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Armstrong, Kelley

 
  Armstrong, Kelley
 

Interview de Kelley Armstrong recueillie par Zaahne.

Zaahne : Kelley Armstrong, en premier lieu merci pour cette interview que vous accordez aux Chroniques de l'Imaginaire. Auteur d'une série (Otherworld) de fantastique qui a très vite connu un grand succès aux États-Unis, et d'un autre roman (Exit Strategy) destiné à être le premier tome d'une autre série (Nadia Stafford), vous êtes très connus dans votre pays, mais pas encore en France. Avec Morsure (Bitten), le premier tome de votre série Otherworld sort maintenant en France... Que ressentez-vous à l'aube de cette nouvelle étape ?

Kelley Armstrong :
Je suis ravie d'être traduite en français. En tant que canadienne, j'ai longtemps attendu ce jour. Même si je ne suis pas bilingue (j'ai arrêté le français au lycée), je suis vraiment enchantée que mes livres soient enfin disponibles dans la seconde langue officielle de mon pays.

Z : Morsure (Bitten) présente un univers fantastique où notre quotidien est peuplé de créatures nocturnes telles que les loups-garous. Dans les tomes à venir, on voit apparaître des nécromanciens et des sorciers. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amenée à imaginer un tel univers ?

KA :
 J'ai toujours été fascinée par le paranormal. Mes premières histoires étaient pleines de fantômes, de vampires et de loups-garous. En prenant de l'âge, mon écriture s'est tournée vers la fantasy et les thrillers. Avec Morsure, j'ai pu réintégrer le surnaturel dans un roman qui contenait aussi des éléments de fantasy et de thriller. En somme, ce fut une parfaite expérience d'écriture pour moi.

Z : Votre roman présente des références très nettes aux séries fantastiques de Laurell K. Hamilton (Anita Blake) et de Charlaine Harris (Sookie Sockhouse), avec qui, justement, vous venez de collaborer dans une anthologie qui vient de paraître aux États-Unis (Many Bloody Returns) Pouvez-vous nous parler de vos sources d'inspiration ? Des auteurs dont le travail vous a guidée dans vos recherches ?

KA : J'ai commence à écrire Morsure au début des années quatre-vingt-dix aussi, même si je suis reconnaissante envers Hamilton et Harris d'avoir ouvert un marché pour ce genre, mon inspiration remonte à bien avant. C'est l'œuvre de Stephen King qui représente ma principale source d'inspiration. Dans ses livres, j'ai appris à rendre naturel ce qui ne l'est pas, à écrire des histoires décrivant un monde normal, notre monde, dans lequel des créatures telles que des vampires ou des loups-garous pourraient exister. Ma seconde influence fut Anne Rice. Ses livres étaient les premiers dans lesquels l'histoire était racontée du point de vue du « monstre ». Je suis tombée amoureuse de l'idée.
En ce qui concerne le fait de fréquenter d'autres auteurs, il se trouve que la scène littéraire canadienne de la fiction populaire est beaucoup plus restreinte qu'aux États-Unis ; la plupart des auteurs que je connais écrivent dans un autre genre (romans sentimentaux ou polars). Cependant, lorsque je participe à une convention aux États-Unis, je rencontre d'autres auteurs spécialisés dans le paranormal, ce qui est toujours génial.

Z : Votre premier roman dans l'univers d'Otherworld (Bitten) a connu un succès (presque, le temps décrire Exit Strategy) immédiat qui ne s'est pas démenti par la suite. Selon vous, quelles sont les raisons de ce succès ? Pensez-vous que la traduction française, Morsure, aura le même succès auprès d'un lectorat étranger ?

KA : En fait, je ne sais pas pourquoi Morsure a été aussi bien accueilli par le public. Pendant que je l'écrivais, tout le monde me disait ça ne serait jamais publié, que personne n'était intéressé par des romans traitant de loups-garous. Ça a peut-être été un élément de son succès : c'était quelque chose de différent, les lecteurs sont toujours à la recherche de quelque chose de connu (comme le paranormal) mais d'un peu différent (des loups-garous à la place de vampires). J'espère que Morsure connaîtra le même succès en français !

Z : Votre site internet (http://www.kelleyarmstrong.com), très complet et convivial, explique que vous avez toujours écrit Mais pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a poussée à écrire, et par quel genre de textes, nouvelles, poèmes ou romans, et dans quel genre vous écriviez ?

