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Seven Swords

 
  Seven Swords
Réalisateur : Tsui Hark
 

Une fois n'est pas coutume, un mot sur un film sorti en salle récemment : Seven Swords. Adapté du roman wu xia pan Seven Swords from Mount Heaven dont il est la contraction extrême, ce chef d'oeuvre formel est signé Tsui Hark, réalisateur notamment du puissant Time and Tide, incomparable gun fight movie à l'esthétique étourdissante.

Seven Swords a de quoi tenir la dragée haute à un Crouching Tiger, Hidden Dragon ou à un Heroes. Ce film bancal (un peu comme tous ceux de Tsui Hark) étonne tout d'abord pour son entrée en matière. Assailli quelques secondes par une déferlente de blancs - toisons animales compressées dans un espace réduit, espaces enneigés démesurés à ciel ouvert  - le spectateur se voit ensuite obligé de patienter le temps d'un scrolling de générique, avec pour compagnie une musique puissamment rythmée. Suit l'explosion visuelle, véritable déferlante d'images à peine contenable.

Tant par la richesse des détails (chaque plan saturé de contenu) que par la cadence déstructurée, la rétine se voit rapidement submergée, emportée dans un flot tourbillonnant où se succèdent figures grimées de la plus théâtrale des façons, corps prostrées et mutilés, scènes de batailles et courts échanges de paroles.

Cette impression d'être totalement dépassé par les évènements, mis en défaut à chaque tentative d'anticipation, est sans doute la seule constante identifiable de Seven Swords, film mutilé (parce que coupé d'au moins la moitié de son contenu initial) et tiraillé entre plusieurs directions contradictoires, dont le récit épique, le film d'arts martiaux et le drame romanesque constituent sans doute les trois courants principaux.

Bien loin de monter en intensité, on ne peut qu'être surpris par l'absence de grande scène d'action au milieu du film, tandis que la première demi-heure, pour ne pas dire plus, aligne sans interruptions des combats à n'en plus finir. C'est qu'après nous avoir emportés dans un crescendo indéfinis d'affrontements plus intenses les uns que les autres, Tsui Hark nous lâche en plein vol pour revenir à ses protagonistes et nous conte sans plus de transition leurs amours, leurs haines, leurs amitiés. Etonnant, ce qui à coup sûr mérite qu'on rumine quelques temps avant de prononcer un verdict qui ferait abstraction de l'effet déboussolant de cette chute brutale de rythme, indéniablement voulue et recherchée par le réalisateur.

Il faudrait aussi dire un mot, dans le détail, sur la qualité technique et expressive des combats à l'épée, moelle épinière du film. Notons l'efficace dans le jeu des contrastes, dans le passage papillonant d'un style d'épée à un autre. De Chimère à Transcendance (ce sont les noms des épées) se joue toute la démesure d'un film qui ne ménage jamais son spectacteur et lui laisse juste le temps de s'habituer au style d'une épée pour aussitôt l'abandonner et passer impromptument à un autre.
Débordant de musicalité mais aussi de pur kitsh (tant mieux si les épées ont l'allure d'épées en plastique !) et de sauvagerie pure (le moment où le "méchant" de l'histoire s'acharne à coups répétés sur l'arme de son adversaire pour lui faire briser sa défense !), Seven Swords réunira tous les publics.

Un bijou du cinéma de Hong Kong.

Ecrite par Bibirox, le 06 Décembre 2005 à 15:12 dans la rubrique Films & Series TV .
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