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Blessemaille, Michelle

 
  Blessemaille, Michelle
 

Interview de Michelle Blessemaille recueillie par Hanako

Hanako : Bonjour et je tiens à te remercier de m'accorder cet échange pour connaître un peu mieux tes oeuvres. De ces dernières, on connaît particulièrement les illustrations des couvertures des ouvrages des Editions Nuit dAvril. Comment cette rencontre a abouti à cette collaboration ?

Michelle Blessemaille : Par hasard un de ces jours (toujours trop rares) de chance ! En fait je contactais régulièrement les éditeurs, sans succès aucun et je désespérais de pouvoir intéresser un directeur artistique en France. C'était rageant car mes compositions recueillaient des avis très favorables Outre Manche et Outre Atlantique.
Je surfais donc sur Internet lorsque je découvris le site des éditions Nuit d'Avril, un éditeur spécialisé dans les livres gothiques et fantastiques. En rédigeant un mail de présentation, je songeais que si lui ne voulait pas de moi, je concentrerais définitivement mes recherches sur d'autres pays.
Le lendemain je recevais une réponse très flatteuse de Franck Guilbert. A suivi une série de correspondances puis la signature du premier contrat. Depuis, je crée toutes les couvertures de Nuit d'Avril et suis fière d'illustrer des écrivains de talent.
J'ajouterai que Franck m'a réconciliée avec le Fantastique français car nous n'avons rien à envier à nos concurrents britanniques et américains !!!

H : Pour ceux qui ne te connaisse pas, pourrais-tu te présenter, nous dévoiler qui est Michelle Blessemaille ?

MB : Un anachronisme dans la société actuelle dont je ne partage ni l'hypocrisie, ni la sous-culture, ni la politique d'abrutissement et de nivellement par le bas et encore moins la volonté d'humiliation et le harcèlement permanent dont tous ceux qui possèdent encore un grain de bon sens, sont victimes. Si la France n'a plus connu de guerre au sens de champs de batailles sanglants, son évolution négative laisse chaque année des milliers de victimes d'une politique absurde et d'options économiques délirantes, mais qui s'en soucie ?
Je résiste donc avec peu de moyens et peine parfois à me tenir debout. J'ai des convictions très fortes et resterai désespérément politiquement incorrecte !
Je suis également une ardente défenderesse de la cause animale que je soutiens via la Fondation Bardot, la SPA de Tunisie, la SPOV (Société de protection des oiseaux des Villes) et le Redwings Horses Sanctuary.
Enfin, parmi de très (peut-être trop) nombreuses passions, j'ai celle dévorante, des Livres et comme mes centres d'intérêts sont variés, ils sont plus de deux milles à vivre autour de moi.

H : Pourrais-tu nous citer quelques ouvrages qui sont parmi tes préférés ?

MB : Mort à Venise de Thomas Mann, Le tour d'écrou d'Henry James, Mrs Dalloway de Virginia Woolf, toute l'uvre de Julien Green, celle d'Eugène Ionesco, et puis en matière Fantastique tous les ouvrages de Sheridan Le Fanu, Robert Bloch, Jean Ray, B. R. Bruss, C. S. Lewis, Gustav Meyrink et la liste est loin, très loin d'être exhaustive !!

H : Je sais que tu as un combat principal dans ta vie : la protection des animaux dans le monde. Peux-tu nous parler de Leila et de ton engagement ?

MB : Ma rencontre avec Leila El Fourgi remonte à7 ou 8 ans maintenant. C'est une femme formidable, présidente de la SPA de Tunisie, qui travaille régulièrement avec Brigitte Bardot. Leila est Tunisienne et musulmane, elle a repris ses études théologiques pour, en se fondant sur les versets du Coran, sensibiliser ses concitoyens à la misère animale. Car hélas, dans ce pays, les animaux connaissent un sort misérable et dramatique. Chaque année, elle se bat notamment contre les pratiques d'égorgement des moutons sacrifié pendant la "fête" de l'Ait El Kebir. C'est une femme profondément sensible, extraordinairement courageuse, et j'apprécie particulièrement l'intelligence de son discours. Loin de tout intégrisme, sa lecture du Coran est une vision actualisée, moderne, Leila est un précurseur et devrait être donnée en exemple. Elle travaille aussi beaucoup dans les pays de l'est, à sauver chaque année des centaines d'animaux, c'est vraiment quelqu'un que j'admire beaucoup ! Je suis fière d'être une de ses amies car c'est une Héroïne de notre temps.
Mon engagement est aujourd'hui plus modeste qu'il ne l'a été il y a quelques années. Je soutiens surtout financièrement beaucoup d'associations et continue à propager la bonne parole. J'ouvre les yeux, cela m'a permis de sauver récemment deux chiens lâchement abandonnés et puis il y a toujours une barquette de nourriture et un abri pour tel ou tel animal en perdition ! L'innocence est précieuse et rare, elle se rencontre de façon pérenne chez toutes les créatures vivantes sauf les humains, hélas. Raison pour laquelle j'ai à cur de protéger cette innocence, bien plus précieuse que l'or.

