La nuit d'Utopia
		Bertrand, Stéphane & Fallour, Romuald Edition : Asmodée 1998, 239 pages ISBN : 2-911103-24-6

Ce sont bientôt les fêtes de fin d'année. Et Utopia n'échappe pas à la règle. Les vacances scolaires approchent, et les jeunes de la Petite et de la Grande Université se préparent pour profiter des quelques jours de congés qu'ils vont avoir.

Seul Clarence Frugati ne semblait pas particulièrement enchanté d'être en congés. Il le savait bien que Brad, son père adoptif, ne le laisserait pas se prélasser tranquillement avec ses amis au dehors. Il voudrait encore le faire travailler dans son garage, car il n'arrivait pas à faire tout seul ce pourquoi il était payé. Boire ou travailler, il faut choisir. Et Brad avait choisi que Clarence travaillerait à sa place. Et ce n'est pas la jeune femme que lui a montrée son ami Geoffrey Sullis du haut d'un arbre, une étudiante de la Grande Université, socialement plus élevée donc, qui pourrait lui mettre du baume au coeur.

Venir de la Capitale jusqu'à Utopia à pied n'est pas la chose la plus aisée et la moins fatigante à faire. Non pas que le but de Samuel Grosbard ai été de venir forcément à Utopia, mais il fuyait la Capitale, et par ce temps neigeux et froid, il se dit que cette ville ou une autre serait la même chose pour se reposer quelques temps. Mais malheureusement, avec les quelques sous qu'il avait en poche, il ne pouvait pas espérer grand chose, même dans une petite ville comme Utopia. Il lui fallait trouver un emploi. Qui pourrait bien vouloir l'embaucher en cette fin décembre ? Tous n'avaient que leur dinde et leurs cadeaux en tête. Mais le docteur Zack Reno avait besoin de quelqu'un, et lorsque Samuel Grosbard l'aida à se défaire d'un agresseur qui le menaçait de son couteau, eh bien l'affaire fut réglée. Il avait un emploi, et un endroit où dormir, Zack Reno lui offrant une petite couche dans sa caravane des quartiers pauvres de la ville.

Ian Watkin n'était pas au plus à l'aise en cette fin d'année. Tout d'abord il devait assister à un discours de l'actuel maire, discours comptant pour les futures élections qui devaient se dérouler bientôt. Il se moquait de la politique, mais se devait d'y aller de par sa position de commissaire de la ville d'Utopia. Sa femme Rosanne insista pour qu'il s'habille avec un peu plus d'élégance qu'à l'accoutumé. Mais il se sentait mal à l'aise dans ce costume qui ne lui ressemblait pas. Et puis il lui fallait parler au maire, Bob Darvel. Une affaire l'inquiétait au plus haut point. On avait appris que Johnny Vice, l'Egorgeur, s'était évadé de son asile psychiatrique, et qu'il y avait de fortes chances pour qu'il soit à Utopia en ce moment même; le commissaire et ses hommes devaient redoubler de vigilance pour le moment.

Lucy Bromowski ne savait pas ce qui l'avait réveillé en plein milieu de la nuit. Un rêve, un cauchemar ou des bruits dans la maison ? Elle ne se sentait pas très bien, ni très à l'aise, aussi descendit-elle l'escalier qui menait à la bibliothèque municipale d'Utopia. Elle était la fille du bibliothécaire, et ils habitaient tous deux dans les étages au-dessus de celle-ci. Elle n'avait pas allumé la lumière, mais malgré l'obscurité elle sentit rapidement comme une présence près d'elle. Elle ne remarquait rien qui put lui faire croire qu'il y avait quelqu'un dans leur maison, mais elle avait ce sentiment d'être épiée. Ce n'est que lorsqu'une des immenses armoires de la bibliothèque lui tomba dessus, et qu'elle distingua quelqu'un s'enfuir par la trappe dans le plafond de la salle avec un énorme volume sous le bras qu'elle sut qu'elle ne s'était pas trompée.

Le lendemain, Lorna Sullis, la mère du jeune Geoffrey constata que son fils avait disparu.

Puis on retrouva le corps de Geoffrey, égorgé.

Alors, ce fut le début de la Nuit sur Utopia, une nuit comme il n'y en avait jamais eu. Une nuit dont personne ne savait ce qui allait en sortir, ni si il serait possible de l'arrêter.

La Nuit d'Utopia est un roman vraiment original. Il mêle une bonne dose de fantastique avec une enquête relativement bien ficelée, et les personnages ne sont pas juste des pions servant à raconter l'histoire. Ils ont du volume, qui s'épaissit à chaque page. L'auteur ne se contente pas de simples descriptions d'événements, mais arrive à mettre ebn scène des personnages attachants, quoique disparates. Ce livre est certes un roman fantastique d'épouvante, mais de très bonne facture. Et il n'est pas réservé qu'aux seuls initiés de ce genre, et s'adresse à tous, de par l'intelligence de son intrigue. Il se lit très bien. Mais attention, une fois que vous aurez mis le nez dedans, il sera assez difficile de l'en retirer.

Vous laisserez-vous tenter par la Nuit d'Utopia ? Je l'espère, car sinon vous passeriez à côté d'un livre vraiment original, et qui met un peu de nouveauté dans le monde de la littérature fantastique.