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Cros, Anaïs

 
  Cros, Anaïs
 

Interview d'Anaïs Cros recueillie par Polgara.

Attention ! Interview Père Lachaise complètement délirante et bien sûr, cette interview est un pur exercice de style, Les Chroniques de l'Imaginaire ne cautionnent pas la consommation de stupéfiants en dehors des Endives Tagada ©.

Pour en savoir plus sur l'origine du concept des interviews du Père Lachaise, cliquez ici.

Polgara : Bonjour Anais et merci d'avoir accepté de répondre à mes questions.

Anaïs Cros : /No problem ! :o)/

P : Donc, je te l'annonce tu es morte au terme d'une longue vie. C'est vraiment dommage mais c'est comme ça. Tu viens d'arriver dans l'antichambre de la porte vers l'au-delà. Tu attends qu'on veuille bien te signifier ce qu'il va t'arriver par la suite.

AC : /J'aimerais bien qu'ils se dépêchent d'ailleurs, parce que ça caille ici... C'est bien beau cette salle immense avec ses arches de pierre et ses flambeaux, ça fait très gothique, mais je n'y passerais pas l'éternité. Et puis ça fait tellement longtemps que je me demande ce qu'il y a après que j'ai du mal à contenir ma curiosité ! /

P : Tu te souviens comment tu es morte ?

AC : /Oui, et c'était pas très glorieux. Après avoir atteint la célébrité à quelque chose comme quarante ans, j'ai enfin eu les moyens d'essayer la cocaïne ! Manque de chance, j'ai acheté une dose coupée avec un poison quelconque et mon premier shoot a aussi été le dernier ! J'ai fait une overdose au beau milieu de ma chambre avec un Nocturne de Chopin en fond. Qui a dit que la drogue n'envoyait pas au paradis ?/

P : Et le passage de la vie au trépas t'as fait quelle impression ?

AC :
/Sous l'effet de la drogue, c'était plutôt fun ! Limite psychédélique même ! Ca devait être une sensation proche de celle qu'on éprouverait si notre esprit pouvait être aspiré à l'intérieur de notre corps comme dans un tuyau, à supposer que notre corps serait une immensité obscure et le tuyau en question une sorte de gigantesque toboggan couvert de lucioles blanches et bleues... C'est assez indéfinissable en fait. Mais beaucoup moins horrible que ce à quoi je m'attendais. Une fois que le corps a accepté de lâcher prise, ça va tout seul. /

P : Maintenant, comment te sens-tu ? Tu as fait ami-ami avec les asticots ?

AC :
/Je me sens plutôt zen, mais pas au point de faire ami-ami avec les asticots. D'ailleurs c'est pour ça que j'ai demandé à être incinérée. Bon, j'ai un petit goût de cendre dans la bouche, mais c'est toujours mieux que d'avoir une haleine de pourriture. Le coin est plutôt calme, donc je suis sereine, mais en même temps j'ai vraiment hâte de savoir ce qui va se passer maintenant ! /

P : Sais-tu où se trouve ta tombe et ce qu'il y a d'écrit dessus ?

AC : /Pas de tombe, puisque j'ai été incinérée... J'avais essayé de réfléchir à une épitaphe de mon vivant, mais je n'ai jamais rien trouvé qui me correspondrait... C'est difficile de se résumer en quelques mots, du coup j'ai laissé tomber. J'ai demandé à mes proches de séparer mes cendres en plein de petits tas et d'en disperser un peu partout... Dans le jardin de la maison de mes parents, chez mes grands-parents, dans la forêt, au bord de la mer, partout où ils avaient envie... Un bon moyen de disparaître sans disparaître... Je n'aime pas les cimetières, ce n'est pas le meilleur endroit pour se rappeler des gens. Je préfère que mes proches aient eu une petite pensée pour moi en traversant des endroits que j'ai fréquentés de mon vivant, et puis qu'ils continuent tranquillement leur chemin... De toute façon mes bouquins sont mes meilleurs monuments funéraires./

P : Qu'as-tu écrit après ton roman "Les lunes de sang"? T'es-tu aventurée dans d'autres styles littéraires que la Fantasy urbaine policère ?

