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Debreuve-Theresette, Adeline

 
  Debreuve-Theresette, Adeline
 

Interview d'Adeline Debreuve-Theresette recueillie par Naolou à l'occasion de la sortie de De notre sang aux Editions du Petit Caveau.

Naolou : Bonjour Adeline ! Merci de répondre à cette interview pour les Chroniques de l'Imaginaire. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Adeline Debreuve-Theresette : Bonjour ! J'ai 25 ans, je vis en Champagne, et je suis actuellement toute jeune médecin dans le domaine de la santé publique et de la médecine sociale. La lecture est ma principale passion, suivie de près par l'écriture. Je m'intéresse également beaucoup à la musique, à laquelle mon mari m'a initiée.

N : Qu'est-ce qui t'a amenée à l'écriture ?

A D-T : J'ai toujours beaucoup lu, et c'est donc tout naturellement que je me suis moi-même essayée à l'écriture. J'ai débuté vers 8 ou 9 ans ; à l'époque j'avais une petite machine à écrire électronique. Il me reste encore quelques vestiges de ce que j'ai écrit à cette époque ! J'ai écrit d'avantage à l'adolescence.

N : As-tu rencontré des difficultés pour te faire éditer ? As-tu présenté ton texte à d'autres maisons d'éditions que Le Petit Caveau ?

A D-T : J'ai eu énormément de chance pour De notre sang : c'est Ambre Dubois, des Editions du Petit Caveau, qui m'a contactée après avoir lu l'ébauche de cette nouvelle, en accès libre sur Internet à ce moment-là. Elle m'a proposé de me faire passer en comité de lecture dans sa nouvelle maison d'éditions, en vue d'une éventuelle publication. C'était une chance inespérée ; je n'avais jamais imaginé qu'une telle opportunité me serait proposée un jour ! Je n'avais alors jamais soumis d'autres textes.

N : Tu t'es dirigée, pour ce premier roman, vers la littérature fantastique. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix ?

A D-T : Avec De notre sang, c'était la première fois que je me lançais dans le fantastique, mais l'idée du vampire s'est imposée d'elle-même. L'histoire me trottait dans la tête depuis quelques temps. Cela dit, j'ai tendance à considérer De notre sang d'abord comme une nouvelle sentimentale et romantique plutôt que comme un écrit fantastique.

N : Gardes-tu le souvenir de ta première rencontre avec le fantastique ? Un livre, un film, une histoire qu'on t'aurait racontée enfant ?

A D-T : Avant d'écrire De notre sang, j'avais lu les premiers volumes des Chroniques des vampires d'Anne Rice, ainsi que le classique Dracula de Bram Stoker. Mais je pense que ma première véritable rencontre avec l'univers fantastique est due à Mathieu Gaborit, un excellent auteur français que j'ai découvert tout à fait par hasard, grâce aux Chroniques des Crépusculaires. J'avoue que je n'ai pas une très grande culture de l'univers fantastique ; je suis plus à l'aise avec la littérature dite "classique"...

N : As-tu lu les récentes séries Fascination, Journal d'un vampire et autres Vampires de Manhattan ? Les as-tu appréciées ? D'après toi, en quoi ton livre est-il différent ?

A D-T : Je n'ai lu que la saga de Stephenie Meyer, que j'ai plutôt appréciée, à l'exception du dernier tome, qui m'a laissée perplexe ! J'aime cet engouement autour du thème des vampires, parce qu'il stimule l'imaginaire et qu'il crée un effet de foule qui incite le public à lire (particulièrement les jeunes). Je dirais que De notre sang est différent de ces livres car c'est avant tout une histoire d'amour. Que l'un des personnages soit un vampire m'apparaît comme un fait secondaire : il permet surtout de camper un décor et de créer une ambiance dans laquelle l'intrigue peut se dérouler.

N : Pourquoi avoir choisi Dracula comme personnage central de ton livre, plutôt qu'un vampire "anonyme" ?

A D-T : Dracula est LE vampire par définition : il remplit tous les critères que l'imaginaire populaire attribue à ces créatures : puissance mystique, charme... Son nom est universellement connu. De plus, l'intrigue nécessitait une notion d'immortalité complexe et équivoque, qui me semblait particulièrement bien correspondre à ce personnage.

N : Quelle est ta vision de cette créature ? Quels films ou livres traitant du vampirisme t'ont marquée ?

A D-T : J'ai l'impression que les nombreuses créations autour du vampire apportent chacune une vision bien personnelle du mythe. Je vois le vampire comme une créature très ambiguë, perpétuellement partagée entre la vie et la mort, l'humanité et le démoniaque ; c'est pour cela que j'ai placé le personnage de Dracula, vampire, au coeur d'une histoire d'amour, qui me semble le sentiment le plus humain qui soit. Je pense que je n'ai pas assez développé ma vision personnelle du vampire dans ce livre, notamment en ce qui concerne les détails (résistance à la lumière, etc...).
Le Dracula de Stoker m'a particulièrement marquée, même si l'auteur fait passer le vampire au second rang derrière la "vedette" Van Helsing ! Les Chroniques des vampires d'Anne Rice font une part plus belle aux vampires, bien que pas toujours très élogieuse !

