Alibis - Numéro 14
		Alibis Edition : Les Publications de Littérature Policière Inc. Printemps 2005, 144 pages ISSN : 1499-2620 7,95 $

Alibis, l'anthologie permanente du polar, gâte vraiment ses lecteurs avec ce quatorzième numéro. Seulement trois nouvelles au sommaire de ce numéro printanier, toutes trois de qualité mais cerise sur le gâteau, le complice de l'équipe d'Alibis, Jean-Jacques Pelletier, nous offre une nouvelle enquête de l'inspecteur Thébergue dans un court roman intitulé Radio-Vérité, la radio du vrai monde appartenant à la série des Gestionnaires de l'Apocalypse. Ce court roman est accompagné des deux nouvelles, l'une de Luc Baranger où il est question du racisme dans les villes de campagnes, l'autre d'André Marois où il n'y a pas que dans la jungle qu'il faut savoir se défendre pour survivre. Sans oublier les rubriques habituelles Le crime en vitrine et Dans la mire, ainsi qu'un article de Camille Bouchard sur le drame des enfants soldats. Mais voyons plutôt dans le détail ce que nous réserve ce numéro d'Alibis.

Radio-Vérité, la radio du vrai monde ! Un taux d'écoute impressionnant ! Un animateur vedette! Une émission qui cartonne auprès de tous, jusqu'au jour où Cabot, l'animateur vedette à la langue de vipère, disparaît mystérieusement. L'inspecteur Thébergue est chargé de l'enquête et en parallèle doit peser le pour et le contre de la proposition de remplacement du commissaire qui souhaite prendre sa retraite. Une enquête de routine... oui et non ! Déjà qu'un kidnapping n'est pas une enquête des plus facile mais si en plus les auditeurs s'y mettent en fouillant eux même les maisons afin de retrouver leur animateur tant adoré c'est la panique sur toute la ville.
Une nouvelle ? Longue ? Un court roman ? Qu'importe le nom que l'on donne à ce texte, ce qu'il en ressort c'est une lecture passionnante, une enquête palpitante et rebondissante. Un pur moment de plaisir. A travers le calme de l'inspecteur Thébergue, Jean-Jacques Pelletier devient fin psychologue pour déjouer le kidnappeur.

Avec Le Blues de la couleur en Noire et Blanc, Luc Baranger traite avec beaucoup de tact le problème du racisme dans les campagnes canadiennes à travers les yeux d'un instituteur qui doit recevoir une remplaçante qui est noire. L'accueil que le village va lui réserver ne sera pas méchant mais pas le moins du monde chaleureux non plus. Sans aucun propos raciste on comprend tout de suite la répulsion des habitants envers une personne dont la peau est noire.

C'est une question de Survie pour André Marois ! Il n'est pas question de survivre face aux bêtes féroces de la jungle, ni aux pièges de la nature mais à ceux de la ville... La ville et ses pièges... une simple petite annonce, une envie de dépaysement et le voila pris au piège. Comment se défendre quand on est habitué au luxe et au confort, que faire face à la ville qui réclame sa pitance ? 

Après la ville qui tue c'est la triste réalité d'enfants tueurs que nous présente Camille Bouchard avec l'histoire réelle de Bayelign jeune éthiopien enrôlé dans l'armée de son pays durant la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Traumatisé par les meurtres qu'il a été obligé de perpétuer il reste un jeune homme sauvage avec un regard de tueur mais qui veut s'en sortir et vivre enfin normalement.

C'est par curiosité que je me suis plongée dans cette revue, curieuse de découvrir le polar québécois et ce fut un réel plaisir ! Plaisir que l'on peut prolonger avec le supplément en ligne sur le site d'Alibis (http://www.revue-alibis.com/).