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Lynch, Scott

 
  Lynch, Scott
 

Interview de Scott Lynch recueillie par Polgara le 24 avril dans les locaux de Bragelonne après la soirée qui a été organisée aux caves Saint-Sabin ; tout le monde souffre de la fatigue et de la chaleur. L'auteur, Scott Lynch, est en France pour la première fois. Il semble très inquiet à propos de la manière de conduire des Parisiens.
C'est l'équipe de la maison d'édition qui veille sur lui, d'où les nombreuses références à Stéphane qui n'est autre que monsieur Marsan lui-même. Leslie, l'attachée de presse assiste à l'interview.

Cet entretien débute également les Interviews du Père Lachaise qui consistent à demander à un auteur d'imaginer qu'il est mort et de répondre au questions qu'on lui pose de ce point de vue. Pour en savoir plus sur l'origine de ces entretiens, il faut cliquer ici.

Polgara : Comment es-tu mort ?

Scott Lynch : Littéralement, je pense que tout ira bien tant que je survivrai à la circulation automobile dans Paris, alors disons que la circulation dans Paris est le plus grand danger que je dois affronter dans les prochaines vingt-quatre heures. 

P : Donc, comment es-tu mort ?

SL : Dans la circulation automobile de Paris.

P : Et quels étaient tes derniers mots ?

SL : Mes derniers mots ont certainement été " oh merde ! merci beaucoup Stéphane "

Rires généraux dans la salle.

Merci beaucoup Stéphane (en français).

P : Maintenant, comment te sens-tu ?

SL : Vraiment énervé contre Stéphane (rires).

P : Maintenant que tu es mort, connais-tu le vrai nom de Locke Lamora ?

SL : C'est une bonne question. Je crois que tous les auteurs ont peur qu'après la mort leurs personnages viennent leur demander des comptes, en ce qui me concernent j'ai certainement tout une rangée de personnages des Salauds gentilshommes qui attendent de le faire. Si je vais dans l'au-delà et que mes personnages viennent me demander des comptes, ça va être très intéressant et aussi bizarre parce qu'il va vraiment en avoir beaucoup. Si je meurs dans la circulation parisienne aujourd'hui, il y aura au moins les Senza et quelques autres qui auront envie de me tuer.

Cependant, la réponse à la question est : non. Personne ne connaîtra le véritable nom de Locke. Je le promets.

P : Penses-tu que tes lecteurs t'ont pardonné le fait d'avoir tué les frères Senza ?

SL : Personne ne me pardonnera jamais d'avoir tuer les Senza ou ne l'oubliera jamais. Ce figurera probablement sur ma pierre tombale : Scott Lynch 1978-XXXX " Il a tué les frères Senza, le salaud " et ma femme ajouterait certainement " Moucheron également ".
(Rires dans la salle)

P : Comment c'était de gagner sa vie en écrivant ?

SL : C'est la meilleure chose du monde, c'est plus ou moins ce que je dirais. C'est exactement ce que je veux faire. Je peux faire tout ce que je veux faire. Je suis un auteur à temps plein et un pompier à temps partiel et mes emplois sont parfaits. J'ai les deux meilleurs jobs de la terre.

P : Toujours en partant du principe que tu es mort, comment t'es-tu adapté au fait de devenir célèbre ?

SL : Hum. Je pense très sincèrement que c'est étrange pour l'instant. Et je suis certain que je continuerai de penser que c'est étrange après ma mort. J'ai des sentiments mitigés à ce sujet. C'est une définition très généreuse de la célébrité que tu m'accordes. Je dois toujours expliquer à la plupart des gens qui je suis et ce que je fais. En ce qui me concerne, je ne suis vraiment pas célèbre. Je ne pense pas vouloir de la véritable célébrité, je ne lui coure pas après. Pour être parfaitement franc, je pense que la célébrité c'est nul. Rires. En ce qui me concerne, la célébrité et un incident en comparaison du succès global de mes livres. Je tiens à ma vie privée et je ne veut pas que ma vie ou celle de ma femme soit dérangée, sauf quand nous le choisissons. Quand je pars faire une tournée promotionnelle ou que j'assiste à une convention, je suis d'humeur à aller vers les autres. En ce qui me concerne, c'est mon boulot d'être un personnage aussi public que nécessaire. Mais si je trouvais des lecteurs en train de camper dans mon jardin, je réagirai vraiment différemment.

Donc, je serai probablement content que cela n'ait pas été pire que ce que c'est déjà.

P : En tant qu'écrivain, as-tu pu faire tout ce que tu voulais faire ?

