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Et cette porte, là-bas, qui se fermait...

 
  Gévart, Pierre
Edition : Argemmios, Collection : Novella 2009, 107 pages ISBN : 978-2-9530239-5-4 11
 

Ce matin là, Orphée se réveille fort inquiet. En effet, Eurydice, son Eurydice, est partie de l'appartement sans fermer la porte d'entrée. Et si elle était partie pour se rendre chez le voisin d'en face ? Orphée se fait déjà des films dans sa tête. Il s'imagine frapper à la porte, dans le plus simple appareil, et la découvrir là, fautive et lui triomphant. Mais non, Orphée n'a pas ce courage là. Et puis il sait bien qu'elle est partie chercher des croissants, comme tous les matins... mais elle a oublié de fermer la porte. Une dose de whisky, et Orphée prépare le café, comme tous les jours.

Dans la maison Argemmios, le mythe d'Orphée, on connait bien. D'ailleurs la dernière anthologie de cette petite maison d'édition comportait un court récit à ce sujet, La descente aux enfers d'Orphée et Eurydice, signé par le jeune Anthony Boulanger. On se trouvait alors dans une sorte de Londres grec, où l'aède recherchait sa compagne sur Tartare Street. Dans ce nouveau récit, cette fois signé Pierre Gévart, n'y cherchez aucun humour.

En effet, ce spécialiste de la culture générale (et bien d'autres domaines d'ailleurs) a fait un parallèle entre l'Orphée moderne, son personnage, et celui des temps anciens, quoique déjà bien retouchés dans son analyse. Chaque chapitre commence donc par un court passage en italique narrant une clé de compréhension très cynique du mythe d'origine. Il se poursuit fort naturellement par l'histoire récente de ce couple, pareillement nommé Orphée et Eurydice (la rencontre est d'ailleurs citée dans un des chapitres), mais un couple fort commun. Il est journaliste, et grand alcoolique. Elle est professeur de français dans un lycée, et ne sait se passer de sa cigarette. Chacun déteste la manie de l'autre. Chacun le fait d'ailleurs pour échapper à cette routine de l'autre.

Chez Orphée, la paranoïa est reine. Il voudrait que l'homme décide toujours, mais ce n'est pas compatible avec la jeune femme moderne qu'est Eurydice. Du coup, il boit, tout le temps et partout, vivant le reste de sa vie comme une mécanique bien huilée. Elle, elle ne supporte plus qu'il se détruise à ce point. Elle compte les capsules de bière le matin, ignorant plus ou moins le reste, et elle sait quelle haleine il aura à son retour du journal. Pourtant, elle fait l'effort de lui cuisiner ce qu'il aime et tout plein de petits détails qu'elle sait importants pour lui. Mais aujourd'hui, rien ne se passe vraiment comme d'habitude.

C'est certain, le mythe bat ici de l'aile. Même le grand Hadès se présente dans ces lignes comme un grand monsieur tout noir, ma foi bourru mais sympathique, et qui doit faire la sieste en fin d'après midi parce qu'il travaille de nuit. Sa compagne Perséphone est plutôt discrète, et adore regarder Question pour un champion (surtout aujourd'hui parce que le candidat veut gagner la cagnotte ! Certes l'émission n'est pas citée, mais toute personne qui va chez ses grands-parents de temps à autre connait cette expression par cur !).

Bref, c'est bien une descente aux enfers modernes à laquelle on assiste à travers ce récit. C'est un couple parisien quelconque, avec les effets de notre société où l'on ne se parle plus. Pour ma part, je trouve ça très stressant de lire ces histoires si réalistes, et ce malgré le lien antique - spécialité de la maison d'édition quand même. Néanmoins, le style d'écriture est fluide, les idées sont claires et le tout est d'une logique irréfutable. On devine la suite, en espérant quand même se tromper. Mais le texte est parfois sans espoir.

Quoi qu'il arrive, cette première novella d'Argemmios a le mérite de faire parler, et de se dire que sous l'éclairage de ce mythe ancien, les difficultés entre les couples ne datent sans doute pas d'hier... et qu'il y a des choses à ne pas reproduire... ou dirons-nous à passer outre pour mieux s'entendre. Je retiendrai pour ma part cette phrase qui à elle seule pourrait être mythique : "Le premier whisky ne compte pas".

Ecrite par Garion, le 25 Octobre 2009 à 14:10 dans la rubrique Roman Nouvelle .
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