KA : J'ai commencé à lire très jeune et je me suis mise à écrire peu de temps après. Je pense que les deux étaient liés : j'adorais les histoires et j'ai vite eu envie de raconter les miennes, inventant celles que j'avais le plus envie de lire. Celles dont je me souviens appartiennent au paranormal : fantômes, maisons hantées, etc. cependant, je suis certaine que mes premières histoires étaient plus « normales ».

Z : Sur ce même site, vous proposez d'ailleurs de nombreuses nouvelles complémentaires à l'univers d'Otherworld. Pensez-vous les rassembler un jour dans un recueil ?

KA : En fait, il y a eu une évolution dans ce sens. Au départ, je n'ai pas essayé de faire publier ces nouvelles. Elles n'étaient destinées qu'à être des extras pour les lecteurs. Cependant, mon agent a été contacté cet été par un éditeur qui serait intéressé par leur publication. Mon éditeur habituel aux États-Unis a fait une contre-offre et j'ai décidé de vendre les histoires les plus anciennes pour en faire une anthologie. Mes droits d'auteur iront à une fondation pour l'enseignement.

Z : Morsure présente une héroïne bien particulière : Elena, femme indépendante, libre mais emprisonnée par sa condition (de louve-garou), refusant le rôle qu'on lui assigne dans les deux univers elle est parfois violente, toujours honnête. Comment ce personnage est-il né dans votre imagination ? Vous êtes-vous inspirée de quelqu'un de votre entourage ?

KA : L'idée m'est venue en regardant la série X-Files. Il y avait un personnage de loup-garou dans un des épisodes avec le traitement habituel de l'homme-animal meurtrier. Je me suis dit « ce n'est pas ainsi que je ferais des loups-garous. » Du coup, je me suis mise à réfléchir à la manière dont je les traiterais, quel serait le genre de femme que je pourrais imaginer en devenir une, et qui, finalement l'accepterait. Elena fut le résultat.

Z : Morsure offre tout un panel de héros aux caractères très marqués. Avez-vous des favoris parmi eux ? Des affinités avec certains, ou une répulsion ? Y a-t-il un lien avec votre choix de changer de narrateur pratiquement à chaque tome de votre série ?

KA : Je suis certaine que, d'une infime manière, beaucoup de gens peuvent se reconnaître dans le fait de se sentir poussé à jouer un rôle qui ne leur convient pas. Je ne dirais pas que j'ai moi-même vécu ce genre de chose avec la même intensité qu'Elena, cependant, à une moindre échelle, par exemple avec l'écriture, j'ai aussi du faire face à de nombreuses pressions pour être un autre genre d'auteur, plus littéraire, plus générale.

Z : Tout au long du roman, Elena lutte contre son instinct, se bat pour trouver sa place dans deux univers qui refusent sa vraie nature. Pensez-vous qu'il s'agisse dune fatalité dans notre univers, où l'on tente souvent de nous « stéréotyper » ?

KA :
Je pense qu'à certains degrés, on a toujours tendance à associer les personnes à des stéréotypes, quel que soit son sexe. Par exemple, dans le cas du cliché de « femme au foyer », j'ai vu des femmes se battre dans deux sens : contre le fait qu'on attend d'elles d'être une mère à plein temps et contre l'attente de les voir être des mères avec un emploi à plein temps. De la même manière, je connais des hommes qui ont choisi d'être des pères au foyer et doivent affronter les mêmes stéréotypes. S'il y a un message qui sous-tend Morsure (et j'hésite à dire qu'il y en a un - cela semble si académique et prétentieux), c'est d'être soi-même, de se comprendre et d'apprendre à accepter ce que l'on est.

Z : Cette dualité dans la personnalité d'Elena a-t-elle un lien avec votre statut d'auteur ? On prétend souvent que les écrivains sont des gens à part, en marge de la société (comme la plupart des artistes, d'ailleurs), ressentez-vous cette même différenciation dans votre vie ?

KA : S'il y a une dualité en moi à cause de l'écriture, c'est parce que je peux « devenir » quelqu'un comme Elena sur le papier, voir et décrire le monde à travers les yeux de quelqu'un qui est très différent de qui je suis. Le fait d'écrire de la fiction est souvent perçu comme un moyen de combler ses envies : les auteurs écriraient le genre de vie qu'ils aimeraient avoir. Je crois que c'est plus facile à comprendre pour les gens que la simple vérité : les auteurs peuvent être heureux de ce qu'ils sont, tout en explorant un autre genre de vie sur le papier.

