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Callède, Joël

 
  Callède, Joël
 

Interview de Joël Callède recueillie par Clark.

Clark : Première chose, classique, peux-tu commencer par te présenter ?

Joël Callède : Qui suis-je ? Scénariste de 35 ans habitant dans le sud-ouest de la France, entre les Pyrénées et la mer (eh oui, j'ai de la chance...). Mon parcours est assez classique en BD : j'en fais depuis que je suis gamin, en tant que dessinateur surtout. Mais mon niveau de dessin n'ayant pas assez séduit les éditeurs, je me suis progressivement rabattu sur les scénarios, aimant par dessus tout raconter des histoires.
Je ne sais pas trop quoi dire sur mon parcours. Je ne peux que te renvoyer sur ma bio sur le site Dupuis, que j'ai écrite tout récemment, tu y trouveras tous les éléments nécessaires, je ne ferais que de la redite.
Je préfère te parler de Haute Sécurité, j'ai beaucoup à dire là-dessus...

C : Justement Devant la mode de tout ce qui tourne autour du milieu carcéral, la série américaine Prison Break en tête, cest une bonne idée de sortir Haute sécurité : est-ce une volonté de ta part ou des éditions Dupuis ?

JC : C'est au départ une volonté de Gihef ! Ca remonte en 2004, alors qu'on travaillait sur Enchaînés. On évoquait des pistes pour une future nouvelle série, et Gihef m'a dit aimer l'univers carcéral. Il était fan de la série OZ et des films traitant le sujet, et avait envie de faire une BD là dessus. Le challenge me tentait : j'aime les huis clos, les personnages enfermés dans un univers bien défini (voir par exemple le tome 2 de Dans la nuit qui se passe dans un parking souterrain), mais j'avais quand même de grosses réticences. J'avais l'envie de faire une série grand public, et je ne voyais pas comment intéresser le lectorat, et encore moins un éditeur, avec un sujet pareil. Il faut bien se mettre en tête qu'on était loin d'imaginer il y a trois ans que le phénomène Prison Break verrait le jour. OZ n'était qu'une série au public restreint, les films de prison n'avaient jamais explosé le box office, bref, on n'avait pas forcément là un sujet très glamour...
On décide quand même de creuser cette idée. Quelques mois plus tard, en 2005, on a l'occasion d'en discuter lors d'une dédicace en Belgique avec Daniel Bultreys, directeur de collection de Repérages chez Dupuis. Il manifestait l'envie de travailler avec nous, ayant beaucoup apprécié Enchaînés. J'évoque alors avec lui cette histoire de "prison", du bout des lèvres je l'avoue, persuadé qu'il va balayer rapidement l'idée. A ma grande surprise, il se montre très intéressé ! On est donc partis sur cette série et on a très rapidement débuté la réalisation. Mais là encore, je n'étais pas sûr du tout que ce projet trouverait son public !
C'est lorsque Gihef terminait le tome 2 que le phénomène Prison Break est arrivé en France fin 2006. Enorme surprise, mais aussi chance immense pour nous, puisque le thème carcéral devenait subitement à la mode ! On peut dire qu'on a eu du flair... Peut-être que certains nous traiterons d'opportunistes, mais quiconque connaît un peu la BD sait qu'il faut un très long travail pour sortir deux albums coup sur coup. Notre projet est donc bien antérieur à Prison Break. C'était juste une envie du dessinateur que j'ai accompagnée, avec l'aide de l'éditeur qui a cru très tôt au projet. Ces univers clos de prison devaient être dans l'air du temps...

C : Tu aimes les huis clos Lis-tu des romans là-dessus ? Si cest le cas, je ne saurais trop te conseiller la lecture de La forêt des ombres de Franck Thilliez A mettre entre les mains de nimporte quel scénariste !

JC : Je ne lis plus trop de romans de genre, je l'ai beaucoup fait à une époque, mais aujourd'hui, je passe mon temps à imaginer des histoires dans ce style, je n'ai pas forcément envie de me plonger dans d'autres oeuvres romanesques du même type pour me détendre. Je lis pas mal d'essais ayant trait à la psychologie, la spiritualité, ce sont vraiment des domaines qui tiennent une grande place dans ma vie. De temps en temps, je lis des romans plus parisiens, comme Un roman russe d'Emmanuel Carrère dernièrement.

C : Avec Haute sécurité, on retrouve Gihef au dessin avec qui tu as déjà travaillé sur Enchaînés. Les albums font ainsi montre dune certaine maturité Raconte-nous comment cela se passe avec lui ?

