Alibis - Numéro 30
		Alibis Edition : Les Publications de Littérature Policière Inc. Printemps 2009, 160 pages ISSN : 1499-2620 10 $

Comme une oeuvre de Turner, de Leslie Watts : dur, dur d'être prise au sérieux en tant que peintre, quand on est une fille de dix ans petite pour son âge ! A mon sens, le meilleur des trois textes proposés, grâce à une écriture d'une parfaite précision, façon puzzle, à un humour sous-jacent discret mais bien présent, et bien sûr grâce à ce personnage extraordinaire qu'est la jeune Marion Taylor.

Petites coupures, de Michel-Olivier Gasse : de l'argent ayant disparu de l'appartement que partagent trois hommes célibataires, Dany, l'ouvrier étanchéiste est immédiatement soupçonné, mais c'est vraiment le moindre de ses problèmes ! Cette nouvelle au rythme enlevé, non dénuée d'humour, est agréable, mais parfois difficile à lire pour les lecteurs français peu familier des tournures et expressions argotiques québécoises.

Les cathédrales de la mort, de Jean-Jacques Pelletier : des attentats détruisent des hauts lieux de la civilisation occidentale (Abbaye de Westminster, N-Dame de Paris...) et l'Oratoire, à Montréal. Cette longue nouvelle n'en est pas vraiment une, et cela se sent. En fait, elle est très frustrante pour le lecteur qui n'est pas familier de l'oeuvre de Pelletier dans laquelle elle s'insère, et qui a du mal à suivre, voire même à s'y intéresser, d'autant que Théberge, censé "parler avec les morts" n'y réussit pas ici, ce qui est très décevant.

En revanche, l'article critique de Jean-Jacques Pelletier sur le genre polar est extrêmement bien fait et passionnant, soutenant l'idée, bien argumentée, que là où la littérature générale a "agi" la fragmentation et l'individualisation de la société (par le Nouveau Roman, notamment), cette para-littérature les a représentées en son sein même, en changeant ses propres codes.

L'article de Frédéric Hardel, Un paria à Paris, sur le salon de Montigny les Cormeilles, est à la fois intéressant et touchant à lire : la position particulière de son auteur colore ce compte rendu de façon très personnelle, et l'écriture en est fort habile.

Enfin, les critiques sont bien faites et intéressantes, respectueuses à la fois du travail de l'auteur, et du plaisir du lecteur potentiel, et on y trouvera sans faute des idées de lecture.