H : Sur ton site personnel (www.michelleblessemaille.com), tu présentes une galerie de tes diverses uvres, toutes, il me semble, dans le même procédé de fabrication. Est-ce ta carte de visite ou existe-t-il des peintures, à lhuile ou autres de toi ?

MB : Il s'agit en fait de photomontages, d'arrangements, de mises en scène de mes propres photos. L'ajout de calques fétiches (des photos ratées pour la plupart) contribuent à rendre cette atmosphère unique qui est devenue ma griffe !
C'est drôle que tu évoques les peintures à l'huile car en vérité cette idée me trotte dans la tête depuis quelques mois. Seul problème et non des moindres, le manque de place. C'est à tel point que je dois rationner mes achats de livres Alors Franck, si tu me lis. Car mon autre patron pour la troisième année consécutive a refusé de m'augmenter !!!

H : Ce serait dommage de résister à une envie juste pour une question de place non ?

MB : C'est surtout pitoyable de devoir à mon grand âge encore survivre, et non vivre. L'honnêteté et le travail ne paient plus, je constitue d'ailleurs un dossier en vue d'intenter une action contre mes parents pour m'avoir inculqué des valeurs qui n'ont plus cours aujourd'hui Mais à moins d'un miracle (hélas, je n'ai aucune chance au jeu) qui me permettrait d'acquérir une petite maison avec petit jardin sans m'endetter pendant cinquante ans, je dois renoncer car je ne peux réduire plus l'espace ludique des félins chez qui je squatte Alors si des mécènes lisent ces lignes

H : Tu sembles apprécier beaucoup les statues. Comment se déroule la composition dune uvre, est-ce lidée qui germe et tu recherches la photo de la statue ou plus particulièrement la statue qui te donnes lidée finale ?

MB : L'art funéraire me fascine et je déplore qu'il s'éteigne. Ce n'est pourtant pas faute d'artistes admirables mais l'heure est à l'uniformité, au hideux, on ne donne plus envie aux gens de la beauté, de la pérennité. L'ère du jetable a encore hélas de belles années de prospérité à venir. Quelques jours après notre rencontre au salon du Livre, je suis allée visiter le cimetière de Boulogne, un site que l'on m'avait recommandé. J'y ai trouvé quelques statuaires remarquables dont un particulièrement original. Au fur et à mesure que je prenais mes photos, coincée sous mon parapluie, mon inconscient guidait les angles de prises de vue

H : Tu sembles vouloir confiner tes photos dans lart funéraire. Les sculptures danciens artistes, je pense particulièrement à celles qui agrémentent les jardins de Versailles, par exemple, ne tinspirent pas ?

MB : En fait non, j'explore également la veine Fantastique et absurde. C'est juste que ma photothèque ne comporte pas encore suffisamment de matière, mais j'y travaille activement ! Et puis parfois, il y a des interdits. Je me souviens par exemple, il y a quelques années, avoir été expulsée du Jardin du Luxembourg alors que je photographiais les statues : il fallait une autorisation spéciale !!!!

H : Pour te permettre de composer, je soupçonne des voyages fréquents afin de trouver lobjet rare ?

MB : Pas si fréquents que cela en fait car il faut savoir vivre en fonction de ses moyens. Je n'ai pas de voiture et répugne à m'éloigner plus de vingt heures d'affilée des compagnons félins chez qui je vis En revanche, j'ai un ami génial qui, fin connaisseur du Paris insolite, amateur de vénérables pierres, me fournit de précieuses adresses. Marc, si tu me lis...

H : Associer une de tes uvres à un livre ne doit pas être chose facile. Est-ce que les Editions Nuit dAvril te laissent libre de tes suggestions, tinspires-tu de ce que tu as déjà composé ou plus particulièrement du contenu de louvrage ?

