Solaris - Numéro 158
		Solaris Edition : Les Publications Bénévoles des Littératures de l'Imaginaire du Québec Inc. Printemps 2006, 160 pages ISSN : 0709-8863 8,69 $

Ce numéro de printemps de Solaris, la référence canadienne des littératures de l'Imaginaire, s'est particulièrement intéressé à l'auteur canadien Claude Bolduc. Trois nouvelles de son cru, Le Masque, Ta gueule Fritz ! et Regarde-moi marquent donc le corps principal de la revue.
D'autres nouvelles, quatre pour être précis, se retrouvent au sommaire. On se félicitera de leur choix, car elles associent qualité et diversité. Chacune dispose d'une particularité propre qui mérite qu'on s'y attarde.

Il y a tout d'abord ce Coup de vent, petite histoire de deux pages, qui surprend en bien, surtout quand on connaît l'âge de son auteur, Marie Pelletier-Neault, juste âgée de dix sept ans. L'effaceur raconte l'aventure d'un patient particulier allongé dans le fauteuil d'un psy. Drôle et bien traité excusez du jeu de mots ! Mes coups de cur restent cependant les deux derniers textes. Dépeignant un futur qui nous attend, Tout l'espace du monde, aborde des problèmes actuels de façon très prenante. Victime de la surpopulation, le Terre ne sait plus quoi faire des gens. Où trouver la place nécessaire ? Comment résoudre les problèmes écologiques et sociaux que cela engendre. Plutôt que dénoncer, l'auteur présente différentes personnes tentant d'y trouver une solution, chacun avec son point de vue et sa vision des choses, chacune ayant en même temps raison et tort. Quant à Opération Marketing de V. K. Valev, c'est tout simplement un modèle d'inventivité. Drôle, mais en même temps crédible dans son délire, le message qu'il fait passer est là encore très clair ! Cette nouvelle est une grande réussite. A lire absolument.

En dehors de ces récits, la revue nous propose des articles de fond. Le premier, Habiter le futur, s'intéresse à l'architecture futuriste, en se basant notamment sur le courant Streamline des années 30-40. Une analyse est faite de certains bâtiments et des expositions universelles de New York et de Montréal et des présentations qui y ont été faites.
Le second s'intéresse à l'ouvrage La manufacture des machines de Louis-Philippe Hébert, un recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1976. Très théorique et philosophique, l'analyse de cette uvre est difficile à suivre, particulièrement (j'imagine) si on ne connaît pas l'uvre originale.
Le dernier article, plus "grand public", intéressera beaucoup les écrivains en herbes. On y retrouve le résultat d'une enquête faite auprès des directeurs littéraires de collections chez certains grands éditeurs (Mnémos, Denoël, Folio SF, Robert Laffont et Les Moutons électriques). Il est très intéressant de découvrir "l'envers du décor" de ce monde un peu caché de l'édition.
Enfin, le traditionnel passage en revue des récentes sorties littéraires vient clore ce magazine. Ou presque, car le site internet de la revue (www.revue-solaris.com) met à disposition des pages additionnelles téléchargeables, pour ceux qui n'en auraient pas eu assez.

Ce numéro fait preuve de qualités, autant dans les textes proposés que dans les dossiers réalisés. Sa légèreté et son humour propre le rendent très agréable à lire. Un bon moyen pour le public français de s'initier à la littérature canadienne de l'Imaginaire.