Les Virus de l'Ombre
		Charif, Hicham Edition : Le Navire en Pleine Ville, Collection : Sous le vent 2006, 304 pages ISBN : 978-2-916517-07-0 13,50 €

Neo est un adolescent comme les autres jusqu'au jour où un virus totalement inconnu est découvert dans son organisme. Les scientifiques et médecins n'ayant aucun renseignement sur cette maladie virale, il est obligé de se plier à un protocole plutôt contraignant pour un jeune de seize ans, à savoir une interdiction formelle d'entrer en contact avec les muqueuses d'une autre personne. Difficile à suivre quand on a justement une fille en ligne de mire ! Mais un malheur n'arrivant jamais seul, voilà que son ordinateur subit l'attaque d'un virus informatique des plus virulent, également non répertorié auprès des spécialistes. Les deux agressions sont-elles liées ? Qui est en veut à Neo au point d'attenter à sa vie ? Voilà le genre de questions auxquelles il devra répondre aidé en cela par la belle Soraya, le talentueux Fred et l'intelligence artificielle Eve sous peine de succomber à ces attaques et de satisfaire ainsi aux objectifs de ses ennemis.

Neo, brun aux yeux gris vert, de l'avis général plutôt séduisant mais timide, est un garçon sans histoires. Il possède la panoplie complète du jeune d'aujourd'hui à savoir gadgets technologiques dernier cri, un scooter, des rollers et une passion pour les jeux vidéos. Son meilleur ami, Fred, est son exact opposé : un look de ringard, rondouillard et les cheveux coupés en brosse. En revanche c'est un petit génie de l'informatique. Le dernier membre du trio est la belle Soraya, une brune aux yeux verts et, accessoirement, la vedette du lycée. Tous ont des parents dont les professions varient entre le chirurgien et la directrice d'exposition dans un musée d'arts modernes, autant dire le genre de situation que l'on croise tous les jours en bas de chez soi. Au milieu de tout ses stéréotypes surnage un personnage délicieusement anachronique : un rocker quadragénaire féru d'informatique et créateur d'environnement de jeux vidéos, répondant au doux nom de Vincente.

La première remarque qui vient à l'esprit est que ce livre n'a rien de remarquable. Les moindres sujets abordés donnent lieu à des clichés : en vrac, les gothiques, les adolescents, les looks etc. ainsi qu'à un étalage de bons sentiments moralisateurs tels que les considérations sur les chômeurs, les opinions sur les personnes souffrant de surpoids et bien d'autres. Qu'en dire ? Heureusement le suspens est bien présent et permet de rester accrocher à cette histoire rocambolesque qui comporte tous les ingrédients censés plaire aux ados : jargon électronique et informatique, jeux vidéos, scooters et bières. Un cocktail intéressant ? Pas sûr. Le plus dérangeant est de voir les ficelles composants ce roman, on distingue chaque détail, chaque élément de la trame et cela occulte la vision d'ensemble de l'ouvrage. Les clins d'il et références semblent, eux aussi, avoir été sélectionnés pour être intelligible par une certaine catégorie de lectorat, de public : l'allusion à Matrix, celle à Harry Potter etc. On surfe sur une vague porteuse sans prendre la peine de s'en démarquer. Tout est passe-partout, même le style. Le tout compose un livre qui manque cruellement d'originalité et de personnalité. Ce n'est rien d'autre qu'un conte de fées dissimulé sous les gadgets technologiques de la modernité. En effet, tous les éléments sont réunis : la malédiction, se présentant ici sous les oripeaux d'une interdiction condamnant le prétendant à se tenir à l'écart de son amour sous peine de la contaminer, le duel pour gagner la main et le cur de la belle, le sauvetage et la délivrance de la princesse des griffes du méchant. Évidemment, les héros sont jeunes et beaux, le fier destrier s'est transformé en scooter et le poison ou mauvais sort s'est métamorphosé en virus, qu'il soit biologique ou informatique. Une conclusion s'impose donc : rien de nouveau sous le soleil de la littérature.