Gorges Rouges
		H.M. Edition : Grasset Jeunesse, Collection : Roman grand format 2008, 156 pages ISBN : 978-2-246-73551-9 13,90 €

Alors qu'Alex et son ami Tiago se rendent à une convocation de leur professeur Monsieur Guillaume, pour cause de tricherie manifeste, ils se trouvent nez-à-nez avec un cadavre ainsi qu'une mare de sang. Encore sous le choc, ils décident de se rendre au réfectoire afin de mettre au courant de leur trouvaille les autres enseignants. Ceux-ci se mettent aussitôt en route pour constater de leurs yeux le sinistre spectacle et prévenir les autorités. Cependant lorsque le petit groupe rassemblé ne voit pas revenir la proviseure, partie téléphoner à la police, l'angoisse commence à se faire jour au sein du petit attroupement.

Ce roman policier qui a pour lieu d'action un lycée professionnel parisien, se présente avec un premier mystère, les énigmatiques et sobres initiales noires posées gentiment en haut de la couverture. Après une minutieuse enquête, qui se résume à aller faire un tour de reconnaissance sur le site de l'éditeur, il s'avère que celui qui se cache derrière cet anonymat est Hervé Moisan, lui-même professeur de lettres et d'histoire ainsi que journaliste au magazine Rock n'Folk.

Dans ce livre, on suit les aventures du jeune Alex, aux prises avec un crime qu'il ne comprend pas mais dont il semble deviner l'auteur et qui va devoir jongler entre l'aide fournie à la police et le respect d'un serment amical. Il vit seul avec sa mère, infirmière de profession, depuis la mort de son père, et, sans doute bercé par les séries télévisuelles, il pense pouvoir jouer les justiciers solitaires et résoudre l'énigme sans l'aide des forces de l'ordre. Il est accompagné dans ses péripéties par une jolie rousse répondant au nom d'Alexandra dont le caractère de feu est parfaitement assorti à sa flamboyante chevelure. Il y a également Tiago un grand noir pas futé mais sympathique ainsi que Johnny Moukrane, le petit dernier d'une famille d'immigrés, dont le chemin a quelque peu dévié vers la délinquance.

Ce livre très contemporain, caractérisé par un style familier et un langage cru et moderne (verlan, insultes et autres joyeusetés) colle à l'actualité et à l'époque puisqu'il décrit, dans un premier temps, le quotidien d'un lycée somme toute assez banal où se côtoient des élèves issus de différents milieux et d'origines diverses, pour ensuite élargir son champ d'action à une certaine façon de vivre en banlieue. Il met en avant les problèmes liés à la nationalité et à la couleur sans exagération et sans forcer le trait semble t-il, bien que comme tout angle de vision particulier, il demeure séléctif et orienté. On peut ici souligner le renversement de situation dont use l'auteur car si on est habitué au chevalier sauvant les gentes damoiselles dans les récits classiques, on l'est beaucoup moins aux jeunes demoiselles qui viennent secourir le héros en détresse, de manière plutôt sonore en ce qui concerne Alexandra.

Si l'on ajoute certains ingrédients comme un rythme rapide, une lecture accessible et une intrigue qui éveille la curiosité, on obtient un livre que l'on a du mal à lâcher. On veut absolument connaître le dénouement final, qu'il s'agisse de la résolution des crimes ou bien de l'évolution de la relation qui unit les deux protagonistes. Petite histoire sans prétention dans laquelle il est très étonnant de voir figurer de doux anachronismes incarnés par des R 11 et des R 16 (voir page 124). Au milieu de toute cette contemporanéité, cela fait un peu tâche, surtout aux vues des véhicules dans lesquels se déplacent les policiers dans la moindre série française, du moins celles que l'on a eu le courage de regarder une fois. C'est peut-être cela que l'on peut qualifier de fiction si l'on se fie au professionnalisme d'un journaliste ou bien encore est-ce une façon de mettre en lumière un manque de moyens au sein des institutions en charge de la protection de la population.