dans des conditions particulières, extrêmes. Quant à l'enquête, les images ne sont pas choquantes, les enchaînements sont simples et logiques. Pas de pirouettes hasardeuses. Bien pour les jeunes.

J'ai eu bien du mal à rester accrochée au récit. J'avais hâte de connaître le dénouement de l'aventure mais le narrateur me hérissait le poil. Ça manque d'un peu d'humilité.