AC : /Oui, bien sûr, j'ai évolué. En tous cas j'ai tout fait pour. Evidemment, j'ai terminé le cycle de bouquins amorcé par Les Lunes de Sang, on n'abandonne pas ses personnages comme ça, et puis j'ai tâté du fantastique traditionnel, de la science-fiction, et finalement je me suis particulièrement tournée vers un fantastique trash vaguement inspiré par Stephen King... Ah oui, et j'ai aussi réalisé un fantasme : j'ai écrit un bon vieux roman à l'eau de rose façon Barbara Cartland. Personne n'a compris d'où sortait ce livre par rapport au reste de mes oeuvres, mais je ne pouvais pas cacher éternellement que je suis une grande fleur bleue. Sur ce coup-là je me suis fait plaisir. /

P : Comment le public a-til reçu tes nouveaux écrits ?

AC : /J'ai perdu une partie de mon public en passant à des bouquins beaucoup plus sombres, gores et violents, mais en même temps j'ai récupéré des lecteurs d'autres bords. J'ai aussi eu droit à quelques sarcasmes quand mon roman à l'eau de rose est sorti. Mais dans l'ensemble je m'en suis plutôt bien tirée. Les fidèles sont restés et quand je perdais un public je m'ouvrais à un autre... Je ne suis pas trop mécontente de mes lecteurs, ils ont compris et ils ont assuré./

P : Est-ce que ton processus de création a évolué au cours de ta vie ?

AC :
/Pas vraiment... J'ai essayé de me discipliner, d'apprendre à bosser avec un plan, etc, mais je n'ai jamais tout à fait réussi et à quarante ans passés j'ai fini par abandonner et me laisser vivre. Du coup j'ai continué à écrire à l'instinct, à me laisser porter par mon inconscient et à me surprendre moi-même. Par contre j'ai réussi à travailler un peu plus sur mon style. Je cherchais une simplicité, une efficacité particulière, atteindre à une sorte de fulgurance... Cette espèce d'équilibre magique où deux mots, les mots parfaits, suffisent à ouvrir un monde entier... Je n'ai jamais atteint ça, mais je n'ai jamais cessé d'essayer. /

P : En tant qu'auteur, est-ce que tu as pu faire tout ce que tu voulais ?

AC : /Je ne me suis jamais fixé de but en tant qu'auteur et mes désirs à ce niveau ont fluctué au cours de ma vie... La seule chose que je voulais vraiment, c'était vivre de ma plume et j'ai fini par y arriver. Le reste était secondaire. J'ai toujours été trop pragmatique pour avoir de vraies ambitions artistiques. C'est toujours plus difficile de se laisser porter vers les cieux quand on a les pieds chevillés au plancher. Si j'ai eu des aspirations, elles n'ont pas duré, effacées par leur propre vanité. Je n'éprouve aucun regret./

P : Qu'est-ce qui t'a apporté le plus de joie dans ta carrière d'écrivain ? Et le plus de peine-colère-rage-envie de transformer ton prochain en steak de chamallow ?

AC : /Mes plus grandes joies en tant qu'écrivain ont toujours été ces moments où les gens venaient me parler de mes personnages comme s'ils existaient vraiment, comme s'il s'agissait de personnes réelles et familières. Même si c'était pour me dire qu'ils les détestaient ou qu'ils n'en avaient pas du tout la même vision que moi... Peu m'importait tant que ces personnages avaient pris une véritable consistance pour eux. Bon sinon, il faut quand même que je mentionne le jour où un de mes bouquins fantastique a été adapté au ciné. Je vous laisse imaginer mon excitation en tant que cinéphile ! Le film n'a pas fait un carton, mais j'ai pu me balader sur le plateau, voir le processus de création d'un film, etc. Et puis c'était vraiment génial de voir tous ces gens bosser pour rendre réel quelque chose issu de mon minuscule cerveau ! J'ai pris mon pied ! Par contre je n'ai pas beaucoup de souvenirs de choses qui m'ont vraiment dégoûtée... Je me mets difficilement en colère, j'ai beaucoup de patience, trop d'ailleurs... Ce qui a pu m'énerver, c'est l'attitude de certaines personnes dans ce milieu, les coups dans le dos, etc., mais en fait ce n'est pas inhérent au métier d'écrivain, c'est partout pareil. Non, vraiment, ma plus grande colère a été que je ne fasse même pas la couverture de Voici pour ma mort ! Qu'est-ce qui leur fallait de plus ? Riche, célèbre, écrivain et morte par overdose ? C'est fou quand même ! /

P : Si tu avais pu emmener quelque chose par-delà la mort, qu'est-ce cela aurait été ?

