Solaris - Numéro 175
		Solaris Edition : Les Publications Bénévoles des Littératures de l'Imaginaire du Québec Inc. Eté 2010, 160 pages ISSN : 0709-8863 10 $

Le dénominateur commun des fictions présentées dans ce numéro particulièrement passionnant semble être... l'originalité, et le dépaysement qu'elles apportent, du post-ap' de la première au thème (moins rebattu qu'on ne pourrait le croire, visiblement) de l'île au trésor pour la dernière. Quant à la couverture, œuvre de Sybiline, je l'ai trouvée particulièrement réussie.

Monarque des glaces, de Michèle Laframboise, met en place excellemment une société post-apocalyptique très vraisemblable, avec un personnage central ambigu à souhait, dans une écriture poétique et précise à la fois, qui est un véritable régal à lire. Cette superbe nouvelle confirme le talent de l'auteur, lauréate pour la seconde fois du prix Solaris.

Les pantoufles de Louis XVI, de Geneviève Goulet : un courtisan a trouvé le moyen de faire marcher sur la tête la famille royale, pour le plus grand plaisir - et profit ! - du futur Louis XVI. Cette uchronie charmante est également drôle, malgré quelques longueurs.

La cité de l'ombre double, de Paul Martin Gal : au XIX^ème siècle, des anglais re-découvrent une antique cité grecque de Bactriane, au grand dam des pillards locaux. Cette nouvelle superbement réussie, au confluent de la fantasy et du fantastique, a un petit air de Kipling.

Le chant de Syriopée, de Marie-Christine Boyer : dans un monde de fantasy d'où la mer s'est retirée brutalement, une femme sage part à la rencontre de l'enfant qui l'a appelée en rêve. Difficile en lisant ce très beau texte de ne pas penser à Elisabeth Vonarburg. Comme pour le texte précédent, c'est en tout cas un nom d'auteur que je retiendrai précieusement.

Gravité faible, de Prune Mateo m'a, j'ai honte de le dire, totalement échappé. Je n'y ai absolument rien compris, et me sens même incapable d'en dire quoi que ce soit.

L'île perdue, de Jean Carlo Lavoie : des pirates ignorant le latin sont obligés de demander au jeune Frédéric des Arcis de les guider jusqu'à une fabuleuse île au Trésor. Ce texte est un bel hommage sans complexe à la fois à Stevenson et Lovecraft - excusez du peu !

En tout cas, c'est un excellent enchaînement, puisque Les carnets du Futurible, de Mario Tessier, sont justement consacrés à HP Lovecraft : sa vie, ses amis, son œuvre, ses idées et les façons dont la postérité a pu jouer avec ses créations... ou les prendre beaucoup trop au sérieux.

Dans son article, Ted Chiang taille des croupières bienvenues à l'idée trop répandue que le cerveau fonctionne comme un ordinateur, et déplore l'invasion de la SF par l'ethnobiologie, et la paresse des auteurs du genre. À la fois intéressant, bien documenté et instructif, cet article tombe particulièrement bien, au moment de la réédition de La tour de Babylone en édition de poche.

Dans les critiques regroupées en Lectures, j'ai noté avec plaisir L'ange blond de Laurent Poujois, qui semble alléchant.

Et pour ceux à qui ces 160 pages n'auraient pas suffi, ou qui souhaiteraient retrouver, par exemple, Les Littéranautes, il y en a encore à l'adresse www.revue-solaris.com !