Samedi suprême (Les sept clefs du pouvoir - Tome 6)
		Nix, Garth Edition : Gallimard Jeunesse 2009, 237 pages ISBN : 978-2-07-062120-0 7,50 €

Suprême Samedi tourne en rond au sommet de sa tour. Elle travaille dure afin d'atteindre son objectif à savoir les Jardins Incomparables, territoire du sieur Dimanche. Dans ce but, elle construit une tour qui doit lui permettre d'accéder à cet ultime royaume qui lui demeure inaccessible et dont elle pense qu'il lui revient de droit.

Pendant ce temps, Arthur, s'efforce de sauver tous les mondes et, par extension, tout le monde. Il voudrait être partout à la fois mais cela est impossible. Après avoir bloqué le temps à l'aide de la clé cinquième, il rejoint le Bas palais afin de trouver une aide quelconque. Il se retrouve, cependant, assez rapidement dans une situation fort périlleuse dont il va devoir s'extraire au plus vite.

Ce chapitre des aventures de l'Héritier légitime de la grande Architecte est bien plus prenant que les tribulations précédentes mettant en scène la terrible Vendredi et laissant Arthur aux prises avec le monde de l'imprimerie. L'histoire semble plus fluide et le suspens qui règne empêche le lecteur de se détacher du récit et des péripéties qui surviennent au jeune homme et à sa compagne Suzy Turquoise Bleue.

Ce nouveau monde, celui de la puissante et cruelle Samedi est on ne peut plus difficile à endurer pour les Autochtones et les enfants du joueur de Flûte qui doivent travailler sous ses ordres. Tout y est contrôlé et au moindre faux-pas on peut se retrouver déclasser, ce qui est un immense déshonneur, voire abattu comme un chien. Il est vrai que la cruauté caractérise une grande partie des personnages puissants auxquels Arthur a été confronté jusqu'à présent comme si le pouvoir entraînait obligatoirement une dérive totalitaire induite par la crainte de perdre un statut et des privilèges enviables.

Ce qui est prépondérant dans cette aventure, bien plus qu'auparavant, c'est la transformation d'Arthur en Autochtone qui peut être perçue telle une métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte. Ce dernier est obligé de lutter pour ne pas se perdre en cours de route et ne pas se laisser submerger par des émotions, des sentiments qui ne lui appartiennent pas en propre. Heureusement que son bon sens et son côté réaliste l'empêchent de se laisser entraîner sur la mauvaise pente. Sa manière concrète d'appréhender les problèmes lui permet encore d'éviter de sombrer dans les lamentations, l'apitoiement sur soi. Elle lui interdit également de courber l'échine sous le poids du fardeau qui pèse sur ses épaules car il ne joue ni plus ni moins que le rôle du sauveur et pas seulement du royaume des hommes. Ainsi, au cas où cela serait passé inaperçu jusqu'à présent, les similitudes avec la Bible, essentiellement l'épisode de la Création, se dessinent de plus en plus nettement. Ce processus avait déjà été amorcé avec le symbolisme véhiculé par le chiffre sept.

Cet avant dernier tome est réellement passionnant et le fait qu'il s'achève de manière brutale, en laissant en suspens l'ensemble de la situation ne peut que susciter le fort désir de voir l'auteur ne pas laisser trop de temps filer avant de donner une conclusion à cette épopée haletante. Il est vrai que cela représente une des caractéristiques de l'écriture de Garth Nix, notamment concernant cette série, car chaque fin de chapitres est une sorte de répétition du final. En effet, la plupart se closent sur une action inachevée de sorte qu'il devient assez difficile de lâcher le livre. Ce procédé existe donc pour maintenir le lecteur en haleine ce qui, dans le cas de Samedi Suprême, fonctionne à merveille puisque en plus d'être le pénultième chapitre des aventures d'Arthur, il est également un des plus plaisants et intéressants. Une bonne mouture qui devrait inciter les gens à découvrir cet auteur qui possède toutes les qualités requises pour séduire un large public.