AC : /J'avoue que je ne sais pas trop... En fait je crois que je préfère n'avoir rien emmené. Comme ça je reprends tout de zéro s'il doit y avoir une suite. Si je ne peux pas tout avoir de ma vie d'avant, je préfère ne rien avoir du tout. J'ai toujours aimé les situations claires et nettes. /

P : Maintenant que tu es morte, vas-tu continuer d'écrire ?

AC : /Si j'en ai l'occasion, ça risque bien d'arriver. Parfois je me dis que je devais déjà écrire des romans sur les parois de l'utérus de ma mère, donc pourquoi pas continuer après ma mort ? Tant que j'aurai une conscience, j'aurai de la matière, alors à moins que je ne me dissolve dans le grand néant je vais sûrement continuer à écrire. Je me demande juste à quoi ressembleront mes lecteurs de l'au-delà.../

P : En fait, il semblerait que l'attente soit interminable. Avant de te dire où tu vas aller, on te donne l'occasion d'organiser un dîner avec tous les auteurs morts de ton choix. Qui invites-tu ?

AC : /Oh là, le choix est trop dur !!! Bon, réfléchissons... D'abord j'invite Arthur Conan Doyle, histoire de voir à quoi ressemblait vraiment le papa de Sherlock Holmes. En plus lui qui était spirite, il devrait apprécier un dîner entre auteurs décédés ! Et comme il risque de se sentir seul, j'invite sa compatriote Agatha Christie. Je serai curieuse de les entendre comparer les méthodes de leurs deux détectives. Ensuite je mets sur ma liste George Sand, pour qu'elle me parle un peu de Chopin et de tous les autres artistes romantiques qu'elle a eu l'occasion de fréquenter en cette période fascinante. Et histoire qu'elle puisse discuter politique comme elle aimait à le faire, j'invite aussi Victor Hugo à qui je voulais tellement ressembler étant gosse. Par contre je risque de m'ennuyer un peu pendant que George et Victor parlent de la meilleure façon de changer le monde et qu'Arthur et Agatha se tapent dessus pour savoir qui a pondu le meilleur détective... Il me faut encore un invité... Je crois que je vais me tourner vers Tolkien... J'aimerais assez que John Ronald Reuel m'explique comment on fait pour produire quelque chose d'aussi énorme que le Seigneur des Anneaux. Il y a encore plein de noms qui me viennent, mais comme je préfère les dîners intimistes, je crois que je vais rester sur ces cinq-là. En plus comme il y a une majorité d'anglophones, ça me permettra d'entretenir mon niveau en Anglais même après ma mort. Par contre ça va être difficile de trouver un menu qui mette des Anglais et des Français d'accord.../

P : Les autorités de l'au-delà ont un sens de l'humour particulier. Elles te donnent le choix. Soit tu retournes sur terre en tant que n'importe quelle chose vivante sauf un être humain, soit tu intègres une oeuvre de fiction et tu incarnes un personnage. Que choisis-tu ?

AC : /Comme les êtres humains sont définitivement les choses vivantes que je préfère, je vais me tourner vers une oeuvre de fiction. Et encore une fois quel choix cornélien ! Après mûres réflexions, je choisis de revenir dans la peau du capitaine Crochet. Il est grand temps que quelqu'un s'occupe efficacement de Peter Pan, cet insupportable gamin qui se croit tout permis. Y en a marre des enfants rois ! Et pour commencer ma vie de pirate, je m'offrirai une nouvelle montre et un fourreau d'épée en croco. Oui, vraiment, je pense que ça devrait bien se passer !/

P : Anais, merci d'avoir répondu à mes questions. Je te souhaite tout plein de bonnes choses, de romans publiés et une bonne dose de lecteurs fidèles !

AC : Ben de rien, merci à toi ! C'était assez marrant à  faire, j'espère que mes réponses ne sont pas trop absurdes !  / /A bientôt ! /

P : Au revoir et à bientôt .

Ecrite par Polgara, le 16 Juillet 2007 à 11:07 dans la rubrique Interviews .
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