Léviathan
		Westerfeld, Scott Edition : Pocket Jeunesse 2010, 440 pages ISBN : 978-2-266-19416-73 19 €

Europe, année 1914, dans un passé alternatif. La période est troublée : le spectre de la guerre rode et menace d'enflammer toute l'Europe. Si jamais un conflit éclate, il se généralisera vite, chaque état se rangeant du coté de ses pairs en matière d'évolution technologique. En effet, deux courants divisent les pays européens : il y a les clankers, qui ont choisi le tout mécanique et les darwinistes où les manipulations génétiques sont monnaie courante afin de donner vie à des « animaux-machines » capables d'assumer toutes les tâches.

La nuit du 28 juin, c'est l’étincelle : l'archiduc François-Ferdinand, fils de l'empereur d'Autriche et sa femme sont assassinés à Sarajevo.

Alek, leur fils, resté  au château familial autrichien, est entrainé par Otto Klopp, le maitre de mécanique et le Comte Vogler, maitre d'arme, dans un cours de pilotage nocturne de mécanopode, sorte de char d'assaut sur jambes. Au cours de cette sortie, les deux hommes  lui révèlent l'empoisonnement de ses parents et le but réel de cette sortie : le cacher en zone neutre, le temps qu'il faudra, loin de ceux qui désireraient sa mort. Même si la condition de sa mère l'empêche logiquement d'accéder au trône, l'absence d'un autre héritier à la mort de l'empereur alors âgé de 83 ans pourrait changer la donne.

Au même moment, Deryn est sur le point de tenter sa chance en tant que qu'aspirant à l'Air service britannique. C'est pour elle le seul moyen d'assouvir sa passion du vol. Seul handicap : c'est une fille et celles-ci n'ont pas accès à ces postes. Qu'à cela ne tienne, Deryn deviendra Dylan si il le faut. Première étape de son examen : voler à bord d'un Huxley, sorte de méduse génétiquement  modifiée pour emporter un homme dans les airs. Mais le vol ne se passe pas comme prévu, la faute à un orage et Dylan/Deryn se retrouve engagée à bord du Leviathan, un grand souffleur d'hydrogène, en route pour Constantinople afin d'y convoyer une mystérieuse cargaison.

Au cours de leurs périples respectifs, Alek et Deryn, que tout oppose mais qui chacun ont un secret à garder (de sa naissance pour l’un, de son sexe pour l'autre), vont finir par se rencontrer.

Pour sa nouvelle série, Scott Westerfeld a choisi la voie du steampunk. Selon sa propre définition, Léviathan est un roman d'histoire alternatif. Se mêlent allégrement personnes et faits réels à des inventions totalement fantaisistes dans une atmosphère d'époque industrielle. Une manière de revisiter l'histoire. Une postface permet au lecteur d'être éclairé sur les faits réels et imaginaires du roman. Par exemple, si Darwin a bien existé, il n'est pas l'inventeur de l'ADN ni le père des manipulations qui donnèrent naissance à toutes sortes de nouvelles créatures.

Personnellement, j'avoue avoir eu du mal à entrer dans l'intrigue. Cela est peut-être lié aux nombreuses descriptions et à l'intrigue essentiellement tournées vers les différentes machines développées à l'époque. Toute cette mécanique ne fait pas partie de mes sujets de prédilection et j'ai vite été perdue, voir lassée.

J'ai aussi retrouvé ce que je trouve être un gros défaut de l'auteur, déjà constaté dans ses précédentes trilogies : une intrigue qui traine en longueur, qui se délite, se délaye à n'en plus finir comme si il fallait absolument céder à la mode des séries. Néanmoins, Scott Westerfeld  manie à la perfection ce petit je ne sais quoi qui nous attache et nous invite à poursuivre notre lecture dans l'espoir d'en savoir plus.

Notons la présence de nombreuses illustrations de Keith Thompson, uniquement en noir et blanc, façon crayonnés, qui traduisent à merveille l'atmosphère noire et enfumée que l'on imagine. Seules touches de couleur : la couverture, magnifique, et une carte d'Europe rappelant à quel bord technologique chaque pays appartient.

Léviathan, premier tome d'une trilogie, pose les personnages, le décor et j'espère que la suite se voudra plus dynamique.