Masques Mortuaires (Les Dossiers Dresden - Tome 5)
		Butcher, Jim Edition : Bragelonne, Collection : L'Ombre 2008, 444 pages ISBN : 978-2-35294-210-8 12 €

Une fois n'est pas coutume, Harry Dresden, le seul magicien professionnel de Chicago est débordé. Tout commence sur un plateau télévisé où il a été convié à intervenir sur le sujet " Sorcellerie et magie : bidon ou merveilleux ? " N'étant pas totalement inconscient de l'effet produit par son don sur la technologie moderne, Harry a pris soin de s'entourer d'un sort qui fonctionne à merveille jusqu'à l'apparition sur scène d'un personnage dans lequel il reconnaît un puissant vampire. Ortega lui apprend qu'il est en ville pour le provoquer en duel et le tuer afin de mettre un terme à la guerre qui sévit entre la Cour Rouge et le Conseil Blanc des mages. Cette annonce mettant légèrement à mal la concentration de Harry, le studio se retrouve assez brutalement sujet à diverses pannes et bientôt la proie des flammes. Ensuite, pendant qu'il est occupé à fuir, le père Vincent l'aborde afin de lui expliquer sa présence à Chicago et la nécessité pour lui de s'adjoindre ses talents. Enfin chemin faisant, alors qu'il essaie de rallier la Coccinelle en compagnie de l'homme d'église, il se trouve pris sous le tir croisé des tueurs de Johnny Marcone. Il y a des façons plus calmes de commencer une journée.

Masques Mortuaires marque un tournant dans les aventures de Dresden car il est plus conséquent que les opus précédents, ce qui entraîne, inévitablement une hausse substantielle du prix et de l'action. Ce volume remet sur le devant de la scène Susan, la petite amie du magicien, qui a été mordue par un vampire dans le troisième tome ainsi que Michael le chevalier de la Croix venu cette fois avec des camarades de jeu. Si vous voulez découvrir le sort réservé au manteau en cuir ainsi qu'à la Coccinelle de Harry, qui sont les déniériens, nouveaux ennemis officiels du mage et si Charity va enfin se décider à avoir de la considération pour l'ami de son époux, ce roman est l'homme qu'il vous faut. Le pauvre Dresden n'a quasiment jamais l'occasion de réfléchir, et de se reposer encore moins. Il se trouve en permanence dans l'action, le danger ne le quitte pas d'une semelle bien que cela ne représente pas toujours une corvée, surtout lorsqu'il revêt les traits et la silhouette d'une superbe journaliste. Cette fois même Bob, l'esprit qui vit dans un crâne dans le laboratoire de Harry est mis à mal. Les sentiments, les nerfs et le calme du héros à l'humour le plus dévastateur du monde sont malmenés, sans compter que les méchants sont de vrais costauds, avec des pouvoirs à gogo et de la cruauté à revendre. On se laisse glisser avec plaisir dans cette nouvelle aventure comme on enfilerait avec satisfaction un vieux jogging confortable et familier. Harry, dans le rôle du héros récurrent, fait maintenant partie des meubles dans lesquels il est rassurant de s'installer puisqu'on est sûr du contenu à présent bien rodé. Une fois de plus Jim Butcher ne se contente pas d'inventer des personnages et des situations rocambolesques, il sème également des indices suscitant des interrogations à propos des parents de Harry Dresden.

Le seul petit reproche que l'on puisse encore faire concerne certains raccourcis littéraires un peu cavaliers qui nuisent à la crédibilité. Á la page cent cinquante-trois, on laisse Harry attaché à un anneau par des menottes et au chapitre suivant, sans explication, il est libre de ses mouvements et de se battre. Les fameuses menottes ne réapparaissent que bien plus loin dans le roman (p 184) quand le mage se voit contraint de s'en débarrasser avec l'aide de la fille de Michael. Cela paraît quelque peu léger comme traitement ; enfin on ne va pas chipoter devant quelques maladresses et incongruités étant donné que lorsque Harry rencontre Molly, cela donne lieu à un dialogue des plus savoureux. Il faut savoir s'en contenter.