JC : Cela se passe très bien ! Gihef est quelqu'un de très enthousiaste, surtout sur ce projet où l'envie initiale vient de lui. Si tu sens de la maturité, c'est normal, c'est le processus de création qui veut qu'on ne cesse jamais de s'améliorer. Gihef est un dessinateur très pro dans sa démarche, très régulier, qui s'investit à fond ! On se rejoint là dessus, même si on peut parfois avoir des désaccords, on a la tête dure tous les deux ! Mais on se respecte, et c'est ça l'essentiel. Et puis, même si on habite loin l'un de l'autre, on partage beaucoup de choses sur le plan privé (ça influe parfois sur notre travail), on connaît les galères qu'on traverse parfois dans nos vies... Bref, une amitié s'est nouée, même si la distance (il vit à Bruxelles) ne permet pas d'approfondir les liens autant qu'on le souhaiterait.
Gihef respecte aussi mes partis pris sur le plan du scénario, même si je sais qu'il rêverait parfois d'orientations différentes. Il aurait sans doute souhaité que Haute Sécurité mette plus l'accent sur les prisonniers, les rapports de force entre eux (comme dans OZ), alors que j'ai clairement mis l'accent sur les gardiens, pour avoir un angle d'approche différent de tout ce qu'on a pu voir jusqu'à présent sur ce thème. Je ne dis pas que j'ai eu raison, mais ça a au moins le mérite de démarquer la série des autres productions.

C : Y aura-t-il un cycle 2 de Haute sécurité ? De manière plus générale, et tous éditeurs confondus, quels sont les prochains projets estampillés Callède qui verront le jour ?

JC : Bien sûr qu'il y aura un second cycle ! Et sans doute beaucoup d'autres encore, si le succès est au rendez-vous. Actuellement, on travaille déjà sur le tome 4. Toujours sur un cycle en deux tomes, mais il n'y aura pas de parution simultanée des deux tomes comme sur le cycle 1. C'était juste une opération commerciale pour lancer la série.
Concernant mes autres projets :
- Tatanka se poursuit chez Delcourt, le tome 4 sortira en début d'année. J'attaque actuellement le cinquième et dernier tome.
- Chez Dupuis, en plus de Haute Sécurité, deux autres séries verront le jour en 2008 :
Damoclès avec Alain Henriet au dessin (Golden Cup), une histoire de gardes du corps qui se passe à Londres. Une nouvelle série Repérages.
- Et Asthénie avec Roland Pignault (Arcanes tomes 1 et 2, Pandora Box 4), un thriller en trois tomes assez sombre, paranoïaque et très étrange...

C : Pandora Box 4 Si je ne me trompe, cest celui sur la luxure, ça Il y aura de belles nanas dans Asthénie alors ?

JC : Il y aura des nanas, oui, mais pas de sexe torride, désolé ! On suivra surtout le parcours tourmenté d'un homme qui a la tête un peu vrac, je ne peux pas en dire plus...

C : Question cruciale pour tout lecteur de Haute sécurité : combien de gardes du corps se promènent avec toi, afin de te protéger des foudres de Steven Seagal ?

JC : Je n'ai peur de personne, je suis ceinture noire de coup de genoux dans les couilles et d'arrachage d'oreille ! (Pour l'info, l'allusion à Steven Seagal est un clin d'oeil à l'ami Gihef, qui est un grand cinéphile et a des goûts très éclectiques. A côté d'oeuvres plus ambitieuses, il n'hésite pas à mater des comédies improbables et des action movies, comme les films de Steven Seagal. Je ne pouvais que me foutre de lui un jour, surtout depuis qu'il a balancé sur des forums que j'étais fan de Mariah Carey... Non, non, je ne commenterai pas ces propos, mon avocat m'a conseillé de me taire sur ce sujet, pour ne pas porter préjudice à ma carrière !).

C : Cest la première fois que tu travailles pour les éditions Dupuis, après Delcourt et autres Vents dOuest. Cela fait-il une différence pour le scénariste que tu es ?

