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Rosenblum, Mary

 
  Rosenblum, Mary
 

Avec son second roman, Chimère, premier de ses ouvrages à avoir été traduit en français, Mary Rosenblum nous ouvre les portes d'un monde à la Gibson, où les gens vivent dans des univers créés de toutes pièces, retranchés dans des villes souterraines et dirigent des empires financiers à partir de leurs cabinets virtuels... entretien avec un auteur du futur.

Zaahne : la plupart de vos romans présentent un futur assez noir, où les humains ont échoué à ralentir le réchauffement climatique, vivent sur des stations orbitales ou souterraines. Pensez-vous que notre planète sera bientôt inhabitable ? Est-il déjà trop tard ?

Mary Rosenblum : J'ai effectivement tendance à extrapoler à partir des courants que je vois dans la société d'aujourd'hui. J'espère sincèrement que mes avenirs ne se réaliseront pas, mais je tiens à ce que les gens réfléchissent à ce vers nous nous dirigeons.

Z : dans tous votre livres, vous présentez des luttes politiques et financières. Le pouvoir, l'ascension sociale semble être le but ultime de l'humanité. Est-ce un portrait de l'humain tel qu'il est ou tel que vous craignez qu'il ne devienne ?

MR : Je ne considère certainement pas que le pouvoir, qu'il soit politique ou social, soit le but ultime de l'humanité, mais j'ai en effet remarqué que c'était une réalité qui jouait un énorme rôle dans la manière dont le monde fonctionne de nos jours. Mon espoir est que la race humaine puisse évoluer au-delà de nos préoccupations envers le pouvoir et l'appartenance à des groupes sociaux.

Z : Chimère présente des personnages particulièrement atypiques. Bijou Martina est une femme ambitieuse et un peu aigrie, David Chen est un artiste homosexuel qui a coupé les ponts avec sa famille traditionaliste, Flanders, son amant, est drogué. Vos personnages sont-ils des symboles ?

MR : Ce ne sont pas réellement des symboles mais plutôt les reflets de gens réels. Ce ne sont pas des « héros » stéréotypés qui n'auraient ni faiblesses personnelles ni idiosyncrasies.

Z : Ces héros peuvent créer des doubles virtuels d'eux-mêmes, qui leur permettent de mener à bien leurs transactions commerciales, de communiquer avec des proches... tout en camouflant leur sentiment. Le paraître prime sur l'être. Une critique de notre obsession de l'apparence ou de la peur d'exprimer nos sentiments, de réprimer nos doutes ?

MR : C'est plus une critique de nos façades... qui de nous présente sincèrement sa vraie personnalité aux gens en permanence ? Nous portons de nombreux masques ; d'énergique chef de direction, de femmes séductrice et attirante, de mère parfaite, d'employé idéal. Et combien de fois ce masque ne fait-il que quelques centimètres d'épaisseur, tandis que nous cachons la vraie personne dessous ? Nous pratiquons la « réalité virtuelle » tout le temps dans notre vie de tous les jours, même quand nous ne sommes pas sur internet.

Z : Un des personnages, le magnat vieillissant Harmon Alcourt, dit à son employés Bijou qu'elle se vendrait elle-même pour assouvir son ambition, mais que c'est justement la partie d'elle qui n'est pas à vendre qu'il désire. Il dit que tout le monde a son prix. Est-ce une forme de pessimisme, ou la dénonciation d'une société où tout peut s'acheter ?

MR : C'est ce que beaucoup de gens croient, dont la plupart occupent des postes dominants que tout le monde a son prix. Une de mes croyances, et une à laquelle j'essaie de donner vie à travers mes personnages, est que certaines personnes ont des valeurs essentielles qui n'ont pas de prix, et ne peuvent être acheter en aucune circonstance.