SL : Non. Je suis certain que je mourrai sans avoir écrit tous les livres que j'ai envie d'écrire. Au moment de mourir, je sais qu'il y aura beaucoup de choses que je n'aurai pas pu écrire et que j'aurai aimé faire. Mais j'aimerais rappeler qu'au départ, je ne veux pas mourir. Je veux vivre au moins jusqu'à 400-500 ans. Pas une vie immortelle, juste une très longue vie. Si j'avais tout ce temps, peut-être que je réagirai différemment.
Si je meurs ce soir dans la circulation de Paris, et il reste une forte probabilité pour que ça arrive, il y a des centaines de livres, là dans ma tête, que j'aurais voulu écrire. J'écrirai tant que je serai physiquement capable de le faire, tant que je peux m'asseoir à mon bureau et taper sur un clavier.

P : Y-a-t-il quelque chose que tu n'as pas aimé dans le fait d'être un auteur de Fantasy ?

SL : Hum. Non ! rien. Non seulement je fais mon boulot idéal et mon loisir idéal, mais en plus, j'écris exactement le genre de livres que je lis et que j'aime lire. Je n'ai aucune doléance à propos du fait d'être un auteur de Fantasy. C'est le job le plus cool de la terre. C'est du travail, c'est difficile mais c'est également ce que je veux faire, donc je n'ai aucune réclamation d'aucune sorte à faire.

P : As-tu essayé d'écrire autre chose que de la Fantasy ?

SL : Quand j'avais onze ans, j'ai essayé d'écrire une nouvelle historique et je me suis planté. Quand j'avais quinze-seize ans, que je me suis mis à vraiment écrire, je voulais être un auteur de Science-Fiction, et ce, surtout en opposition avec la possibilité d'être un auteur de Fantasy. C'est plutôt drôle que je sois devenu un auteur de Fantasy et pas de Science-Fiction. Je pourrais essayer d'écrire de la Science-Fiction après la Fantasy, mais pour l'instant, je ne sais pas quand. Donc pour être honnête, j'ai essayé puis échoué.

P : Penses-tu que tes livres se vendront encore après ta mort ?

SL : Oh oui. Pendant des années et des années et des années. Rires.

P : Ils deviendront des classiques ?

SL : Oui. Un jour il n'y aura plus que mes livres sur terre, après que la guerre nucléaire ait emporté la population mondiale. L'espèce d'être vivants qui viendra ensuite sur terre trouvera mes livres. Elle les utilisera pour fonder une nouvelle religion et construire une nouvelle culture et ils se feront sauter eux-mêmes la cervelle en moins de deux cent ans parce qu'il seront complètement dérangés.
Plus sérieusement, c'est une très bonne question. Les gens qui sont vivants aujourd'hui, que ce soit les lecteurs ou les critiques - qui s'imaginent le contraire -, n'ont aucun contrôle sur le devenir et la postérité des livres. L'histoire choisit ses propres survivants. Si on demandait aux critiques du 19ème siècle quels auteurs ils auraient choisi pour la postérité et qu'ils voyaient que les oeuvres de Dumas, Dickens et Arthur Conan Doyle sont celles qui ont survécu à place de centaines d'autres, ils se diraient qu'on est devenu fous. Quatre-vingt-quinze pour cent des auteurs qui sont aujourd'hui populaires et appréciés par la critique vont disparaître avec le temps. Si on regarde la liste des meilleures ventes des années vingt ou des années trente, on ne reconnaîtra probablement pas un seul nom.
Pour mes livres, je ne peux rien prédire, mais je ne dirai pas non. D'une certaine manière, le fait que j'écrive de la Fantasy est un avantage. Il y a un certain respect pour la tradition dans ce genre littéraire. Je lis toujours et on publie toujours des auteurs des années vingt et des années trente comme Lovecraft ou Fritz Leiber. Il y a un sens de la perspective historique dans la Fantasy et la science-fiction qui feront mon avantage quand je mourrais dans la circulation de Paris.

P : Comment les lecteurs ont-ils reçu la suite des Mensonges de Locke Lamora " Red seas under Red Skyes " (ndlr : il n'y a pas encore de titre français à ce jour) ?

SL : Pour l'instant, il n'y a que dix personnes qui l'ont lu et ils ont tous réagi de manière très enthousiaste. Jusqu'ici la réponse a été telle que je la voulais. Je voulais que cette suite donne l'impression que Les mensonges n'étaient pas passés entre les mains d'un éditeur. Je voulais que Red Seas soit une amélioration et les retours que j'ai eus semblent confirmer le fait que j'y sois arrivé. Alors quand ce taxi ou cette moto me percutera, je mourais au moins heureux de savoir ça.

