|
Recherche |
|
|
Coups de coeur
|
|
|
Session |
|
|
Kikekoi |
|
|
Ailleurs |
|
(solidaires08)
(solidaires08)
(solidaires08)
(solidaires08)
(solidaires08)
|
|
|
  |
Le monde secret des Geishas |
  |
|
  |
Downer, Lesley Edition : L'Archipel
2006, 388 pages
ISBN : 2-84187-792-2
21,95 € |
  |
Symbole ancestral du Japon, les Geishas n'en sont pas moins un paradoxe vivant : archi-connues de par le monde et pourtant mystérieuses pour le non initié. Même dans leur pays, bien qu'elles se déplacent ostensiblement dans leurs quartiers habituels, au vu et au su de tous, bien peu d'hommes peuvent se vanter de les avoir approchées pendant qu'elles officiaient. Et il ne s'agit pas simplement d'une question de prix. Les Geishas savent que cette discrétion fascinante est une des clés de leur attrait. On comprend dès lors pourquoi elles prennent autant de soin à garder hermétiques les portes de leur monde. C'est pourtant à un voyage dans cet univers si hostile aux étrangers que nous convie la journaliste anglaise Lesley Downer dans son livre Le monde secret des Geishas. Après un premier chapitre pas aussi anecdotique qu'il y paraît, dans lequel l'auteur nous révèle tant le fossé culturel qui existe entre la société japonaise et celles occidentales, que celui plus particulier entre le monde des Geishas et celui des japonais eux-mêmes, celles-ci ayant créé leur propre communauté codifiée au sein même la société nippone , nous commençons notre voyage de manière chronologique et remontons aux origines médiévales de cette profession, durant la période Heian. Puis, le récit se concentre rapidement sur une époque plus contemporaine. Mêlant adroitement l'histoire politique, économique et sociale, Downer nous montre alors comment la sous-culture rebelle des Geishas a été un facteur déterminant dans la construction du pays, et de quelle manière cela perdure encore de nos jours. Comment aurait-il pu d'ailleurs en être autrement, puisque de par leur fonction distraire et amuser les hommes fortunés ces jeunes femmes n'étaient en rapport qu'avec l'élite de la société ? Mais quelle était, et est encore de nos jours, la nature de ces « rapports » ? Dans la seconde partie de son ouvrage, l'auteur nous révèle que si les Geishas se défendent ardemment de n'avoir jamais été de vulgaires courtisanes et de n'être maintenant que de simples prostituées, le sexe est tout sauf un élément absent de leur vie. Il en est même un point capital, structurant leur carrière. En effet, si ces « enfants des arts », comme elles se nomment, peuvent exercer leur profession, approfondir leur technique et y exceller au point d'acquérir un talent, de même qu'une renommée considérable qui les différencient indéniablement des filles de joie ne jouant d'autre instrument que celui de leur corps, elles le doivent à leurs généreux mécènes. Ces « Danna », acceptent en effet de couvrir tous les besoins de leur protégées (c'est-à-dire entre 150 et 200 mille euros par an) en échange de faveurs qu'ils voudraient exclusives. Ainsi, même si telle n'est pas leur fonction première, il est courant pour une Geisha d'avoir des clients avec lesquels elle exerce un art plus intime. Le titre même est également intrinsèquement lié au sexe, puisque jusqu'à la seconde guerre mondiale, ce n'est qu'après la cérémonie du Mizuage (le dépucelage) que ces très jeunes femmes quittaient leur rang de Maiko (d'apprentie), pour devenir de vraies Geishas. De nos jours, même si certains changements se sont inévitablement produits, certaines règles perdurent. Ainsi, une Maiko qui travaille dans une maison de thé et qui souhaite poursuivre son métier une fois la vingtaine atteinte, doit emménager dans sa propre maison. Là encore, les coûts exorbitants font que la présence d'un Danna fortuné est presque obligatoire. Mais l'auteur ne révèle pas que ces secrets institutionnels. Elle s'attache également à dévoiler le mystère de la beauté de ces créatures oniriques. Ainsi, du maquillage aux habits, en passant par leurs coiffures, rien n'échappe à l'oeil attentif de notre guide et donc à notre insatiable curiosité. Enfin, dans la dernière partie, à travers les (trop) nombreuses interviews et les différents avis se dresse une image inattendue des rapports qu'entretiennent les Geishas avec la société. La rivalité qui apparaît entre une épouse légitime et sa rivale ou au contraire, l'amitié qui peut en découler, les rapports hommes-femmes et la place même de ces dernières sont autant de points sur lesquels nos dogmatiques sociétés occidentales pétries de pudibonderie trouveront à redire et qui susciteront, inévitablement, des réactions chez le lecteur. Ainsi, malgré quelques erreurs de syntaxe sur la fin, nous pouvons conclure que pour être allée au-delà des apparences, avoir su pénétrer ce monde secret et l'avoir laissé en retour la pénétrer au plus profond de son être, Lesley Downer nous offre un livre riche en détails des plus plaisants et des plus dépaysants. Découvrir l'histoire du Japon par son aspect le plus secret tout en levant également le voile sur ce monde fascinant des Geishas, voilà une invitation qui ne se refuse pas ! A lire absolument !
Ecrite par , le 10 Mai 2006 à 11:05 dans la rubrique .
|