Z : vos personnages viennent d'horizons très différents, et fuient tous un passé dur à porter. Ils portent, en fait, un masque au quotidien, y compris dans le monde réel. On dit souvent qu'internet rapproche les gens, mais il les sépare aussi, offrant une illusion aux regards... Pensez-vous que le virtuel, pour nous, soit devenu une forme de camouflage pour éviter les contacts humains ?

MR : Là, je vais devoir répondre à la fois par oui et par non. Internet a, je crois, donné aux gens limités par la distance, l'argent ou le manque de confiance en soi l'opportunité d'interagir avec les autres et de commencer à voir le monde comme un endroit sans frontières nationales. Combien de gens envoient des messages, des SMS ou chattent online à travers le monde ? Je discute de façon quotidienne avec des étudiants et d'autres auteurs sur des continents à l'autre bout de la planète. Mais le revers de la médaille, c'est la dissolution de la communauté physique. Nous pouvons nous retrancher derrière nos murs et dans nos mondes virtuels, et nos voisins n'existent pas réellement. Ce sens de la communauté « matérielle »... celui où on s'entraide parce qu'on partage le même espace et qu'on a des besoins en commun, est diminué dans les zones urbaines et résidentielles de notre société.

Z : En tant qu'auteur, vous avez écrit des romans policiers sous le pseudonyme de Mary Freeman. Que pensez-vous de cette tendance de l'être humain à se cacher sous d'autres identités ? Votre série Gardening Mysteries est d'ailleurs très différente de vos livres de science-fiction. Comment expliquez-vous cette dichotomie ?

MR : Ah, nous portons tous de nombreux masques, même si je ne fais aucun effort pour cacher le fait que je suis Mary Freeman pour les romans policiers. J'ai été un peu désolée d'avoir utilisé un pseudonyme d'auteur, même si c'est en fait mon nom de jeune fille. Un ami auteur m'a suggéré que mes lecteurs de SF seraient déçus par la série policière à l'atmosphère douce que j'étais en train d'écrire, et que mes lecteurs que policiers n'apprécieraient pas ma SF, donc un nom différent permettrait de mettre les choses dans l'ordre. Eh bien, je n'ai pas trouvé que c'était le cas... Mes lecteurs de policiers qui lisent la SF l'apprécient, même si c'est plus sombre et « dur » que la série de thriller, et mes lecteurs de SF qui ont lu les policiers ont aimé les histoires plus légères de Gardening Mysteries. C'est comme ça que je me suis imposé beaucoup de travail, à devoir faire correspondre les deux noms. On apprend de ses erreurs ! Mais c'est un moyen facile de s'y retrouver... si c'est du policier, c'est Freeman, et si c'est Rosenblum, c'est que ce n'est pas un thriller. J'écris aussi dans d'autres genres, y compris de la fantasy plus traditionnelle et mon projet en cours, une uchronie, où la Chine se développe pour devenir un puissance maritime qui forme une alliance avec les cultures méso-américaines avant l'arrivée de l'Espagne.

Z : Chimère, votre second roman, est le premier à avoir été traduit en français. Avez-vous d'autres projets de livres dans notre langue ? Quelle est votre actualité d'auteur ?

MR : Jusqu'à présent, Chimère est mon seul roman a avoir été traduit en français. J'espère que d'autre le seront aussi. Mes projets en cours, en plus des nombreuses nouvelles qui sont toujours en cours, comprennent l'uchronie dont je viens de parler, située au XVIIIe siècle dans l'empire Aztèque, ainsi qu'une histoire de fantasy pour jeunes lecteurs dans un monde aquatique. Ce sont des projets en cours, donc je n'ai pas encore de date de publication. L'uchronie a demandé énormément de recherches, puisque je réécris essentiellement la politique mondiale à partir du XIVe siècle. (La France s'en tire plutôt bien, au fait, dans cette organisation mondiale alternative !)

Ecrite par Zaahne, le 24 Janvier 2009 à 08:01 dans la rubrique Interviews .
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