P : Toujours en partant du point de vue que tu es mort, comment t'es-tu senti après avoir fini le septième livre de la série des Salauds Gentilshommes ?

SL : J'espère vivre assez longtemps pour le faire. Si je meurs après avoir fini d'écrire mes sept livres, je serai moins énervé par la situation. Parce que je ne serai jamais heureux d'être mort. Si quelqu'un s'inquiète de mon opinion après ma mort, je garantis que je ne serai jamais un p***** de campeur heureux. En termes d'ambition littéraire, si je peux vivre assez longtemps pour finir ma série, ce ne sera pas vraiment terrible de mourir dans la circulation parisienne. Note que je ne parle pas de la circulation londonienne ou de la circulation d'Amsterdam. Et encore, il faut que j'aille en Italie, si ça se trouve je mourrais plutôt dans la circulation romaine.

P : Qu'as-tu écrit après cela ? (ndlr : j'ai du mal prononcer ma question)

SL : Qu'est-ce que j'ai écrit après la mort ? Des lettres de réclamation, de tonnes de lettres de réclamation en espérant être rendu à la vie ou une certaine compréhension de la situation dans laquelle je me trouve. Je leur dirai de me renvoyer sur terre. Peut-être je vais réussir à les énerver assez pour qu'ils le fassent.

P : D'accord. Maintenant, tu as la possibilité d'organiser un repas avec tous les auteurs que tu veux. Qui choisis-tu ?

SL : Seulement un ?

P : Non, tous ceux que tu veux.

SL : Oh, je les inviterais tous. Personne ne serait vexé. Qui est-ce que j'invite hum je suis toujours mort ?

P : Oui.

SL : Ils doivent être mort ?

P : Oui.

SL : Ils vont être tués si je les invite à dîner avec moi pour qu'ils puissent s'asseoir à la table ? Tu sais, ça pourrait vraiment les énerver.

P : Tout dépend de toi.

SL : Alors je pourrais tuer des auteurs que je n'aime pas et les inviter à dîner. Ça c'est fantastique. Du coup, la mort ne me paraît pas si nulle. Oui, bon, ok, j'ai toujours rêvé de rencontrer Franck Herbert. Il a eu une très grande influence sur moi quand j'étais adolescent. J'ai lu Dune quand j'avais quinze ans et j'ai du le relire au moins vingt fois quand j'étais au lycée et ensuite j'ai lu tout ce qu'il a écrit. Il est mort quand j'avait huit ans, bien avant que je ne découvre son travail. Sinon, ce serait sympa de rencontrer Alexandre Dumas. Il avait la réputation d'être quelqu'un de très extraverti et aussi d'être un bon vivant. C'était quelqu'un de très intelligent qui avait une vision très juste de son travail. Il ne le détestait pas mais il n'en était pas tombé amoureux non plus. Il a eu une attitude très censée à propos de ce qu'il faisait pour gagner sa vie. Alors, ce sera ces deux là Franck Herbert et Alexandre Dumas. Et ensuite, nous pourrons fonder un petit cercle très privé, de temps en temps nou inviterons d'autres auteurs.

P : En fait, ce club ne se fera pas parce que tu vas être réincarné. Tu as le choix. Tu peux retourner sur terre mais pas être un humain ou tu peux être un humain dans un livre. Que choisis-tu ?

SL : Aw alors je pourrais être une tortue ou un personnage de fiction. Je peux être une amibe ou un personnage de fiction.

P : Tu peux être un arbre ou une abeille

SL : Hum . Je peux être une abeille ?

P : Tout ce que tu veux.

SL : En fait, là j'écris encore plus de lettres de réclamation. Hum je reviendrai en elfe.

P : Oui, dans quel livre ?

SL : Pas dans un livre, je reviens en tant qu'elfe véritable.

P : Mais sur Terre ?

SL : En chat. C'est une forme de vie supérieure sur la Terre, si j'en crois ce que j'observe chez mes chats. Nous ne leur demandons rien, nous nous occupons d'eux, les protégeons, les nourrissons et les laissons détruire nos affaires. Alors, oui, je choisis d'être réincarné en chat.

P : D'accord, maintenant tu peux commencer ta vie de chat.

SL : Génial, du moment que j'évite la circulation parisienne.

P : Merci Scott.

Ecrite par Polgara, le 07 Mai 2007 à 11:05 dans la rubrique Interviews .
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