Mort d'encre (Coeur d'encre - Tome 3)
		Funke, Cornelia Edition : Gallimard Jeunesse 2010, 761 pages ISBN : 978-2-07-062203-0 22 €

Meggie et ses parents sont coincés dans le monde inventé par l'écrivain Fenoglio pour son livre Coeur d'encre. Mo ne semble pas prendre si mal la chose : son caractère a changé et il ressemble de façon de plus en plus frappante au Geai Bleu, personnage de brigand inventé lui aussi par Fenoglio. Sa femme Resa ne souhaite qu'une chose : revenir dans le monde réel et mettre en sécurité sa famille. Quant à Meggie, son coeur balance : le monde de Coeur d'encre lui plait, mais elle souffre de l'indifférence de Farid qui, au service d'Orphée, ne rêve que de ressuciter Doigt de Poussière...

Menacée par le tyran Tête de vipère, la famille va pourtant devoir faire un choix : trouver quelqu'un capable d'écrire les mots qui pourraient les renvoyer dans le monde réel ou bien rester à Ombra et participer à l'histoire, quelqu'en soit le dénouement.

Troisième et dernier tome de Coeur d'encre, Mort d'encre, comme son nom l'indique, est le volume le plus sombre de la série. On peut s'en rendre compte rien qu'au choix des citations qui introduisent chaque chapitre : Cornelia Funke a choisi des textes plus noirs, plus torturés - Oscar Wilde, Arthur Rimbaud et Markus Zuwak ont remplacé J. M. Barrie et Roald Dahl. L'heure des choix a sonné pour chacun des personnages : ils vont devoir trancher entre ce qu'ils désirent et découvrir qui ils sont réellement... Cette évolution est un bon point pour la série. Les personnages deviennent plus complexes et donc plus réalistes, et on comprend mieux leurs motivations qui, dans le second tome, étaient devenues un peu floues.

Il faut prévoir du temps pour savourer Mort d'encre : le suspense est absent ou presque de ses pages. L'intrigue avance lentement, trop lentement parfois. Je ne veux pas dire qu'on ne prend pas de plaisir à la lecture. C'est juste qu'on n'éprouve donc pas le besoin de lire de manière compulsive pour parvenir au plus vite au dénouement. J'ai préféré savourer chaque chapitre et son lot de descriptions magnifiques du monde magique et des états d'âme des personnages. Car si l'intrigue s'est un peu essoufflée au fil des tomes, le style de l'auteur, en revanche, a gagné en sensibilité. Dans ce troisième tome, l'écriture est vraiment remarquable, et certains passages sont si beaux que dans mon exemplaire, ils ont fini surlignés !

En somme, un très beau roman, qui vient clôturer en beauté une série fascinante sur le pouvoir des livres et de l'imagination.