JC : Sur le travail proprement dit, cela ne fait aucune différence : j'ai ma manière de faire qui est un peu toujours la même, quel que soit le projet ou l'éditeur avec qui je travaille. J'ai toujours eu de bonnes relations de travail avec mes différents directeurs de collection chez Vents d'Ouest ou Delcourt, mais j'avoue avoir aujourd'hui une relation privilégiée avec Daniel Bultreys, que j'apprécie énormément. Gihef également a de très bons contacts avec lui, et c'est vrai que c'est un vrai plaisir de travailler chez Dupuis dans ces conditions.
Un autre point est très interessant chez Dupuis, sur un plan plus matériel : ils ont très bien accompagné le lancement de la série, faisant un gros effort marketing. Et qu'on le veuille ou non, le marché de la BD est tel aujourd'hui que la visibilité d'une nouvelle série est un enjeu énorme. Dupuis nous a donné cette visibilité, et ça va compter énormément sur l'impact de cette série au niveau du public. Et j'avoue sans honte avoir clairement envie d'être lu par le plus grand nombre ! J'aime la BD populaire (ce qui ne veut pas dire idiote ou racoleuse), et je suis très heureux quand un de mes titres rencontre son public, c'est vraiment la finalité du processus. Je ne fais pas de la BD seulement pour ma famille ou mes amis...

C : Je suppose que si tu lis du manga, tu tintéresses sans doute aux Seinen (mangas pour adultes) Connais tu une série comme Death Note ?

JC : C'est marrant que tu me parles de Death Note, je viens de m'acheter les 5 tomes, je termine à l'instant le 2. J'aime beaucoup le pitch de base, c'est bien foutu. Mais je trouve que tout est trop expliqué en détail, on prend vraiment le lecteur par la main du début à la fin, on explique tout quitte à répéter plusieurs fois les mêmes points, et c'est un peu lourd à lire... Mais je vais continuer par curiosité, et parce que j'aurais bien aimé trouvé une idée de base aussi forte ! A part ça, dans mes dernières lectures, j'ai bien aimé Manhole (une histoire de virus meurtrier, Tatanka n'est pas très loin), et la série Homunculus, un truc complètement barré, halluciné, mais qui m'a fait tripper à mort ! Et dans un autre style, j'adore tous les bouquins de Taniguchi (Horizons lointains, Le journal de mon père), je chiale en les lisant !

C : Et cest marrant que tu me parles de Taniguchi, parce que je viens de me faire Le sauveteur Tu las lu ?

JC : Non, pas encore.

C : Te semble-t-il réalisable de voir un jour une de tes séries adaptée en manga, comme cela est le cas actuellement pour Sanctuaire de Christophe Bec et Xavier Dorison avec Sanctuaire Reminded ?

JC : En manga, pourquoi pas... J'aime beaucoup le rythme de narration des mangas, j'en lis pas mal, surtout des seinen comme tu l'avais deviné. Je verrais bien Enchaînés sous cette forme, avec de courts chapitres mettant en scène chacun des personnages; on pourrait étoffer les intrigues secondaires, développer la psychologie, rajouter des persos, jouer sur les ellipses, les flash-backs... Un peu comme le fait Urosawa dans 20th Century Boys, manga culte pour moi !

C : Peux-tu nous dire quelles séries tont particulièrement plu dernièrement en BD franco-belge ? Cela ne pourrait quintéresser notre lectorat

JC : En franco-belge ? Euh, je ne lis pas trop de nouveautés en fait (je suis plus comics et manga depuis pas mal de temps). Mais je reste attaché à des auteurs comme Cosey, Stassen, Lepage, Lax, Gibrat, dont je lis tout ce qui sort. Comme scénariste, j'adore ce que fait Brunshwig. Ah si, dernièrement, je me suis lu toute la série Murena et j'ai adoré !

C : Tu as lu La mémoire dans les poches de Brunschwig ?

JC : Pas lu non plus ; les derniers trucs que j'ai lu de lui, c'est Après la guerre et Le sourire du clown. J'ai adoré les deux !

C : Tu parlais tout à lheure de musique tu écoutes quoi ? Et écoutes-tu en travaillant ou un calme religieux te convient-il mieux ? Tarrive til daller à des concerts ?

JC : Je ne suis pas très musique. Je travaille dans le silence, ou avec une musique de fond très douce et souvent répétitive (genre musique de relaxation; ou bien quelques BO de temps en temps). Je me fais conseiller par les potes pour les concerts, récemment j'ai vu Ayo, et aussi Jehro en concert, de très bons moments.

C : En tant quhomme du Sud-Ouest, tu dois te passionner pour la coupe du monde de rugby, non ?

JC : Ben non, je ne suis pas tellement rugby ! J'ai toujours été un peu rebelle et en opposition avec la culture de mes Landes natales : rugby, corrida... J'ai toujours trouvé tout ça bien bourrin... Mais je ne fais pas un blocage sur le sport en général, j'aime bien suivre un peu le foot ou le tennis.

Ecrite par Clark, le 08 Octobre 2007 à 10:10 dans la rubrique Interviews .
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