Les Orphelins de Naja
		Le Gendre, Nathalie Edition : Mango, Collection : Autres Mondes 2008, 202 pages ISBN : 978-2-7404-2197-0 9 €

Ana avait trois ans lorsqu'elle a été enlevée par des kidnappeurs puis envoyée sur une autre planète par l'inconnu qui ne voulait pas la laisser mourir. Depuis, son père, le secrétaire général Ngadi Mebeghe, secrétaire général de l'Organisation Mondiale pour la Protection de l'Enfance a dédié sa vie à la sauvegarde des enfants. Il est même à la tête du projet « Terre saine de corps et d'esprit », un programme qui prévoit le transfert d'enfants victimes et marginalisés sur Terre dans des orphelinats spéciaux construits sur Naja, plante colonisée en parallèle par l'église et l'armée, où ils seront protégés et éduqués.

Mais presque quinze ans plus tard, Ngadi affronte un triste bilan de son projet : l'église a perverti le sens de sa mission et les enfants sont devenus les victimes des réseaux pédophiles qui règnent en maîtres sur la planète. Poussé par son assistant, Ngadi accepte une solution extrême : former des enfants soldats pour infiltrer les diocèses, soirées pédophiles où les enfants se droguent pour supporter l'insupportable, et faire tomber les ecclésiastiques coupables. Sauf que c'est à ce moment-là que sa fille aînée lui apprend qu'elle a décidé d'aller sur Naja en mission humanitaire, ignorante de la situation réelle.

Et sur Naja, des enfants souffrent, comme Jack et Carlotta qui, à douze et quatorze ans sont devenus des habitués des soirées de l'évêque et survivent grâce à leurs drogues, comme Khisana, qui a été violée par son tuteur pour lui éviter d'être envoyée dans une maison de passes, et a été séparée de son enfant, a perdu la mémoire et est devenue une espionne, une machine à tuer

On attend beaucoup de ce roman au vu du thème choisi et du quatrième de couverture. Et effectivement, le scénario est riche, traite des sujets abordés avec intelligence et propose une réflexion profonde sur les différents abus, sur l'ampleur des maltraitances et sur la perversion des adultes. Les personnages sont attachants et très vivants, le lecteur s'identifie très bien à eux, même si l'héroïne Khisana paraît beaucoup plus vieille que ses dix-sept ans.

Toutefois, et c'est un point qui m'a profondément déçue compte tenu que la richesse de l'intrigue et des réflexions, on a souvent l'impression que l'auteur « survole » les anecdotes, ne fait qu'effleurer les événements et propose souvent au lecteur des chapitres brefs, qui racontent très brièvement les événements sans que l'on puisse s'y plonger. La narration est elle aussi hélas un peu trop simplifiée, comportant de nombreuses répétitions et des dialogues parfois trop littéraires, on n'a pas réellement l'impression de voir des adolescents dialoguer.

Donc un avis mitigé pour ce roman jeunesse qui semble avoir été simplifié un peu trop pour des enfants et qui manque, du coup, de réalisme et d'enjeux dans l'histoire. On lit ce roman plutôt qu'on ne le vit, et c'est bien dommage car il a beaucoup de potentiel.