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Camut, Jérôme

 
  Camut, Jérôme
 

Interview de Jérôme Camut recueillie par WongLi.

WongLi : Bonjour Jérôme. Tout d'abord, merci de nous accorder un peu de temps et de bien vouloir répondre à nos questions. Une qui me brûle les lèvres depuis que j'ai découvert Malhorne : d'où vous est venue l'idée de cette histoire ?

Jérôme Camut : L'idée de Malhorne me vient de loin. Pas exactement l'histoire de Malhorne, mais ce qu'elle sous-tend. Et qu'est-ce exactement ? La mort, ce mur qui nous attend tous et au delà duquel tout est énigme.
Je dois dire que la pensée de mourir m'obsède depuis des années. Je ne dirai pas depuis toujours, l'enfance doit se priver de ce genre de pensées. Mais mon adolescence a été marquée par de sombres pensées, par exemple que toute entreprise m'apparaissait vaine puisque tout disparaîtrait tôt ou tard. Et je dois dire que, même si l'écriture me fait du bien, ces pensées me poursuivent encore. Alors, l'idée de la réincarnation, de mondes parallèles, des eaux du monde où tout resterait intact, finalement ça m'apaise. Voilà pour la genèse de Malhorne. Ensuite, l'histoire, les personnages, les rebondissements, tout cela a été le fruit de longues contemplations, ces instants où je me laisse vagabonder avec bonheur.

WL : Et d'où vient ce mot : Malhorne ?

JC : Malhorne ? C'est simple, c'est le nom d'un arbre chez les elfes dans l'univers de Tolkien. L'orthographe est différente. Chez Tolkien, un malhorne est un Mallorn. J'y ai ajouté un e et un h et lui ai trouvé un sens en vieux français. Voilà. Le seigneur des anneaux m'a bluffé à 14 ans, puis à 16 et enfin à 20 ans, dernière lecture en date. Malhorne doit beaucoup à son imaginaire, même si nos univers n'ont rien à voir.

WL : Nemo n'est pas un simple personnage de roman mais aussi une manière de faire prendre conscience à vos lecteurs des problèmes qu'il peut y avoir sur cette planète. Dans quelle proportion Nemo est-il une part de vous-même ?

JC : Nemo, sans doute l'un de mes personnages préférés. Il est né d'un grand ras le bol personnel d'entendre sur le sujet de la sauvegarde de la planète uniquement des gens bien éduqués faire salon ou télé en nous prévenant que le désastre était imminent. C'est vrai que le désastre approche. Mais quand on se trouve dans une telle situation, quand on en a réellement conscience, on ne prend plus de gants, on beugle un grand coup, si les médias vous en laisse le temps et le loisir. Bref, je n'ai jamais croisé Nemo en chair et en os, aussi l'ais-je créé de toute pièce. Il est politiquement incorrect et j'aime assez. Non, j'aime beaucoup. Bien sûr, il raconte aussi des horreurs, c'est du second degré. Les lecteurs de Malhorne l'auront compris. Quant à savoir s'il y a du Nemo en moi, ça ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais je ne vous raconterai pas laquelle exactement.

WL : Est-ce que, comme Franklin Adamov, vous possédez cette schizophrénie contrôlée ? Plus largement, pensez-vous que tout le monde en soit " victime " ?

JC : Une schizophrénie contrôlée ! Voilà bien deux mots en parfait désaccord. OK, je passe par dessus le sens strict des mots.
Mais non, je ne me sens pas schizophrène sous contrôle. Franklin ne l'est d'ailleurs pas non plus. Il a une personnalité complexe, comme c'est le cas pour nous tous. Il y a une part d'avouable et une autre que l'on cache. Une autre que l'on se cache aussi. Finalement, accepter tout ce que nous sommes est difficile. Sous un vernis de morale et de civilisation, nous sommes aussi des animaux, conscients certes, mais des animaux tout de même. Ce n'est absolument pas péjoratif. Et je crois même qu'il est nécessaire d'accepter cet état de fait si l'on veut s'épanouir sur cette Terre.

WL : C'est effectivement une chose que l'homme oublie un peu facilement qu'il est avant tout un animal. Justement, faites-vous preuve des mêmes déceptions que Nemo vis-à-vis de cette espèce dite dominante ?

JC : L'humanité, une espèce dominante ?!
En effet, elle en a tous les symptômes. Mais que domine-t-elle en réalité ? Dominer la chaîne du vivant implique une responsabilité vis à vis de cette chaîne et de soi même.
C'est un problème insoluble qui se pose à notre humanité dominante. Composée de milliards d'individualités plus ou moins égoïstes, notre espèce est en train de tellement puiser et épuiser son écosystème qu'elle finira par en pâtir personnellement. Tôt ou tard. Et tout nous porte à croire que ce moment de fracture approche à grands pas.
Alors, oui, la situation provoque souvent en moi les mêmes réactions que Nemo. Je ne suis pas seul dans ce cas. Il n'y a qu'à observer les joutes politiques qui encadrent les élections présidentielles pour se rendre compte que ce sujet ne préoccupe pas vraiment nos gouvernants, passés et futurs. Nous ne sommes pas sortis de l'auberge, et l'auberge est en flamme.
Sauve qui peut et les femmes et les enfants d'abord !

