A l'assaut des ténèbres (Les portes du temps - Tome 1)
		Cooper, Susan Edition : Folio Junior 2007, 396 pages ISBN : 978-2-07-050857-0 7,20 €

A la veille du solstice d'Hiver, Will Stanton est plus qu'exité. Déjà parce que le lendemain c'est son anniversaire, le onzième, et d'autre part parce qu'il voudrait qu'il neige et que le temps semble s'y prêter. Cependant Will semble remarquer que les animaux de la maison - on pourrait pratiquement dire une ferme comme plaisantent les voisins - ont un comportement étrange avec lui, alors qu'avec son frère James ce n'est pas le cas. De plus un promeneur étrange erre en le regardant, Will en mettrait sa main à couper. Le Marcheur, l'appelle M. Dawson le véritable fermier voisin, est de sortie. M. Dawson offre aussi à Will un étrange objet en fer, un cercle plat divisé en quatre par deux lignes qui se croisaient. Will reçut alors comme instruction de le garder dans sa poche, puis de l'accrocher à sa ceinture tout comme un ornement.

Sur la route du retour, les choses ne font rien pour s'arranger : le marcheur se fait attaquer par des corbeaux ! De retour à la maison, Will s'aperçoit que son frère a déjà oublié cette attaque et la neige commence alors enfin à tomber, avec la nuit. Celle-ci va d'ailleurs être bien mouvementée. La fenêtre de la chambre de Will céda alors que l'occupant de la pièce lui était submergé d'une vague de frayeur sur les événements étranges aperçus ce jour. Heureusement un autre de ses frères, Paul, lui propose de changer de chambre afin qu'il ne dorme pas tout seul, ce qui rassure le plus jeune de cette grande famille. Au réveil, une étrange musique se lève le réveillant puis disparaissant dans les limbes de sa conscience. Après s'être habillé, muni de sa ceinture ornée, Will s'aperçoit qu'il est le seul à s'être levé... que personne d'autre ne semble capable de s'éveiller !

A l'assaut des ténèbres est le premier volume d'une série de Susan Cooper datant des années 70. Une série qui a de faux airs de Narnia ou du Fermier Gilles de Ham, et ce pour une raison fort simple. Ancienne élève à l'Université d'Oxford, Susan Cooper étudia auprès du Professeur J.R.R. Tolkien et elle côtoya aussi son ami C.S. Lewis. C'est donc tout naturellement qu'en plus de son métier de journaliste, elle a commencé à écrire des romans. Exilée aux Etats-Unis, l'Angleterre de son enfance lui manque. C'est dans ce contexte qu'elle écrit Les Portes du Temps. Par voie de conséquence on pourra donc y retrouver fidèle, avec un soupçon de mélancolie, l'atmosphère des années 50-60 de la vallée de la Tamise, en amont de Londres. De même le héros est un jeune garçon de onze ans qui se découvre capable de voyager dans un monde subtilement différent, celui du temps. Que ce soit en dehors du Temps, ou même dans d'autres époques !

Will se révèle être un être d'une race différente des simples humains. Est-ce parce qu'il est le septième fils d'un septième fils ? Voyons là la référence qu'a pris Terry Pratchett dans ses Annales du Disque Monde. Du reste, Les portes du Temps marque les bases de ce que plus tard l'on appellera Fantasy et le roman gagne plusieurs prix littéraires, jusqu'à être adapté récemment au cinéma par la XXth century Fox. Néanmoins pour des lecteurs plus modernes que reste-il de ce classique ? Déjà qu'il est fort bien écrit. Clairement orienté pour les enfants, mais dont le vocabulaire n'est pas lui-même enfantin (en cela on retrouve la patte de Tolkien). Ensuite que le contexte local est très présent, légèrement trop pour un lecteur contemporain habitué à des situations qui évoluent vite et profondemment. Will revient en effet très souvent dans le temps "présent" qui rythme finalement le roman. Etonnant pour un récit qui déclare que le moment passé ou futur n'a pas vraiment d'importance dans un sens.

Un classique, ça reste ce que c'est. Une très bonne base à connaître, mais pas forcément un récit que l'on préfèrera avec plus d'expérience littéraire. Les portes du temps, ou en tout cas ce premier volume, contenteront cependant un jeune adolescent bon lecteur en lui offrant une fantasy qui ne s'éloigne pas de notre bonne vieille Terre... histoire de savoir qu'il n'est pas toujours nécessaire de partir ailleurs pour rêver.