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Le grand Quoi |
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Eggers, Dave Edition : Folio
2010, 689 pages
ISBN : 978-2-07-044023-8
8,40 € |
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Quand Valentino a ouvert la porte de son logement à cette jeune femme afro-américaine qui souhaitait juste appeler la police, il ne se doutait pas qu'il était en train de tomber dans un traquenard. En un instant, il s'est retrouvé sous la menace d'un homme armé puis frappé, entravé et placé sous la garde de Michael, un jeune garçon de dix ans, pendant que la femme et son complice vidaient son appartement. C'est alors que Valentino a commencé à rêver qu'il racontait le cours de sa vie à Michael. Il est remonté jusqu'à l’époque où, jeune enfant soudanais insouciant et heureux, entouré par une famille aimante, il s'appelait Achak. Mais le temps du bonheur fut de courte durée car une guerre allait le jeter sur les routes et le confronter à plus d'horreurs qu'on ne peut l'imaginer. Le grand Quoi est le récit romancé de la vie de Valentino Achak Deng, un soudanais réfugié aux Etats-Unis qui a connu les affres de la guerre déchirant son pays. Sous la plume de Dave Eggers, Valentino se raconte aux gens qu'il croise, même si les mots ne franchissent jamais ses lèvres : on découvre sa vie dans son village natal de Marial Bai puis son terrible exode à pieds alors qu'il n'a pas huit ans, ses années dans des camps de réfugiés en Ethiopie et au Kenya et enfin sa vie aux Etats-Unis. Ce n'est pas un récit linéaire mais une suite de va-et-vient entre passé et présent. Une histoire racontée à l'aide de mots simples et de phrases courtes, avec beaucoup de pudeur et sans voyeurisme. Certes, on n'évite pas quelques longueurs mais elles sont vite oubliées au fur et à mesure du récit. J'ai été abasourdie par toutes les atrocités dont cet homme, encore jeune, a été le témoin. Dans le même temps, j'ai eu le sentiment d'un regard détaché, une absence d'implication émotionnelle comme pour se protéger, comme si c'était le seul moyen de garder l'envie de vivre. J'ai aussi lu beaucoup d'espoir, celui de toujours rebondir même dans les heures les plus noires. Espoir ou chance si on peut appeler chance le fait de voir ses proches mourir alors qu'on reste effrontément en vie. N'espérez pas dans ce récit les réponses sur le pourquoi de la guerre qui déchira le Soudan. On comprend juste qu'il n'y a rien à comprendre, que comme beaucoup de conflits, les raisons en sont obscures, même pour ceux qui les vivent de l'intérieur. Voilà un ouvrage que je classe dans ceux à lire, pour le respect de la mémoire et contre l'oubli.
Ecrite par , le 21 Février 2011 à 16:02 dans la rubrique .
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