MB : Comme je l'ai précédemment évoqué, j'ai eu la chance de rencontrer cet éditeur. Notre relation était-elle écrite quelque part ? Je l'ignore (même si j'incline à croire que oui) mais cette chance se poursuit aujourd'hui. Franck m'accorde sa confiance et pour un artiste que rêver de mieux ? Nous avons défini ensemble une sorte de charte graphique, l'expression est pompeuse car en fait nous partageons la même vision. Il s'agit plutôt d'une empreinte graphique qui permet au lecteur potentiel d'identifier instantanément Nuit d'Avril.
Les premières couvertures furent choisies d'un commun accord entre Franck et les auteurs sur mon site Internet.
D'autres furent fabriquées sur mesure en fonction des demandes des auteurs, comme par exemple celle qui illustrera l'ouvrage de Sire Cédric. Cet exercice est plus périlleux car il doit concilier trois visions : celles de l'auteur, de l'éditeur et de l'illustratrice. Mais, si j'appréhendais beaucoup cet exercice, j'avoue y avoir pris plaisir à tel point que spontanément, je l'ai proposé à un nouvel auteur.
A ce jour, je n'ai jamais lu un ouvrage avant de l'illustrer. Je préfère que l'auteur m'en parle, et ensuite adapter mes projets en fonction de ses observations.
Je découvre une fois le livre paru son contenu, et je sais alors si j'ai réussi ou non l'illustration.

J'ai conscience que le chemin est encore long, qu'il me reste à progresser, heureusement, et j'y travaille plusieurs heures chaque jour.

J'ai perdu il y aura deux ans en mai, mon plus sûr et mon plus merveilleux critique, Timy, chat de son état. J'ai perdu en février dernier un ami humain Serge, qui m'a guidée et soutenue dans cette voie. Toutes mes compositions portent leurs empreintes, et ils continueront à vivre dans mes illustrations. Je ne ressens aucun "devoir de mémoire", car il ne peut exister aucune forme de devoir dans l'amour que l'on porte.
Ben, je vous l'avais bien dit que je nétais pas politiquement correcte !!!!

H : Dautres de tes uvres sont présentes, je crois, sur des cartes postales, calendriers, publication trimestrielle, contes de fées et livres de Fantasy pour enfants ?

MB : Sur les calendriers oui, d'ailleurs je travaille actuellement sur le prochain de la British Fantasy Society. Sur les cartes postales, pas encore, c'est un projet que j'aimerais voir se concrétiser cette année.
Quant aux contes pour enfants, j'ai effectivement un projet avec un éditeur italien, mais c'est un peu compliqué.

H : Pourrais-tu nous parler de lunivers de My Dark Gallery ?

MB : C'est une partie de mon univers, de ma vérité. Je ne peux vivre dans cette réalité, dans ce monde glacé où se conjuguent bêtise, mercantilisme et intégrisme de toutes natures. Mon constant souci est de garder tous mes sens en éveil, il y a quelques années j'ai été bouleversée par la tristesse et le désespoir d'une superbe villa du 19ème promise à la démolition Paraît que je suis une hyper sensible, peut-être, c'est souvent très difficile à vivre, quand le chur de la souffrance et de l'agonie est plus fort que le vacarme futile quotidien Les mails que je reçois parfois sont étranges Des gens m'écrivent pour me dire que mes travaux sont les reflets de leurs songes, de leurs sentiments. Et dans leurs mots, je lis toute la fragilité, l'incertitude, la chute prochaine J'ai conscience d'être "border line" mais justement cet art est un exutoire. Aussi, je les rassure et leur conseille de s'investir dans une activité ou ils pourraient reprendre confiance et s'exprimer pleinement et, eux aussi, tenter de changer le cours des choses. Chacun d'entre nous a des responsabilités et si le monde qui nous entoure ne nous plaît pas, nous avons encore, même si c'est notre dernière liberté, celle de dire non

H : Michelle, je tiens à te remercier d'avoir si sincèrement répondu à toutes mes questions. Je ne peux que souhaiter que tes projets soient couronnés de succès et que le monde retienne ton nom.

Ecrite par Hanako, le 24 Avril 2005 à 14:04 dans la rubrique Interviews .
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Ecrit par 10 le 21 Février 2006

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