Les Chroniques de l'Epée maudite (Tome 1)
		Yeo, Beop-Ryong & Park, Hui-Jin Edition : Soleil, Collection : Gochawon 2006, 180 pages ISBN : 2-84946-399-X 6,95 €

En l'an 8 du règne de l'empereur Mou-Seong de la dynastie des Jo, ce dernier se voit octroyer une épée nommée Foudre céleste. Sa puissance est telle qu'elle permit à ce faible monarque de reprendre sa capitale quelques années après, et l'on disait qu'il pouvait grâce à elle régner sur le ciel et la terre... mais une deuxième épée destructrice existait. En l'an 12, Lay Yann et Shao Lynn, sauvent d'une embuscade Ja-Lyoun le Bon Roi, capitaine des armées de de l'empereur et surtout frère de ce dernier. Un monstre masqué en être humain était responsable de cette attaque, mais alors Lay dégaina son épée, toute noire, qui est capable de boire l'âme des monstres.

Soleil se met au manhwa ! L'une de ses nouveautés est cette série dont le premier opus semble bien ficelé. Déjà, à regarder la converture, les lecteurs avertis ne peuvent manquer la comparaison avec la fameuse Stormbringer d'Elric (et le lecteur encore plus avisé l'Epée Noire, symbole du Chaos dans l'Hypercycle du Multivers de Mickaël Moorckok dont le Cycle d'Elric n'est qu'un maillon). En effet, en retrant dans le livre, on retrouve cette épée buveuse d'âme, capable de parler à son possesseur (Stormbringer ne le pouvait pas, mais l'épée d'Erekosë, si). Ce symbolisme de deux épées différentes et jumelles, on peut le retrouver dans Elric car Stormbringer avait une jumelle, Mournblade. De même chez J.R.R. Tolkien dans le Silmarillion, Ëol l'elfe noir avait forgé deux épées, Anglachel et Anguirel, toutes deux noires et dont le secret de fabrication s'est perdu avec la mort de leur créateur. Dans un moindre rapport chez le même auteur, les deux épées Orcrist et Glamdring, jumelles forgées à Valinor, sont octroyées à Thorin et Gandalf dans Bilbo le Hobbit. Bien d'autres épées noires semblables sont ainsi décrites. Je citerai en dernier la Légende de l'Epée Noire écrite en quatre volumes par Margareth Weys & Tracy Hickman, qui encore une fois décrit une lame forgée d'un métal noir maudit qui était capable d'absorber les forces vitales de ses ennemis.

Au delà de ces références plus qu'évidentes, ce Manhwa est plutôt agréable. Son graphisme est assez réussi, le scénario montre à peine l'étendue de ce qui peut arriver. Le héros est un jeune qui ne maîtrise pas encore son art et qui vit dans le souvenir du sacrifice de son maître. Sa soeur est une magicienne au talent reconnu, mais qui sert surtout de faire valoir à l'humour. Donc sur un fond d'histoire de la Corée, on retrouve des classiques de fantasy. On pourra cependant regretter que la fin du volume se résume à une simple combat "titanesque" au détriment de l'intrigue. Néanmoins j'ai hâte de découvrir la suite de ce début prometteur.