Z : En parlant du quotidien, comment se gère votre vie ? Vous avez un mari, trois enfants vous trouvez le temps décrire tous les jours ? Vous avez des « rituels » d'écriture ou est-ce un métier comme un autre ?

KA : À plusieurs égards, c'est vraiment un job comme un autre. Il y a toujours cette image de l'écrivain qui prend quelques heures par jour et puis qui se détend, lui et son muscle créatif. Si seulement cela pouvait être ainsi ! En fait, l'écriture prend assez peu de temps. Je passe par des périodes d'édition pure ou de business pendant lesquelles je me consacre à mon site web, à la promotion, à la compta etc. Par contre, quand j'écris, je couche la première version de mon texte en un seul jet aussi, durant cette phase, j'écris tous les jours, généralement entre 2000 et 3000 mots par jour. En fait, l'écriture est vraiment ma phase préférée.

Z : Pour décrire les sensations et capacités physiques des loups-garous, vous parlez essentiellement des odeurs, des sons, d'une force physique et d'une résistance extraordinaires... Vous êtes-vous documentée sur les loups ? Quelle est votre opinion sur la polémique assez récurrente ces dernières années sur la réintroduction des loups dans nos forêts (polémique présente en France comme aux États-Unis !) Vous sentez-vous attirée par ces animaux ? Avez-vous, d'ailleurs, des animaux domestiques, des chiens, peut-être ?

KA :
J'ai fait beaucoup de recherches sur les loups pour Morsure : j'ai lu des livres, visité des réserves, je les ai étudiés. J'ai toujours aimé les animaux, particulièrement les canidés, ce qui m'a probablement poussée à écrire mon premier livre surnaturel avec des loups-garous plutôt qu'avec des vampires ou des sorcières.
En ce qui concerne la réintroduction des loups, cela doit être fait prudemment. Il y a trop d'idées fausses à leur sujet. Certains voient ces animaux comme des prédateurs qui vont attaquer gratuitement les gens. En fait, un loup sauvage préfèrera rester aussi loin que possible de l'homme. D'autres voient les loups comme de beaux animaux inoffensifs alors qu'il s'agit réellement d'animaux sauvages et de prédateurs qui attaqueront s'ils ont faim ou s'ils sont menacés. J'aimerais qu'ils soient réintroduits dans certaines régions mais je m'inquiète de la manière dont les gens réagiront (les fermiers tirant à vue, des gens les nourrissant comme des chiens de compagnie).
J'ai des animaux de compagnie : trois chiens et deux chats. Nous vivons à la campagne, donc nous avons beaucoup de place pour eux.

Z : Votre roman Morsure devrait être adapté au cinéma et nous avons entendu dire qu'Angelina Jolie était pressentie pour incarner Elena à l'écran. Que pensez-vous de ce choix ? Y-a-t-il de nouvelles informations que vous puissiez donner aux lecteurs ?

KA : Le contrat d'adaptation pour Morsure est arrivé à son terme. Lorsqu'il a fallu le renouveler, Warner Bros a décidé de ne pas le faire. Donc il n'y aura pas de film pour le moment. Angelina avait donné son accord pour jouer dans le film, ce qui m'avait ravie. Apparemment, elle voulait le rôle. Même si certains lecteurs lui ont reproché de ne pas coller à l'image qu'ils se faisaient d'Elena, il est beaucoup plus important pour moi d'avoir une actrice qui voulait le rôle et qui comprenait le personnage.

Z : Avec Exit Strategy, vous avez écrit le premier opus d'une série en deux tomes d'enquêtes policières se déroulant dans le même univers que Morsure (mais sans éléments surnaturels) pensez-vous que les deux séries pourront un jour fusionner ou sont-elles destinées à évoluer en parallèle ? Pourquoi avoir choisi un genre aussi différent du fantastique ?

KA :
J'ai écrit une suite. La possibilité que cela devienne une série ne dépend que de la réaction des lecteurs. Récemment, j'ai vendu une trilogie de fantasy destinée à un public de jeunes adultes. J'attends de voir laquelle de mes nouvelles idées fonctionne le mieux pour mes lecteurs et moi.

Z : Et pour conclure, nous allons vous laisser le mot de la fin... Y a-t-il une question que vous auriez aimé que l'on vous pose, ou avez-vous un message spécial à délivrer à nos lecteurs ?

KA :
Je dirai simplement merci pour cette interview et pour tous ceux qui prendront le temps de la lire.

Ecrite par Zaahne, le 02 Octobre 2007 à 10:10 dans la rubrique Interviews .
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