N : Dans De notre sang, on note de très nombreuses références religieuses (nom et prénom d'un des personnages principaux, noms des chapitres, intervention d'un homme d'Eglise dans le fil de l'intrigue...). Peux-tu nous expliquer les raisons de ce choix ? Pourquoi avoir choisi de mêler religion et créature surnaturelle ?

A D-T : N'ayant reçu aucune éducation religieuse, toutes les religions, y compris monothéistes, m'apparaissent comme une forme de mythologie, avec toute la culture associée. Le vampire appartient lui-même à plusieurs mythologies, et possède indéniablement un aspect diabolique, dans le sens de créature maléfique, voire satanique, dans notre culture européenne et judéo-chrétienne ; plusieurs ouvrages (livres ou films) traitent de cette représentation. En outre, l'histoire se passe à la fin du dix-neuvième siècle, une époque où la remise en question de la religion était majeure.

N : Parle-nous un peu de ton travail d'écriture. Comment s'est passée la rédaction de ce premier roman ? Combien de temps as-tu consacré à son écriture ? As-tu une méthode particulière, un "rituel" d'écriture ?

A D-T : J'ai écrit De notre sang il y a un peu plus de cinq ans (en juin 2004), en environ une semaine. C'était une expérience assez inhabituelle car c'était la première fois que j'écrivais un tel volume en si peu de temps, et surtout d'un seul jet. En règle générale, j'écris des textes ou des nouvelles courtes (une douzaine de pages). Ecrire est pour moi une forme d'apaisement, qui me permet de faire le point sur mes émotions. Je n'ai pas de rituel particulier ; je peux écrire n'importe où, n'importe quand, à la main ou sur un clavier. Il faut simplement que je sente que c'est le bon moment. Je ne peux pas m'obliger à écrire, je n'ai pas cette discipline, et c'est sans doute pour cela que l'écriture reste un passe-temps, et non une activité à temps plein !

N : Ta maîtrise de la langue est impressionnante et donne une couleur très particulière à ton texte. Quelles sont tes influences littéraires ?

A D-T : J'admire tout particulièrement Emile Zola, qui est pour moi le plus grand auteur français de tous les temps. Il a réussi à exceller dans tous les domaines : romans, nouvelles, critiques, théâtre et même poésie ! Il a su créer un courant littéraire novateur. Il s'est également illustré dans d'autres domaines que la littérature : c'était un grand humaniste. Je suis également influencée par les auteurs anglaises du dix-neuvième siècle, comme Jane Austen et les soeurs Brontë. J'ai un penchant pour la littérature jeunesse, que ce soit les classiques oeuvres de la Comtesse de Ségur ou le plus récent Harry Potter. Enfin, je m'intéresse aux textes de chansons autant qu'aux mélodies (c'est pour cela que chaque chapitre de De notre sang s'accompagne d'extraits de chansons), ainsi qu'aux biographies d'écrivains et musiciens.

N : J'ai constaté un peu partout sur Internet (et je suis du même avis !) les attentes des lecteurs concernant des pistes qu'on aurait aimé voir plus exploitées dans De notre sang. As-tu un projet de suite ?

A D-T : Il y a eu un projet de suite juste après l'écriture, mais plus le temps passe, plus je prends mes distances avec cette idée. Actuellement, j'ai d'autres projets d'écriture. Cependant, les encouragements et les échos que je reçois à ce sujet sont suceptibles de modifier mes priorités !

N : Parle-nous de ces projets. D'autres textes dorment-ils dans tes tiroirs ?

A D-T : J'ai écrit plusieurs nouvelles sentimentales, de taille variable ; et je continue à en écrire, avec une fréquence de production très irrégulière (qui dépend de mes obligations professionnelles, mais aussi de mon état d'esprit). J'ai également un nouveau projet sur le thème des vampires, mais ce n'est qu'une ébauche pour l'instant !

N : Quel(s) livre(s) lis-tu en moment ?

A D-T : Je viens de terminer Sylvie et Bruno de Lewis Carroll, que j'ai adoré. J'aime la littérature classique ; j'ai 25 ans, donc encore relativement peu d'expériences littéraires, et énormément de choses à découvrir. Prochainement : Steinbeck, Cavanna et Amélie Nothomb !

N : Quel est ton dernier coup de coeur en matière de livre ?

A D-T : J'ai découvert Romain Gary il y a quelques semaines, un véritable coup de foudre, en particulier ses dernières oeuvres, comme Clair de Femme et Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable, qui est devenu mon livre de chevet. Je l'ouvre au moins une fois par jour pour relire des passages qui m'ont profondément émue. Son style est un vrai délice ; ses mots parlent d'amour avec une sensibilité exceptionnelle.

N : Merci à toi d'avoir consacré un peu de temps à cette interview. Je te laisse le mot de la fin ?

A D-T : Merci à toi, ainsi qu'aux Editions du Petit Caveau pour m'avoir donné ma chance, et, surtout, aux lecteurs, qui sont la meilleure source d'inspiration qu'on puisse imaginer ! Comme l'a écrit Romain Gary : "Rien ne vaut la peine d'être vécu qui n'est pas d'abord une oeuvre de l'imagination"...

Ecrite par Naolou, le 28 Octobre 2009 à 12:10 dans la rubrique Interviews .
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