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Devi, bandit aux yeux de fille |
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Mouchard, Christel Edition : Flammarion
2010, 258 pages
ISBN : 978-2-0812-2980-8
13 € |
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Inde. Années 80. Devî et sa soeur jumelle Shalini vaquent à leurs occupations d'adolescentes faméliques entre nettoyage forcé des latrines du riche propriétaire terrien de la caste des Takhur, rêve de mariage heureux pour la douce Shalini, vexations et rejet de la part des autres mallahs envers Devî qui a osé s'enfuir de chez le mari âgé qu'on lui avait octroyé, glissant ainsi de son passé de toute jeune fille à un statut de prostituée méprisable. Lorsque le chemin de cette dernière croise celui de Vikram le Bandit, elle se résout vite à le suivre afin que l'opprobre ne tombe pas sur sa soeur. Ce jeune mallah n'a jamais tué personne et se contente de kidnapper des takhurs afin d'obtenir des rançons. Leur rencontre est immédiatement placée sous le signe d'une réelle vénération que Vikram vouera à la jeune rebelle. Une mangouste lui a en effet sauvé la vie et semble attachée à ses pas. Elle devient alors Phoolan Devî, la déesse puis la Reine des Bandits. Intervient Singh, un jeune étudiant en droit, en stage dans l'équipe de police qui poursuit Vikram, Takhur et donc ennemi à priori, mais qui rêve d'une Inde plus juste et se fait le porte-parole d'Indira Gandhi, ministre de l'époque, laquelle oeuvrait pour l'abolition des castes. Ce jeune homme sème le trouble dans la vision binaire qu'ont les bandits du monde qui les entoure… Christel Mouchard a la plume élégante et précise. Elle mène son récit avec beaucoup d'efficacité. Le romantisme y occupe une place importante et de (très) jeunes filles pourront sans doute s'identifier à la jeune rebelle ou à sa soeur. Toutefois, après le récit d'Irène Frain en 1992, après l'autobiographie de cette femme devenue députée au sortir d'années de prison, après donc Moi, Phoolan Devi, reine des bandits, en ayant donc connaissance des viols qu'elle a subis, y compris par le chef initial des bandits et par son mari alors qu'elle n'avait qu'onze ans, des assassinats qu'elle aurait perpétrés mais qu'elle a toujours niés, ce récit romancé semble bien édulcoré. Certes, l'auteur a fait le choix de mettre en exergue les inégalités entre les castes, l'intraitable tempérament de l'héroïne et la coexistence d'une société moderne en devenir et de traditions millénaires. Mais l'on peut se demander si omettre des éléments aussi décisifs sans doute dans le parcours de Phoolan Devî, même en supposant que cela a été fait pour épargner de jeunes lecteurs, n'ampute pas ce portrait d’une certaine réalité. " J'étais une petite fille normale d'une famille de basse caste que l'on a mariée à 11ans. Mais quand la société m'a mise contre le mur, j'ai réagi. Je suis un être humain. ", Phoolan Devî. Le 25 juillet 2001, elle sera abattue devant son domicile.
Ecrite par , le 08 Mars 2010 à 17:03 dans la rubrique .
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