WL : Initialement, Malhorne était prévu en trois tomes. Nous en avons eu finalement quatre. Qu'est-ce qui a fait qu'un quatrième tome était nécessaire ? Et aviez-vous prévue la fin de l'histoire depuis le début ou bien est-elle venue pendant l'écriture ?

JC : Malhorne devait être une trilogie. Et d'ailleurs, quand j'ai commencé la rédaction de ce qui allait être le premier tome, je n'avais aucune idée du volume de pages que nécessiterait cette histoire. C'était mon premier bouquin, je ne pouvais pas réellement appréhender.
Mais lorsque je me suis attelé au troisième tome, dont je connaissais le plan, il a bien fallu que je me rende à l'évidence qu'un dernier opus ne pouvait pas dépasser mille pages. Je me suis alors tourné vers mon éditeur pour qu'il me permette de transformer un 3 en 4. Et comme cet éditeur aime l'alchimie, il n'y a pas eu de problème.
Quant à la fin de Malhorne, je la connaissais depuis le commencement, à quelques détails près. Détails dont je ne livrerai pas ici le menu, au cas ou des personnes voulant lire Malhorne tombent sur cette interview. Ce serait une bien mauvaise plaisanterie à leur faire, même si la fin de cette histoire ressemble tellement peu à ce qu'il est possible d'imaginer dans les premières pages.

WL : Justement, vous semblez travailler à partir de plans précis des évènements de vos ouvrages. L'improvisation a-t-elle tout de même une place dans votre écriture ou bien tout est-il déjà prévu de longue date ?

JC : Quand je commence à écrire un roman, après en avoir établi le plan, j'aimerais que tout roule comme sur du velours. Et ça pourrait très bien se passer de cette façon, mais l'histoire a la curieuse habitude de se densifier pour peu que j'y plonge le nez plusieurs heures par jours. Alors, je modèle le plan en fonction des nouvelles idées. Parfois, il faut que je remonte dans le texte pour modifier des éléments, mais c'est plus rare dans ce sens. En général, ne se modifie que se qui n'est pas encore écrit. Alors, y a-t-il improvisation dans mon travail ? Oui, en fonction du temps qu'il fait, des livres que je suis en train de lire, des personnes avec lesquelles je discute ou des questions que l'on me pose. Allez savoir si vous n'êtes pas en train de modifier mon travail de demain.

WL : En parlant de travail de demain, pouvez-vous nous parler de vos projets en cours et futurs ?

JC : Avec Nathalie (Hug), nous venons de terminer l'écriture d'un nouveau roman. Et comme à chaque fois, je reste pendant quelques temps assez éloigné de mon ordinateur. Finalement, écrire me rend dépendant de cette machine pour laquelle je ne nourris pas un goût immodéré.
Bref. Côté projets, il y a ce roman que nous avons tout juste terminé, le troisième volet des voies de l'ombre, que nous devons écrire pour une parution prévue l'année prochaine. Et puis, des histoires dont les grandes lignes sont déjà jetées sur le papier, j'en ai quelques unes sous le coude. Pas de problème de manque d'inspiration prévu pour les dix prochaines années. Je doute même que ça m'arrive un jour.
Alors, quand on s'y met à deux, c'est encore plus difficile à croire.

WL : Et c'est tant mieux pour nous ! Juste avant de vous laisser à la rédaction de nouvelles histoires, un dernier mot pour les lecteurs des Chroniques de l'Imaginaire ?

JC : Les lecteurs des Chroniques de l'Imaginaires ? J'en fais partie, de temps à autre. J'ai toujours considéré que les chroniqueurs étaient de bon goût, puisqu'ils disaient du bien de mes bouquins. Évidemment, je plaisante, en partie. Je n'aime pas qu'on ne m'aime pas !
Ce qui est amusant, c'est que j'étais absolument persuadé que la personne qui me chroniquait était une femme. Finesse d'analyse, compréhension globale de mes intentions, etc. Jusqu'à ce que je le rencontre. Trop poilu pou être une femme (Note de WongLi : le " trop poilu pour être une femme ", c'est moi !). Comme quoi, on se fait des idées idiotes sur les gens. Internet est une drôle d'interface entre les gens.
Longue vie aux lecteurs, aux auteurs qui les alimentent et aux sites où l'on débat de tout ça !

WL : Merci Jérôme pour ces réponses et à bientôt.

Ecrite par WongLi, le 18 Juin 2007 à 08:06 dans la rubrique Interviews .
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