Le peuple d'en haut (La cité de l'ombre - Tome 2)
		DuPrau, Jeanne Edition : Folio Junior 2005, 378 pages ISBN : 978-2-07-051491-9 7,50 €

Quelques jours après avoir réussi à s'extirper d'Ember, leur cité souterraine, Lina et Doon sont rejoints par une grande majorité de leur peuple. Quelques personnes, dont le maire, ont péri dans la bousculade causée par leur fuite. C'est pourtant près de quatre cents âmes qui marchent vers Sparks, le village le plus proche de la sortie d'Ember...

Les habitants de Sparks voient d'un bien mauvais oeil l'arrivée de ce peuple étrange et émacié qui prétend sortir de sous la terre. Le peuple d'Ember vient doubler leur population : où les loger ? avec quoi les nourrir ? Tant bien que mal, la solidarité s'organise, mais dans cette ambiance tendue, un rien peut mettre le feu aux poudres...

Jeanne DuPrau situe la suite de La cité de l'ombre deux siècles après notre ère. Le monde a été dévasté par le Grand Malheur (une succession de guerres et de catastrophes écologiques) qui a éradiqué les trois quarts de l'humanité. Les survivants sont regroupés en villages, comme celui de Sparks, et tentent de se reconstruire dans un monde qui ne connaît plus les médicaments, l'essence ou l'électricité.

Dans cette atmosphère chaotique se renoue un des drames qui a été la cause du Grand Malheur. Le peuple de Sparks a l'impression d'être lèsée par l'arrivée de celui d'Ember, qui mange les provisions si difficilement mises de côté ; le peuple d'Ember se sent rejeté par celui de Sparks et revendique de plus en plus de droits dans ce village. La tension monte, les rivalités couvent et la guerre se prépare.

Le peuple d'en haut est un roman un peu moins prenant que La cité de l'ombre, dans le sens où l'action est reléguée au second plan. Jeanne DuPrau s'est essentiellement concentrée sur la psychologie des personnages et sur les mécanismes de la peur de l'étranger et de l'inconnu. La réflexion qu'elle propose est fine, accessible aux enfants et intéressante pour les adultes : l'homme serait condamné, par sa nature même, à une tendance à répéter sans cesse les mêmes erreurs, courant ainsi à sa perte. En s'interrogeant sur le sens de ses actions, il serait pourtant possible de renverser la vapeur... Le message est intelligent et fait sortir ce livre destiné à la jeunesse des sentiers battus.

Toujours aussi agréablement écrit, ce second tome propose une alternance de point de vue entre le peuple d'Ember et celui de Sparks. Cette alternance donne corps à l'intrigue et met en lumière l'épaisseur psychologique des personnages créés par Jeanne DuPrau.

Le peuple d'en haut n'offre pas vraiment d'informations supplémentaires sur la création de la cité d'Ember, mais cette lacune sera comblée avec le troisième tome (L'oracle de Yonwood). Les deux premiers tomes peuvent donc se lire comme des histoires indépendantes, bien différentes mais passionnantes toutes les deux !